MONTRÉAL - Après avoir vu le titre lui échapper de très peu à ses deux premières tentatives, le Brésilien Lucas di Grassi est enfin parvenu à être sacré champion de Formule électrique (FE).

Pratiquement assuré d’être couronné avant le départ, di Grassi a pris le 7e rang de la deuxième épreuve de l’ePrix de Montréal disputée dimanche après-midi pour finir en tête du classement du championnat des pilotes avec 181 points, 24 de plus que Sébastien Buemi, qui a terminé 11e.

Di Grassi avait fini à 11 points de Nelson Piquet fils lors de la saison inaugurale de championnat en 2014-2015 et à seulement 2 petits points de Buemi en 2015-2016. Cette fois, le Brésilien n’a pas raté sa chance, même s’il accusait pourtant 10 points de retard avant de débarquer en ville.

« Cette épopée a commencé il y a trois ans déjà et malgré le fait que nous avons toujours eu de bons résultats, la chance n’avait jamais joué de notre côté. Mais finalement, nous avons réussi! Je suis tellement heureux pour mon équipe, a déclaré un di Grassi ému en conférence de presse.

« Reste que cette saison a été la plus difficile d’entre toutes. J’ai été blessé à un péroné à un certain moment. Nous avons également joué de chance au Mexique et à Hong Kong. Mais c’est maintenant le moment de célébrer et je peux déjà dire que je vais faire la fête ce soir! »

« Un grand bravo à Lucas. Je pense que ça montre que dans le sport automobile, tout peut arriver. Rien n’est écrit, surtout en FE, a ajouté le vainqueur de la course, le Français Jean-Éric Vergne, qui a devancé le Suédois Félix Rosenqvist et l’Argentin José Maria Lopez. Je pense que c’est une bonne leçon qu’il nous a donnée cette année : ne jamais baisser les bras. »

Au final, la constance de di Grassi a fait toute la différence, étant donné que le pilote de l’écurie ABT Schaeffler Audi Sport a fini parmi les 5 premiers dans 10 des 12 manches de la saison, enregistrant 7 podiums au passage. En revanche, Buemi s’est complètement effondré dans la dernière portion du calendrier après avoir pourtant gagné 6 des 8 premières épreuves.

Le Suisse a notamment été disqualifié de la première des deux courses tenues à Berlin en raison de la pression non conforme des quatre pneus d’une de ses deux monoplaces, tandis qu’il a dû faire l’impasse sur les deux arrêts de New York afin de respecter ses engagements dans le Championnat du monde d’endurance avant d’être blanchi lors des deux manches montréalaises.

« Les absences à New York ont été un élément-clé dans la saison de Sébastien. J’espère que ça n’arrivera plus jamais, a analysé le copropriétaire de l’écurie Renault e.dams Alain Prost. Ça n’enlève rien au mérite de Lucas, mais les choses sont vraiment tournées en notre défaveur. »

Une première pour Vergne

Le championnat était encore mathématiquement à la portée de Buemi, mais le Suisse s’était d’abord grandement compliqué la vie en bloquant une roue au freinage avant le premier virage en qualifications, l’obligeant ainsi à prendre le départ en milieu de grille au 13e échelon.

Le premier virage lui a encore causé des soucis dès le premier tour de l’épreuve, un adversaire de MS Amlin Andretti endommageant en effet l’arrière de sa monoplace après l’avoir frappé. Son équipe lui a ensuite demandé de rentrer pour retirer une pièce qui ne tenait plus qu’à un fil, mais cette dernière s’est entre-temps détachée, rendant ainsi son passage aux puits inutiles.

Pendant que Buemi était relégué en dernière position, Rosenqvist prenait tranquillement mais sûrement le large devant, tandis que di Grassi s’installait prudemment en septième place pendant que son coéquipier Daniel Abt s’installait derrière pour empêcher toute menace.

« Je croyais que j’avais la voiture pour terminer cinquième, mais dans des circonstances comme celles-là, l’important, c’est de rallier le fil d’arrivée, a expliqué di Grassi. Il ne fallait absolument pas commettre la moindre erreur. Dans le fond, personne ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Buemi est éventuellement parvenu à se hisser au 16e rang au 18e des 37 tours au moment où certains pilotes ont effectué le changement de bolide, mais il s’est rapidement retrouvé encore une fois à l’arrière du peloton, rendant impossible toute possibilité de gagner le championnat.

Aux avant-postes, Vergne s’est momentanément retrouvé devant, mais il a finalement patienté jusqu’au 29e tour pour doubler Rosenqvist pour de bon et ainsi enregistrer sa première victoire à son 30e départ en FE. Le Français était particulièrement heureux d’avoir accompli l’exploit ici.

« Montréal a toujours été une ville un peu spéciale pour moi, a avoué Vergne. Mes années en Formule 1 se sont pas mal toujours très bien passées et c’est ici [en 2013 et 2014] que j’avais signé deux de mes meilleurs résultats. C’est en général une ville qui me réussit très bien. »

Le coup d’envoi de la prochaine saison sera donné à Hong Kong au début décembre, tandis que les deux manches montréalaises concluront encore le championnat les 28 et 29 juillet 2018.

Lucas di Grassi assure sa place en séance de super pole