VALENCE - Après avoir vaincu cette saison la concurrence même dans les circonstances les moins favorables, l'Allemand Sebastian Vettel et Red Bull doivent dépasser un changement de règlement voué à les handicaper afin de remporter le Grand Prix d'Europe de Formule 1 dimanche.

Constatant que "certains paramètres moteurs et de contrôle sont changés régulièrement après les qualifications", la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a annoncé lundi aux écuries qu'elle interdisait toute modification des régimes des propulseurs avant la course.

La mesure, qui tient plus du rappel de la règle que d'une révolution technique, entrera en vigueur à Valence (Espagne). Elle sera appliquée tout le reste de l'année, les contrevenants étant appelés par la FIA à prendre "leurs responsabilité".

Red Bull, du haut de ses sept positions de pointe en autant de courses, dont six pour Vettel, se sent visé. Car l'écurie austro-britannique ne pourra plus utiliser en qualifications les réglages les plus favorables, le système ne pouvant être utilisé sur la longueur d'un Grand Prix, sous peine d'endommager le moteur.

Plusieurs structures n'avaient pas manqué de s'étonner de la supériorité de Red Bull aux essais. Le directeur de McLaren Martin Whitmarsh a ainsi estimé dans le magazine allemand Auto Motor und Sport que ces "réglages qualificatifs agressifs" permettaient à Red Bull de "gagner une bonne demi-seconde".

L'accusé a vertement réagi. "Quand on ne réussit pas à copier, on essaie de faire interdire!", a pesté Helmut Marko, le conseiller sportif de Red Bull, lundi sur Servus TV, une chaîne régionale autrichienne appartenant à la compagnie de boissons énergisantes.

La décision de la FIA "devrait être appelée loi Red Bull", a-t-il poursuivi, ironique.


Bluff

La Fédération internationale, si elle avait cherché à limiter l'avantage des Vettel et de son équipe afin de relancer le Championnat, n'aurait en effet pas pu mieux faire. Car ce sont bien ses poles qui permettent à Vettel de prendre le large au départ et d'engranger les victoires (5 en 7 courses, plus 2 2e places).

Valence, circuit urbain rapide, à mi-chemin entre Monaco - où l'Allemand s'est imposé grâce à un magistral coup de poker et un soupçon de chance - et Montréal - où il s'est incliné face à Jenson Button (McLaren) sur une erreur de pilotage - devrait servir de révélateur.

Le champion en titre et leader du classement, avec 61 longueurs d'avance sur le Britannique, s'y est certes imposé l'an passé. Mais sa Red Bull ne devrait pas lui procurer un avantage énorme sur ses adversaires. De là à relancer leur appétit ...

"Gagner à Montréal m'a donné une motivation supplémentaire. (...) Nous avons montré que nous pouvons concurrencer Sebastian et le battre. Nous savons que nous pouvons lutter pour le Championnat", confirme Button.

"C'est encourageant, car je sais que si j'utilise (ma voiture) au mieux, je devrais être capable de finir à l'avant. Comme d'habitude, ce sera mon but", poursuit son coéquipier britannique Lewis Hamilton.

Même Fernando Alonso, malgré sa catastrophique course canadienne et ses 92 points de retard au Championnat, paraît confiant. "J'ai déjà gagné deux fois le GP d'Europe, quand il se tenait au Nürburgring (Allemagne), observe l'Espagnol. Or en Italie, on dit : 'jamais deux sans trois'.".

Aux leaders de calmer ce beau monde. "Nous ne serions pas Red Bull si nous n'avions pas des idées pour diminuer l'effet de l'interdiction", affirme, provocateur, Marko. Au GP valencian de démontrer s'il s'agissait de bluff, ou non.