MONTREAL - Le drôle d'accident provoqué par Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) dans les stands dimanche au Grand Prix du Canada de F1 à Montréal l'a peut-être privé d'une victoire et il devra en outre reculer de 10 places sur la grille de départ de la prochaine course: une double peine bien lourde.

Jusqu'au 19e tour tout souriait au Britannique: déjà auteur de la pole et de la victoire sur le circuit Gilles-Villeneuve l'an dernier, il avait de nouveau réussi à se hisser en tête de la grille samedi. Le début de course n'avait été que formalité et il disposait d'une belle marge de sécurité quand la voiture de sécurité intervenait.

Comme tous les pilotes de tête il se précipitait alors aux stands pour ravitailler durant la neutralisation mais provoquait un accident en ressortant, alors que Kimi Raikkonen (Ferrari) et Robert Kubica (BMW Sauber) étaient arrêtés par un feu rouge. Hamilton percutait le champion du monde en titre et provoquait leur abandon commun.

"Tout est arrivé si vite, je m'excuse auprès de Kimi mais ce genre de chose peut se produire dans une course, regrettait Hamilton tout de suite après l'accident. Mon arrêt aux stands ne s'est pas très bien passé et quand je suis reparti j'ai vu deux voitures à la lutte devant moi. Je ne voulais pas prendre le risque de me mêler à ça mais tout à coup ils se sont arrêtés. C'était trop tard pour freiner ou les éviter."


Avec son détachement coutumier, Raikkonen regrettait la tournure des événements, lui qui n'a inscrit aucun point lors des deux derniers Grands Prix.

"Il n'y a pas grand chose à dire, ma course a été ruinée par cette erreur d'Hamilton, a-t-il regretté. Tout le monde peut faire des bêtises, comme je l'ai fait il y a deux semaines à Monaco, mais c'est une chose de commettre une erreur à 200 km/h, c'en est une autre de heurter une voiture arrêtée à un feu rouge."

"Je ne suis pas en colère, ça ne mène à rien et ça ne changera pas mon résultat, ajoutait-il. Mais je ne suis pas content parce que j'avais une bonne chance de gagner."

Après cette course par élimination entre favoris, c'était d'ailleurs la première fois cette saison qu'il n'y avait ni McLaren-Mercedes ni Ferrari sur le podium.

"Ce n'est pas de chance mais je n'ai pas d'arguments à donner aux commissaires", avouait encore Hamilton.

Effectivement, ces derniers n'ont guère goûté la manoeuvre du Britannique et lui ont infligé, ainsi qu'à Nico Rosberg (Williams) impliqué également dans cet incident, une pénalité de 10 places sur la grille de départ du prochain Grand Prix, dans deux semaines en France.


Hamilton, arrivé à Montréal en tête du championnat, a donc perdu une belle occasion de creuser l'écart et a priori il peut aussi faire une croix sur la prochaine course. Au décompte final, ce Grand Prix du Canada pourrait donc lui coûter très cher.

Du côté de McLaren-Mercedes on regrettait cette sanction "sévère" pour ce qui ne ressemblait qu'à un incident de course. On rappelait aussi que les commissaires n'avaient pas montré autant de pointillisme rigoureux à l'encontre de Raikkonen, qui avait lui aussi percuté un autre concurrent à Monaco (Sutil), le forçant à abandonner. Le Finlandais n'avait écopé d'aucune sanction.

Il conviendrait aussi peut-être de se pencher sur cette règle concernant la voiture de sécurité, qui veut que la voie des stands est momentanément fermée au début de son intervention.

Ce point de détail, censé réduire les risques d'accidents devant les garages, complique sérieusement les choses et débouche parfois, comme là, sur des situations dangereuses.