(RDS) - Juan Pablo Montoya me fait de plus en plus penser qu'il est le digne successeur de Nigel Mansell: un formidable battant, capable du meilleur, comme du pire.

Le meilleur ? rappelez-vous ses dépassements aux dépens de Michael Schumacher: au Brésil en 2001, à sa 3e course en F1, et cette année au GP d'Europe disputé en Allemagne.

Mais il y a aussi le pire. Il y a surtout le pire, dans l'optique de la course au titre de la présente saison.

Retournons au GP d'Australie, épreuve d'ouverture du championnat au mois de mars. Montoya roule en tête avec 10 tours à faire, lorsqu'il part en tête-à-queue, tout seul comme un grand. Il chute de la première à la deuxième place, au profit de David Coulthard. Montoya perd ainsi deux points.

Transportons-nous au Brésil. La pluie s'abat sur le circuit... Montoya occupe la 5e place lorsqu'il sort de piste à la Curva del Sol, qui est traversée par une rigole d'eau. 5 autres pilotes vont sortir à cet endroit, dont Michael Schumacher, mais pas Kimi Raikkonen, il faut le noter. Difficile d'évaluer combien de points Montoya aurait pu engranger à l'issue de cette épreuve complètement folle, remportée par Giancarlo Fisichella.

Dirigeons-nous maintenant vers le Circuit Gilles-Villeneuve de l'Île Notre-Dame. Ralf Schumacher mène le premier tour devant Montoya et Michael Schumacher. A la fin du 2e tour, Montoya part en tête-à-queue à la chicane des puits. Il chute 5e, mais va réussir à remonter à la 3e place. Mais le mal est fait: non seulement Montoya perd 2 points, mais il en donne 4 de plus à Michael qui termine en tête.

En Hongrie au mois d'août, Montoya s'en tire bien, car il n'a pas à payer pour une erreur de pilotage. Alors qu'il occupe la 3e place, il part en tête-à-queue à 8 tours de la fin. Heureusement il possède suffisamment d'avance pour conserver sa position... et ses points.

Finalement, à Indianapolis, Montoya a causé sa perte avec une audacieuse tentative de dépassement aux dépens de Rubens Barrichello.

Dans le 3e tour d'une course qui en compte 73, Montoya tente l'extérieur dans le virage no 1, il n'arrive pas à se placer à la hauteur de son rival, mais insiste quand même dans le virage no 2 et l'avant de sa Williams heurte l'arrière de la Ferrari. Il perd deux places dans l'incident mais, surtout, reçoit une pénalité méritée pour avoir causé un accident évitable qui a mis fin à la course de Barrichello. Son impatience lui a coûté une pénalité de passage aux puits, ce qui a ruiné sa course, car il aurait pu terminer 5e, voire 4e, de cette épreuve et ainsi demeurer dans la course au titre.

Faisons le bilan des points perdus par Montoya.

En tenant compte seulement des incidents en Australie et au Canada, la sanction est sévère: 4 points perdus et 4 donnés à Schumacher, soit un différentiel de 8. Montoya serait aujourd'hui à seulement 2 points de Schumacher !

En ajoutant quelques points potentiellement perdus au Brésil et aux États-Unis, Montoya aurait été en excellente position pour conquérir un premier titre au Japon.

Le pilote colombien est donc pleinement responsable de son exclusion de la course au titre.

En terminant, mentionnons que Ferrari a fait du meilleur travail que Williams sur le plan de la fiabilité. Aucun bris mécanique en course pour Schumacher cette saison, mais un abandon très coûteux pour Montoya. Au GP d'Autriche, il roulait en tête pour 10 points lorsque son moteur a cédé.

Décidément, le duo Schumacher-Ferrari est si près de la perfection qu'il s'avère presque imbattable.

"Transcription de la chronique F1 diffusée dans Sports 30"