Au cours des 25 dernières années, j'ai été témoin de nombreux accidents violents en sport automobile mais je vous avouerai, chers amis, que celui de Robert Kubica au circuit Gilles-Villeneuve est certainement l'un des plus horribles qu'il m'ait été donné de voir. À prime abord, on pouvait croire que Kubica avait été très sérieusement blessé; le docteur Ronald Denis croyait même trouver un homme mort à l'intérieur de l'habitacle lorsqu'il est accouru pour le secourir. Mais il en était tout autrement. Quelques heures après ce violent impact, il quittait l'hôpital sur ses deux jambes, en espérant courir dès la fin de semaine prochaine, à Indianapolis!

La survie de Kubica se veut un formidable endossement des mesures de sécurité qui ont été mises de l'avant par la FIA au cours des dernières années. Comme plusieurs le disaient dimanche, au circuit, le pilote ne serait peut-être plus de ce monde aujourd'hui si l'accident avait eu lieu il y a 10 ou 15 ans. Max Mosley, en tant que président de la Fédération internationale de l'automobile, a souvent été critiqué pour ceci ou cela depuis qu'il est en poste, mais son acharnement à accroître sensiblement les normes de sécurité en F1 mérite d'être souligné.

Petite anecdote émouvante en terminant, relativement à cet accident. Dr. Denis me confiait dimanche qu'ils ont mis un peu plus de temps à sortir Kubica de l'habitacle de survie parce qu'il y avait un « obstacle » entre le pilote et son volant : une petite affiche du pape Jean-Paul II qui, comme on le sait, était polonais lui aussi. Je parle souvent de l'ange gardien qui veille sur le sport automobile lorsque des pilotes échappent à de tels accidents. Et bien, il semble que cette fois, l'ange veillait encore et qu'il était même dans le cockpit de la BMW quand elle s'est envolée vers le muret de béton, dimanche.

Hamilton et Montréal unis pour la vie

Lewis Hamilton va connaître, à moins d'un désastre, une carrière étincelante en F1. La preuve est déjà faite : s'il a une bonne voiture entre les mains, il est capable de grandes choses. En principe, donc, sa victoire de dimanche n'est que la première d'une longue série qui s'échelonnera tout au long de sa carrière.

Qu'à cela ne tienne, rien ne saurait briser ce lien unique qui vient de se créer entre Hamilton et Montréal. La plupart des pilotes affectionnent déjà leur séjour annuel chez nous pour toutes sortes de raisons. Mais dans le cas du jeune pilote britannique, la perspective de revenir ici sera toujours accompagnée de beaucoup d'émotions et d'un merveilleux souvenir d'un certain dimanche de juin 2007.

Un peu comme dans le cas de Gilles Villeneuve, en 1978, de Jean Alesi, en 1995, et de plusieurs autres victoires émouvantes comme la première d'Alain Prost à Montréal, en 1993, le triomphe de Lewis Hamilton vient de s'inscrire à jamais dans l'histoire unique du Grand Prix du Canada. Sans être chauvin, on a vraiment l'impression que notre événement est destiné à être le théâtre d'histoires savoureuses…

Et la course au titre?

Jusqu'à ce que Ferrari fasse la preuve qu'elle est en mesure de revenir au sommet de la hiérarchie, la course au titre devient donc l'affaire des deux pilotes McLaren.

Jusqu'à dimanche, la « gestion » de la lutte entre Fernando Alonso et Lewis Hamilton était plutôt facile à faire, le double champion ayant déjà deux victoires en banque contre aucune pour Hamilton. Mais la victoire de ce dernier, à Montréal, a tout fait basculer. Hamilton mène par 8 points, il a prouvé hors de tout doute qu'il est capable de gagner dans toutes les circonstances et légitimement, il doit être considéré comme un aspirant aussi sérieux qu'Alonso.

Chez McLaren, on a toujours clamé l'impartialité pure et simple entre les deux pilotes, en rappelant fréquemment les luttes épiques entre Ayrton Senna et Alain Prost. Le moment est venu d'en faire à nouveau la preuve. Un brillant duel se dessine entre deux jeunes surdoués. Supplions Ron Dennis de leur laisser toute la place et que le meilleur puisse gagner sans « arrangements ».