SEPANG, Malaisie (AFP) - L'avenir de la Formule 1 s'est joué au Grand Prix de Malaisie de Formule 1, trois jours durant, dans le paddock du circuit de Sepang. Les réunions entre patrons d'écurie se sont succédées pour préparer la Commission F1, qui doit se réunir mardi, avant le Conseil mondial de la Fédération internationale automobile (FIA), mercredi à Paris. A l'ordre du jour, les mesures à prendre pour réduire les coûts.

Présent dimanche à Sepang, Patrick Faure, directeur général-adjoint de Renault et président de Renault Sport, a fait le point des préoccupations actuelles de la F1 avec l'AFP.

Q: Quelle est aujourd'hui la préoccupation majeure de la F1 ?

R: "On réalise tous que nous traversons une période plus difficile économiquement, en particulier pour les petites écuries. Il faut trouver une évolution des réglementations qui permette de réduire les coûts significativement. Cela fait maintenant plus d'un an que l'on en parle. Cela devient sérieux et important dans une économie mondiale plus fragile. Au moment ou cinq ou six écuries vivent convenablement, l'autre moitié souffre."

Q: Vers quelles mesures s'oriente-t-on ?

R: "On voit bien que l'on tourne autour de deux sujets principaux. Le premier est d'avoir à terme un seul moteur pour l'ensemble du week-end. C'est dur, mais si l'on veut faire réellement des économies, c'est la seule solution sérieuse. Bien sûr, ce ne sera pas possible d'envisager cette mesure dans l'immédiat. J'en ai parlé avec Jean-Jacques Hiss qui m'a dit que c'était faisable dès 2004. Nous savons faire un moteur de 800 km. Aux 24 Heures du Mans, ce sont 5000 km qu'il faut tenir."

"Une deuxième écurie en 2004 si..."

Q: L'autre mesure ?

R: "Le deuxième sujet, dont l'application permettra des économies substantielles, est la réduction du nombre de jours d'essais. Là encore, il faut trouver un compromis entre la nécessité de rouler pour mettre au point la voiture et le fait qu'une journée d'essais coûte une fortune. Il y a aussi l'idée d'utiliser le vendredi des Grands Prix pour tourner deux fois deux heures, trois fois deux ou deux fois trois heures. Le coût serait dérisoire dans la mesure où tout le monde est sur place".

Q: La réduction des coûts vous permettrait-elle de fournir une 2e écurie ?

R: "En matière du moteur, cela ferait baisser le coût de revient, y compris pour une deuxième écurie. Donc cela nous mettrait en position d'avoir une opération commerciale, de vendre effectivement à une deuxième écurie à un prix nettement inférieur à celui d'aujourd'hui. Ensuite, il y a des considérations commerciales. On ne vendra pas à un concurrent, à quelqu'un qui est en opposition directe avec nos parraineurs. Et si l'on baisse fortement nos coûts pour notre écurie, on les baissera encore plus pour la deuxième écurie. C'est d'autant plus favorable à l'existence d'une deuxième écurie. Pourquoi pas dès 2004".

Q: Ou en êtes vous des discussions ?

R: "Nous allons maintenant arriver rapidement à une proposition. Il reste à l'affiner entre les différentes écuries. A part un ou deux malades mentaux, tout le monde a compris qu'il fallait faire des économies".

Q: Les parraineurs désertent-ils la F1 ?

R: "On ne peut pas dire que l'on ait vu beaucoup de nouveaux parraineurs arriver depuis le 11 septembre. Il y a deux ans, on se demandait comment les caser tellement il y en avait. Dans deux ans, il y aura peut-être abondance. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Nos contrats actuels portent sur 2 et 4 ans. Je ne dirai pas que nous sommes dans une situation privilégiée mais ce n'est pas aujourd'hui un sujet majeur de préoccupation. C'est la réduction des coûts. Parce que les parraineurs reviendront. Il ne peut pas ne pas y avoir de retour dans les mois qui viennent, dès que l'économie va repartir, parce que mondialisation veut dire nécessité d'être connu dans le monde. Quelles sont les marques qui sont aujourd'hui connues régionalement et qui vont avoir besoin de vendre dans l'ensemble du monde ? Automatiquement, ils viendront dès que l'économie va repartir. Elle commence d'ailleurs à repartir."

Q: Il y a eu une prise de conscience ?

R: "De temps en temps, être plus pauvre rend parfois plus intelligent. Cela oblige à éviter de jeter l'argent par les fenêtres, de compter avec plus de rigueur. Cela n'a pas que des inconvénients."