PARIS - Le rallye Dakar-2008 a été annulé , pour la première fois de son histoire, pour des raisons de sécurité, ont annoncé les organisateurs (Amaury Sport Organisation, ASO).

"Après différents échanges avec le gouvernement français -en particulier le ministère des Affaires étrangères- et compte tenu de ses fermes recommandations, les organisateurs du Dakar ont pris la décision d'annuler l'édition 2008 du rallye, programmée du 5 au 20 janvier entre Lisbonne et la capitale sénagalaise", affirme un communiqué d'ASO qui parle de " menaces directes lancées contre la course par des mouvances terroristes."

"S'il arrivait la moindre chose, c'était toute la crédibilité d'AS0 (Amaury Sport Organisation, ndlr) qui serait remise en cause", avait souligné avant l'annonce officielle le directeur des sports de France Télévision - qui devait retransmettre le Dakar-2008 -, Daniel Bilalian.

"On en est à deux recommandations de prudence du gouvernement et je pense que la menace sur la traversée de la Mauritanie est bien réelle au delà du brigandage qu'on a pu connaître dans les années précédentes. Là, c'est effectivement une menace armée de groupes déterminés, voire kamikazes", avait ajouté M. Bilalian.

Pour lui, "quels que soient les enjeux d'audience ou économiques, on n'a pas à engager la vie de compétiteurs dans une épreuve sportive.

Jeudi, le gouvernement français a "déconseillé fortement" aux Français de se rendre en Mauritanie, en soulignant que cet avertissement valait aussi pour les ressortissants français "qui font le rallye Dakar-2008". Des propos relayés à nouveau vendredi par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

"Le Dakar sans la Mauritanie, ce n'est plus le Dakar", résumait jeudi à Lisbonne le motard David Casteu, 2e du général l'année dernière.

La Mauritanie promettait d'être à la fois le plat de résistance et le juge de paix de l'épreuve. Huit des quinze étapes du rallye empruntent en effet la Mauritanie et une journée de repos devait se tenir à Nouakchott. Le désert de dunes du pays était le sommet sportif de l'épreuve qui devait pénétrer en Mauritanie le 11 janvier pour n'en sortir que le 19, veille de l'arrivée.

Mais après l'assassinat dans ce pays de quatre touristes français le 24 décembre lors d'une attaque attribuée par les autorité mauritaniennes à l'islamisme radical, le porte-parole du gouvernement français Laurent Wauquiez avait déclaré que le ministère des Affaires étrangères déconseillait "fortement à tous les Français de se rendre en Mauritanie jusqu'à nouvel ordre". "Ça vaut pour tous les Français, comme pour l'organisation du rallye Lisbonne-Dakar", avait-il dit. Trois soldats mauritaniens ont également été tués le surlendemain de la mort des Français, sans que cet événement ne soit encore éclairci.

"Les organisateurs du rallye ont été informés de l'évaluation des risques, et le gouvernement français ne peut que rappeler, avec la plus grande fermeté, les conseils adressés aux voyageurs", avait ajouté le porte-parole.

Ces déclarations ont pris les organisateurs par surprise. Juste après l'attaque contre les touristes français, le directeur de la course Etienne Lavigne s'était rendu en Mauritanie pour s'entretneir en tout urgence avec les autorités du pays. Mercredi soir, fort du soutien d'un communiqué du gouvernement mauritanien ("toutes les mesures de sécurité ont été prises pour que le passage se déroule en toute quiétude"), M. Lavigne estimait que "toutes les conditions de sécurité étaient réunies" avec notamment le déploiement de 4000 hommes et une "surveillance aérienne accrue".

En 2007, des menaces du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC algérien) avaient contraint les organisateurs à annuler deux étapes alors qu'en 2006 et 2000 les organisateurs avaient mis en place des pont aériens pour éviter le nord du Mali et le Niger.

Al-Qaïda

Un message d'Al-Qaïda aux autorités mauritaniennes, menaçant de frapper des Français dans ce pays, est à l'origine de l'annulation du Dakar-2008, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier à Paris.

Le contenu exact du message, sa date et le canal par lequel il a été porté à la connaissance des autorités mauritaniennes, n'ont pas été précisés par cette source.

Ce message confirme la "volonté et de la capacité de certains groupes se réclamant d'Al-Qaïda à frapper des Français en Mauritanie", a-t-on toutefois ajouté.