Par simple règlement, il est impossible de créer une parité en ce qui concerne les performances des voitures. Aucun règlement ne peut permettre, actuellement, à une Renault de battre une Ferrari.

A moins d'accepter de mettre du lest sur les voitures gagnantes, idée rejetée en bloc par les dirigeants des équipes. Sur ce point, les patrons des écuries Williams et McLaren ont déclaré qu'il leur incombait de construire de meilleures voitures, afin de pouvoir lutter avec Ferrari.

Avec ses nouveaux règlements, l'objectif de la Fédération internationale était donc de créer de l'incertitude dans le déroulement des courses.

Et cela a parfaitement fonctionné en Malaisie.

Explications.

Regardons, dans un premier temps, le résultat de la pré-qualification de vendredi, qui donne un véritable portrait du potentiel des voitures, puisqu'elles tournent alors avec peu d'essence pour faire un bon chrono.

Cette séance nous donne la vraie hiérarchie des F1, contrairement à la séance de samedi basée sur la stratégie de course.

Qu'est-ce que l'on constate ?

Que les Ferrari dominent aisément, puisque Schumacher roule près d'une seconde plus rapidement que la Williams de Montoya.

Les McLaren suivent, devant Renault, Sauber et BAR.

On retrouve là, et ce n'est pas un hasard, l'ordre exact du Championnat du monde 2002 en ce qui concerne les cinq premiers, plus BAR qui a une voiture très améliorée.

En performances pures, la hiérarchie du début 2003 reflète celle de la fin de saison 2002.

Ce qui nous donnerait des courses aussi ennuyantes que l'an passé, si rien n'avait été fait.

Sans nouveaux règlements, difficile d'imaginer un autre scénario que de voir les Ferrari partir en avant, et faire cavalier seul tout au long de l'épreuve.

Et de terminer, logiquement, devant Williams, McLaren, Renault et Sauber.

Le nouveau règlement qui oblige les voitures à prendre part à la qualification officielle avec la quantité d'essence requise pour effectuer le début de la course vient chambarder l'ordre naturel de la grille de départ.

Premièrement, parce que la moindre erreur vous fait reculer: ce fut le cas notamment de Jacques Villeneuve en Malaisie.

Deuxièmement, parce que certains pilotes éprouvent de la difficulté avec cet exercice d'un seul tour lancé: c'est le cas de Ralf Schumacher en ce début de saison.

Troisièmement, parce qu'une grille de départ "inusitée" peut directement influencer le résultat de la course.

Si Michael Schumacher était parti de la pole avec son chrono de vendredi, et non 3e selon le résultat de samedi, il ne se serait pas accroché avec Jarno Trulli.

Si Juan Pablo Montoya était parti 3e avec son effort du vendredi, et non 8e selon sa performance de samedi, il n'aurait pas été victime des répercussions d'un accrochage à l'avant du peloton.

Le déroulement du GP de Malaisie a donc été directement influencé par les nouveaux règlements.

Mais attention: ces règlements favorisent l'incertitude, mais ce ne sera pas toujours le cas.

Sans accrochage, même s'il partait 3e, Schumacher aurait fini par gagner le GP de Malaisie, puisqu'il disposait de la meilleure voiture. La preuve, il a signé le meilleur tour en course. Et Barrichello, le deuxième.

Mais, au moins, il aurait fallu attendre que les Renault entrent aux puits pour ravitailler avant de le voir passer en tête.

Soyons clair: les nouveaux règlements ne sont pas là pour fausser artificiellement l'issue des courses, mais pour créer des circonstances pouvant en modifier l'issue.

On peut dire que le nouveau règlement a "placé" Michael Schumacher en 3e place sur la grille, mais c'est l'Allemand qui a causé sa perte par une mauvaise manoeuvre. L'esprit sportif est sauf.

En terminant, bravo à Kimi Raikkonen, le 3e plus jeune pilote de l'histoire à remporter un GP de Formule Un.

Et dire qu'il a failli ne jamais être pilote de course. Hé oui, à l'âge de 10 ans, c'est le hockey qui le branchait. Mais il a arrêté ce sport, parce qu'il trouvait que les entraînements se déroulaient trop tôt le matin !

Quant à Fernando Alonso, déjà le plus jeune détenteur de la pole de l'histoire de la F1 à 21 ans et 8 mois, il a encore 7 mois pour tenter de devenir le plus jeune vainqueur.


"Les nouveaux règlements ont contribué au résultat du GP de Malaisie"

Pré-qualifs vs qualifs
Vitesse pure vs stratégie

1er Schumacher Ferrari 3e
2e Barrichello Ferrari 5e
3e Montoya Williams 8e
4e Raikkonen McLaren 7e
5e Coulthard McLaren 4e
6e Trulli Renault 2e
7e Heidfeld Sauber 6e
8e HHF Sauber 13e
9e Button BAR 9e
10e Alonso Renault 1er

*Transcription de la chronique F1 diffusée dans Sports 30