Le NASCAR, un monde très différent
Course mardi, 7 août 2007. 16:45 jeudi, 12 déc. 2024. 21:53
Je viens de connaître une semaine fort agréable. En plus de pouvoir passer du temps de qualité dans la ville dans laquelle j'ai habité pratiquement toute ma vie, j'ai eu l'occasion d'essayer, pour la toute première fois, une voiture de NASCAR.
Sur le plan personnel, j'ai grandement apprécié mon passage à Montréal. J'ai eu du temps pour aller me promener, notamment dans le Vieux Port. Comme j'étais accompagné d'un de mes amis de Vegas, j'ai essayé de jouer au guide touristique, mais étonnamment je ne savais pas trop où je m'en allais! Disons que je n'ai pas souvent l'occasion de passer autant de temps dans une même ville en tant que "touriste". J'ai aussi pu passer du temps avec ma mère, ma sœur et, bien sûr, mon bon ami Patrick Carpentier. À Vegas, Patrick et moi sommes voisins, mais nous nous voyons moins qu'avant puisqu'il passe beaucoup de temps au Québec et je suis toujours sur la route. Nous sommes allés prendre un verre avec nos conjointes respectives et en avons profité pour rattraper le temps perdu.
Ma fin de semaine en piste fut tout aussi appréciée. Comme je le disais, c'était une première expérience pour moi dans ce genre de bolide et à ma première pratique, j'ai réussi le troisième temps. Ensuite, en qualifications, j'ai fait le quatrième temps. Et dire que pendant mes deux séances, je n'ai jamais eu de pédale de freins. Tellement qu'après ma course, ils ont ramené la voiture jusqu'au garage sur une remorque parce que c'était trop dangereux de la conduire le long du bassin olympique. Et moi qui étais en piste avec ça, imaginez!
Je me suis donc adapté assez vite à la voiture et au genre de conduite qu'elle nécessite. Mes résultats sont un peu décevants, mais je n'étais pas là pour le championnat ni pour brouiller les cartes. Quand j'ai vu qu'Andrew Ranger, mon coéquipier pour cette épreuve, avait connu un mauvais départ, je l'ai immédiatement laissé passer pour qu'il aille faire sa course. De mon côté, j'ai vu dès le premier tour que j'avais des problèmes de freins et je me suis dit que ça ne me donnait rien de forcer la note. J'aurais évidemment préféré faire mieux, mais j'aurai l'occasion de me reprendre au Grand Prix de Trois-Rivières.
Le NASCAR : un spectacle avant tout
Vous vous en doutez, il y a un monde de différences entre une monoplace comme celle que je conduis dans la Série Champ Car et une voiture de NASCAR. Pour vous donner une idée, pensez à un Boeing 747 et à un F-18.
Attention! Je ne dis pas ça pour dénigrer ces voitures. Elles sont grosses, pesantes et difficiles à conduire. Ne la conduit pas qui veut! Le fait que je sois un pilote professionnel m'a aidé à m'adapter, mais c'est une voiture qu'il ne faut pas prendre à la légère. Elle bouge beaucoup et n'a pas beaucoup d'adhérence à la piste, quoique quand on considère son poids, c'est quand même fantastique de voir à quel point elle tient la route.
Évidemment, côté vitesse et technologie, il n'y a aucune comparaison à faire avec une monoplace Champ Car ou une Formule 1. Une Champ Car fait le tour du circuit Gilles-Villeneuve en 1 minute 18 secondes tandis qu'une NASCAR complète le parcours en 1 minute 45 secondes. Les voitures ne freinent pas aux mêmes endroits, les accélérations après un freinage ne sont pas les mêmes. Quand tu vois une monoplace arriver à l'épingle, la première impression que tu as, c'est te dire qu'elle ne réussira jamais à faire le coin et qu'elle va s'écraser dans les estrades. L'œil de l'être humain n'est pas capable de comprendre qu'une voiture qui arrive à 300 km/h peut freiner si tard.
Il ne faut pas se raconter de menteries. Regarder une voiture de NASCAR tourner, ce n'est pas trop excitant. Quand en plus il y a un drapeau jaune, c'est long en pas pour rire. Un tour de cinq minutes, à 30 milles à l'heure, derrière la voiture de secours
Sauf qu'il y a de la casse et c'est ce que le public apprécie. Les pilotes se poussent, se rentrent dedans Ça donne un spectacle auquel les gens ne sont pas habitués au Québec.
Si vous me permettez une autre comparaison, c'est comme la lutte olympique, un sport de technique et de stratégie, et la lutte de la WWE. La WWE, c'est un spectacle. Oui, ses têtes d'affiche sont des athlètes et on peut même qualifier ça de sport quand on sait tout ce que ça leur demande physiquement, mais on ne peut pas nier que tout est tourné vers le côté entertainement.
Le NASCAR, c'est un peu semblable, à la différence que rien n'est arrangé!
En Champ Car, vous ne verrez jamais un gars supposé reprendre le départ de la 12e ligne, à qui on dit de se placer derrière la voiture numéro 33, n'écouter personne, aller se placer derrière le meneur et, à la relance, aller sortir le meneur pour lui redonner la monnaie de sa place, décider de continuer sa course en première place même si la série décide de ne plus le compter et, à la fin de la course, s'en aller faire des donuts comme s'il avait gagné! Vous êtes à bout de souffle juste à lire ce paragraphe? Eh bien! C'est ça le NASCAR et c'est exactement ce qui s'est passé en fin de semaine à Montréal!
Avec un comportement de la sorte, un pilote peut altérer le résultat de la course pour tous les autres. Ses folies vont avoir des répercussions sur tout le monde. Dans une autre série, on se serait arrangé pour le bloquer ou lui faire entendre raison, on aurait tout fait pour que la course reprenne sans que les résultats ne soient influencés par ses manœuvres. À Montréal, on a laissé Robby Gordon faire ses affaires et il est allé sortir Marcos Ambrose pour ensuite continuer sa course comme si de rien.
On dirait que c'est seulement dans ce genre de catégorie que de telles histoires arrivent. La mentalité est très différente. Ceci étant dit, tout ça a un côté attrayant, excitant. Les gens rient, ça les fait capoter de voir des affaires comme ça.
Les courses de monoplaces, c'est une toute autre histoire. Quoi de plus excitant qu'une séance de qualifications en F1 ou en Champ Car, quand tout le monde pousse pour aller chercher un demi centième de seconde? En NASCAR, j'ai suivi tout ça attentivement parce que je supportais Patrick, mais sans lui à un moment donné, pour être franc, je commençais à m'ennuyer.
En résumé, je ne suis pas là pour vanter une série au détriment d'une autre. Les deux genres sont complètement différents et attirent des foules complètement différentes. Sincèrement, je crois qu'il y a de la place pour tout le monde à Montréal et l'événement du week-end dernier l'a prouvé.
Plus tard, qui sait?
Après ma première expérience à bord d'une voiture NASCAR, je me dis que c'est une avenue que j'aimerais bien emprunter à un certain moment dans ma carrière. Sauf que tant que je serai compétitif - quand ma voiture va bien et que mon équipe ne fait pas d'erreurs, je suis devant les meilleurs pilotes au monde en Champ Car - ce n'est pas un saut que j'ai l'intention de faire. Tant et aussi longtemps que j'aurai l'impression d'être à mon peak, je n'ai pas l'intention de rediriger ma carrière. Je suis quatre ans plus jeune que Paul Tracy, et il est encore capable de conduire une Champ Car.
Un jour, j'aurai fait mon temps en Champ Car et quand ce jour arrivera, le NASCAR est sans aucun doute une série que je considérerai pour poursuivre ma carrière.
Comprenez moi bien : je ne suis pas en train de dire que c'est une place pour les pilotes en fin de carrière ou sur le déclin. La carrière d'un gars comme Tony Stewart ou Matt Kenseth est loin d'être sur une pente descendante! C'est juste que c'est bien différent.
Je ne crois pas que tu peux arriver en Champ Car à 40 ans et prétendre pouvoir être aussi compétitif qu'à 30 ans. En Champ Car, il faut garder une forme physique et des réflexes qui te permettront de garder ta voiture en piste. Quand tu amènes ça du Champ Car au NASCAR, ta carrière ne descends pas nécessairement, elle est peut-être en train de monter, mais dans une série parallèle. C'est comme ça qu'il faut le voir. Ça ne serait pas correct de dire que ta carrière est en pente descendante, parce que ça voudrait dire que le NASCAR est moins gros que le Champ Car, ce qui n'est pas le cas.
Sur ce, il est temps pour moi de prendre la route du Wisconsin. Je serai en fin de semaine prochaine sur le circuit de Road America, à Elkhart Lake. Il s'agira de notre dernière épreuve nord-américaine avant de s'envoler pour l'Europe.
On s'en reparle
*Propos recueillis par RDS.ca.
Sur le plan personnel, j'ai grandement apprécié mon passage à Montréal. J'ai eu du temps pour aller me promener, notamment dans le Vieux Port. Comme j'étais accompagné d'un de mes amis de Vegas, j'ai essayé de jouer au guide touristique, mais étonnamment je ne savais pas trop où je m'en allais! Disons que je n'ai pas souvent l'occasion de passer autant de temps dans une même ville en tant que "touriste". J'ai aussi pu passer du temps avec ma mère, ma sœur et, bien sûr, mon bon ami Patrick Carpentier. À Vegas, Patrick et moi sommes voisins, mais nous nous voyons moins qu'avant puisqu'il passe beaucoup de temps au Québec et je suis toujours sur la route. Nous sommes allés prendre un verre avec nos conjointes respectives et en avons profité pour rattraper le temps perdu.
Ma fin de semaine en piste fut tout aussi appréciée. Comme je le disais, c'était une première expérience pour moi dans ce genre de bolide et à ma première pratique, j'ai réussi le troisième temps. Ensuite, en qualifications, j'ai fait le quatrième temps. Et dire que pendant mes deux séances, je n'ai jamais eu de pédale de freins. Tellement qu'après ma course, ils ont ramené la voiture jusqu'au garage sur une remorque parce que c'était trop dangereux de la conduire le long du bassin olympique. Et moi qui étais en piste avec ça, imaginez!
Je me suis donc adapté assez vite à la voiture et au genre de conduite qu'elle nécessite. Mes résultats sont un peu décevants, mais je n'étais pas là pour le championnat ni pour brouiller les cartes. Quand j'ai vu qu'Andrew Ranger, mon coéquipier pour cette épreuve, avait connu un mauvais départ, je l'ai immédiatement laissé passer pour qu'il aille faire sa course. De mon côté, j'ai vu dès le premier tour que j'avais des problèmes de freins et je me suis dit que ça ne me donnait rien de forcer la note. J'aurais évidemment préféré faire mieux, mais j'aurai l'occasion de me reprendre au Grand Prix de Trois-Rivières.
Le NASCAR : un spectacle avant tout
Vous vous en doutez, il y a un monde de différences entre une monoplace comme celle que je conduis dans la Série Champ Car et une voiture de NASCAR. Pour vous donner une idée, pensez à un Boeing 747 et à un F-18.
Attention! Je ne dis pas ça pour dénigrer ces voitures. Elles sont grosses, pesantes et difficiles à conduire. Ne la conduit pas qui veut! Le fait que je sois un pilote professionnel m'a aidé à m'adapter, mais c'est une voiture qu'il ne faut pas prendre à la légère. Elle bouge beaucoup et n'a pas beaucoup d'adhérence à la piste, quoique quand on considère son poids, c'est quand même fantastique de voir à quel point elle tient la route.
Évidemment, côté vitesse et technologie, il n'y a aucune comparaison à faire avec une monoplace Champ Car ou une Formule 1. Une Champ Car fait le tour du circuit Gilles-Villeneuve en 1 minute 18 secondes tandis qu'une NASCAR complète le parcours en 1 minute 45 secondes. Les voitures ne freinent pas aux mêmes endroits, les accélérations après un freinage ne sont pas les mêmes. Quand tu vois une monoplace arriver à l'épingle, la première impression que tu as, c'est te dire qu'elle ne réussira jamais à faire le coin et qu'elle va s'écraser dans les estrades. L'œil de l'être humain n'est pas capable de comprendre qu'une voiture qui arrive à 300 km/h peut freiner si tard.
Il ne faut pas se raconter de menteries. Regarder une voiture de NASCAR tourner, ce n'est pas trop excitant. Quand en plus il y a un drapeau jaune, c'est long en pas pour rire. Un tour de cinq minutes, à 30 milles à l'heure, derrière la voiture de secours
Sauf qu'il y a de la casse et c'est ce que le public apprécie. Les pilotes se poussent, se rentrent dedans Ça donne un spectacle auquel les gens ne sont pas habitués au Québec.
Si vous me permettez une autre comparaison, c'est comme la lutte olympique, un sport de technique et de stratégie, et la lutte de la WWE. La WWE, c'est un spectacle. Oui, ses têtes d'affiche sont des athlètes et on peut même qualifier ça de sport quand on sait tout ce que ça leur demande physiquement, mais on ne peut pas nier que tout est tourné vers le côté entertainement.
Le NASCAR, c'est un peu semblable, à la différence que rien n'est arrangé!
En Champ Car, vous ne verrez jamais un gars supposé reprendre le départ de la 12e ligne, à qui on dit de se placer derrière la voiture numéro 33, n'écouter personne, aller se placer derrière le meneur et, à la relance, aller sortir le meneur pour lui redonner la monnaie de sa place, décider de continuer sa course en première place même si la série décide de ne plus le compter et, à la fin de la course, s'en aller faire des donuts comme s'il avait gagné! Vous êtes à bout de souffle juste à lire ce paragraphe? Eh bien! C'est ça le NASCAR et c'est exactement ce qui s'est passé en fin de semaine à Montréal!
Avec un comportement de la sorte, un pilote peut altérer le résultat de la course pour tous les autres. Ses folies vont avoir des répercussions sur tout le monde. Dans une autre série, on se serait arrangé pour le bloquer ou lui faire entendre raison, on aurait tout fait pour que la course reprenne sans que les résultats ne soient influencés par ses manœuvres. À Montréal, on a laissé Robby Gordon faire ses affaires et il est allé sortir Marcos Ambrose pour ensuite continuer sa course comme si de rien.
On dirait que c'est seulement dans ce genre de catégorie que de telles histoires arrivent. La mentalité est très différente. Ceci étant dit, tout ça a un côté attrayant, excitant. Les gens rient, ça les fait capoter de voir des affaires comme ça.
Les courses de monoplaces, c'est une toute autre histoire. Quoi de plus excitant qu'une séance de qualifications en F1 ou en Champ Car, quand tout le monde pousse pour aller chercher un demi centième de seconde? En NASCAR, j'ai suivi tout ça attentivement parce que je supportais Patrick, mais sans lui à un moment donné, pour être franc, je commençais à m'ennuyer.
En résumé, je ne suis pas là pour vanter une série au détriment d'une autre. Les deux genres sont complètement différents et attirent des foules complètement différentes. Sincèrement, je crois qu'il y a de la place pour tout le monde à Montréal et l'événement du week-end dernier l'a prouvé.
Plus tard, qui sait?
Après ma première expérience à bord d'une voiture NASCAR, je me dis que c'est une avenue que j'aimerais bien emprunter à un certain moment dans ma carrière. Sauf que tant que je serai compétitif - quand ma voiture va bien et que mon équipe ne fait pas d'erreurs, je suis devant les meilleurs pilotes au monde en Champ Car - ce n'est pas un saut que j'ai l'intention de faire. Tant et aussi longtemps que j'aurai l'impression d'être à mon peak, je n'ai pas l'intention de rediriger ma carrière. Je suis quatre ans plus jeune que Paul Tracy, et il est encore capable de conduire une Champ Car.
Un jour, j'aurai fait mon temps en Champ Car et quand ce jour arrivera, le NASCAR est sans aucun doute une série que je considérerai pour poursuivre ma carrière.
Comprenez moi bien : je ne suis pas en train de dire que c'est une place pour les pilotes en fin de carrière ou sur le déclin. La carrière d'un gars comme Tony Stewart ou Matt Kenseth est loin d'être sur une pente descendante! C'est juste que c'est bien différent.
Je ne crois pas que tu peux arriver en Champ Car à 40 ans et prétendre pouvoir être aussi compétitif qu'à 30 ans. En Champ Car, il faut garder une forme physique et des réflexes qui te permettront de garder ta voiture en piste. Quand tu amènes ça du Champ Car au NASCAR, ta carrière ne descends pas nécessairement, elle est peut-être en train de monter, mais dans une série parallèle. C'est comme ça qu'il faut le voir. Ça ne serait pas correct de dire que ta carrière est en pente descendante, parce que ça voudrait dire que le NASCAR est moins gros que le Champ Car, ce qui n'est pas le cas.
Sur ce, il est temps pour moi de prendre la route du Wisconsin. Je serai en fin de semaine prochaine sur le circuit de Road America, à Elkhart Lake. Il s'agira de notre dernière épreuve nord-américaine avant de s'envoler pour l'Europe.
On s'en reparle
*Propos recueillis par RDS.ca.