LE MANS (AP) - Cinquante ans après le tragique accident qui fit 79 morts et 178 blessés parmi le public massé dans la ligne droite des stands, l'émotion est toujours vive sur le circuit des 24 Heures du Mans. A cette occasion, une plaque commémorative sera dévoilée samedi sur la ligne droite des stands.

L'accident, qui est à ce jour le plus grand drame de l'histoire de la course automobile, a eu lieu le 11 juin 1955 à 18h28 lors de la 23e édition des 24 Heures du Mans.

Ce jour-là, la Mercedes 300 SLR du pilote français Pierre Levegh, lancée à pleine vitesse, ne peut éviter l'Austin Healey du Britannique Lance Macklin, qu'elle percute par l'arrière.

Le prototype Mercedes décolle alors sur le coffre arrière de l'Austin, rebondit sur un muret, explose et se désintègre: le train avant et le moteur se détachent et c'est une boule de feu qui fonce dans la foule.

"La voiture est passée juste devant moi. Il y a eu deux explosions, et cette gerbe de feu qui est entrée dans le public", se souvient Jean Malandre qui était ce jour-là chronométreur officiel de l'épreuve.

"Je ne me suis pas rendu compte tout de suite de l'ampleur de la catastrophe, mais c'est une demi-heure plus tard en voyant les cadavres, des corps décapités, que j'ai réalisé", souligne-t-il.

Car pendant ce temps, la course s'est poursuivie tandis que les secours s'organisaient dans les tribunes.

"C'était une vision d'horreur. Jamais je n'oublierai ce jour", confie Jacques Hayet qui était dans la foule ce jour-là.

Aujourd'hui, 50 ans plus tard, les causes exactes du drame ne sont toujours pas connues.

"Ou plutôt, elles sont curieusement gardées secrètes", lance Michel Bonté, auteur du livre "11 juin 1955" qui vient de paraître chez B.A Editions.

"Le secret de l'instruction est toujours gardé depuis le non-lieu rendu le 10 novembre 1956 après que des éléments du dossier ont curieusement disparu", affirme-t-il.

Dans ce livre très richement pourvu de documents et de témoignages d'époque, Bonté reprend la thèse selon laquelle l'écurie allemande, voulant rendre la Mercedes plus performante, aurait ajouté des additifs dans le carburant et que c'est ce qui aurait fait exploser la voiture de Levegh, selon certains experts.

"Les rapports des médecins sont formels: les victimes ne portaient aucune trace extérieure de choc. C'est la déflagration qui a causé leur mort", affirme Michel Bonté qui pense possible "que le rapprochement franco-allemand voulu par les politiques de l'époque n'ait sans doute pas favorisé la recherche de la vérité".