Plusieurs Canadiens, souvent originaires du Québec avouons-le, participent à diverses séries professionnelles à travers le monde, de la Formule 1 et NASCAR Sprint et Xfinity jusqu’à des séries moins prestigieuses, mais aussi compétitives et bien financées, comme le DTM, le GP2 ou la Formule 3 européenne, deux antichambres de la F1, et NASCAR Canada.

On y trouve non seulement des pilotes, mais aussi des techniciens en mécanique et électronique, ingénieurs de piste et concepteurs, motoristes et fabricants-monteurs-préparateurs.

Voici quelques-uns et -unes de ces heureux élus qui gagnent leur vie ou le feront bientôt aux courses.

Formule 1 – Lance Stroll et Nicholas Latifi

Né à Montréal en 1998, Lance Stroll ne vit que pour la course depuis ses débuts en kart, son père ayant établi une filière qui gardait son fils en piste tous les jours en plus de voir à son éducation. Du circuit du Mont-Tremblant appartenant à son père Lawrence Stroll et à diverses pistes du sud des États-Unis, Lance a mis les heures pour apprendre à fond à chaque étape de sa carrière; il vit dans la course avec un seul objectif : la Formule 1.

Lance StrollAprès un passage notoire en kart à la Florida Winter Series en 2014, Lance remporta les titres au Championnat F4 Italien 2014 et en Toyota Racing Series en 2015. Il participe au Championnat Euro F3 depuis 2015, et mène la course au titre 2016 dans cette même série, avec trois victoires lors des 12 premières courses de la saison qui en comporte 30 réparties sur 10 fins de semaine.

Appuyé solidement par sa famille, Lance Stroll semble se diriger directement vers la F1 (sinon en 2017 alors certainement en 2018), une bonne nouvelle pour les amateurs et le Grand Prix du Canada.

Lance Stroll court à plein temps en série Euro F3 (Formule 3), en plus de faire quelques piges en endurance. Il a aussi le pied dans le cirque de la F1, à titre de pilote essayeur chez Williams.

Lance StrollSelon plusieurs observateurs et spécialistes, Lance possède les qualités, la vitesse pure et le mordant nécessaire pour réussir dans ce monde de requins. De plus, il absorbe les connaissances rapidement et ne commet jamais la même erreur deux fois.

Un autre Canadien, Nicholas Latifi, joue aussi le rôle de pilote d’essai en F1, chez Renault Sport F1. Né en 1995, Latifi fit ses écoles en kart de 2009 à 2012 avant de se tourner vers la voiture, d’abord en Série Continental aux États-Unis puis en F3 aux championnats italien, puis anglais et finalement européen. Vinrent ensuite deux saisons occupées, 2014 et 2015, en Coupe Porsche GT3 de Grande-Bretagne, en série Renault 3.5, et en GP2 pour quelques courses.

Le tournant pour Latifi se produit lors d’essais en GP2 organisés par Renault en fin de saison 2015 pour évaluer de jeunes prometteurs. À la surprise de tous, Latifi enregistra les chronos les plus rapides, ce qui l’amena dans la filière Renault, chez la solide équipe DAMS pour une saison 2016 complète en série GP2, et en F1 comme pilote d’essai chez Renault Sport F1.

Nicholas LatifiLa GP2 se produit surtout les fins de semaine des Grands Prix européens avec une course d’une heure le samedi et un sprint de 45 minutes le dimanche, devant tous les décideurs de la F1. Voilà des occasions idéales de se faire remarquer. Latifi vise des podiums et quelques victoires cette année, et le titre en 2017 avant de passer en F1, un plan réalisable s’il continue à apprendre aussi rapidement que lors des saisons passées.

La famille Latifi finance l’ascension de Nicholas, qui a progressé rapidement depuis son arrivée en Europe. Il lui reste maintenant à faire ses preuves sur les pistes de F1 pour accéder à son but suprême : un bon volant comme pilote titulaire en F1. La marche est haute!

Comme pilotes d’essai chez Williams et Renault respectivement, les deux jeunes apprennent à œuvrer dans le monde complexe d’une équipe de F1 : travail sur simulateur, présence lors de réunions techniques aux ateliers, intégration dans toutes les activités à la piste lors des Grands Prix, et quelques essais en piste. Tout pour les préparer à prendre leur place dans la voiture le moment venu.

NASCAR Sprint – Patrick et Andrew Ossowski

Les frères Ossowski, originaires de chez nous, travaillent depuis plusieurs années chez Hendrick Motorsport, une des grandes équipes en NASCAR, et dont les produits sont utilisés à tous les niveaux de courses à travers le monde.

Patrick, l’ainé, a lancé sa carrière sur les petits ovales du Québec et du nord-est des États-Unis comme mécanicien, puis comme chef d’équipe et fabricant-monteur de voitures. Il a d’ailleurs remporté plusieurs courses et titres avec le légendaire pilote Jean-Paul Cabana, en plus de gérer son entreprise, Performacentre Pop ltée, spécialisée en fabrication, produits et services reliés à la course.

À la recherche de nouveaux défis, Patrick se tourna vers les hautes sphères de NASCAR pour y poursuivre sa carrière. Arrivé chez Hendrick Motorsport en 1994, Patrick se tailla rapidement une place comme fabricant et monteur de voitures, une activité clé chez Hendrick qui fournit des voitures pour toutes les grandes séries NASCAR, à des plus petites équipes qui utilisent un ou deux châssis par saison comme aux plus importantes qui utilisent plus de dix châssis par saison pour remplacer les bris et toujours avoir des voitures adaptées aux diverses pistes plus ou moins longues ou rapides. Aujourd’hui, Patrick est responsable de la construction de voitures pour des équipes Hendrick en série NASCAR Sprint.

Andrew a pris un virage moteur très tôt dans sa carrière. Après des études en métallurgie et usinage, Andrew a travaillé avec une équipe de la série NASCAR Nord de l’époque, et maintenant remplacée par la série K&N East. Un détour chez une équipe IndyCar le ramena ensuite chez un motoriste de Granby. Il décida en 2000 d’aller retrouver son frère Patrick déjà établi chez Hendrick Motorsdport, afin de travailler au montage et au développement de moteurs de course.

À ce titre, Andrew a travaillé avec les ingénieurs de General Motors à la mise au point du plus récent moteur de course NASCAR de GM, le R07. Il a aussi participé avec McLaren Technologies à la mise en place du système d’allumage et d’injection électronique utilisé en série Sprint.

NASCAR Xfinity – King Autosport

Ce partenariat composé de Martin Roy et Mario Gosselin court à plein temps en série NASCAR Xfinity depuis 2015. Les deux partenaires alternent au volant de la Chevrolet no 90 et ont réussi à terminer souvent dans les top-20. À la clé, leurs résultats ont permis de placer la voiture à la 29e place dans la course au titre des propriétaires pour 2016, après 13 des 33 courses prévues cette saison, un excellent résultat pour une équipe privée.

Mario Gosselin et Martin RoyLes ressources nécessaires pour arriver à ce niveau de résultats impressionnent : un atelier imposant à Lake Wales (Floride), deux camions semi-remorque, dix voitures et 11 moteurs, deux préparateurs à plein temps et une équipe de dix personnes à la piste pour chaque course.>

Une gestion financière intelligente, une préparation soignée, un pilotage assuré et un peu de chance font en sorte que les bourses accumulées et les contributions des commanditaires de Martin et de Mario aident à la croissance de l’équipe et à l’amélioration graduelle des résultats.

Championnat de tourisme allemand (DTM) – Bruno Spengler et Robert Wickens

Né en France en 1983, et arrivé au Canada trois ans plus tard, Bruno Spengler demeure le pilote canadien actif le plus accompli.

Bruno SpenglerSpengler a fait ses écoles en kart en France et au Canada à compter de 1995, avant de s’établir en permanence en Europe et de se tourner vers la série Eurocup Formula Renault 2.0 pour 2001 et 2002. Passé à la filière Mercedes en 2003, il se retrouva en série Eurocup F3 pour deux saisons avant de monter en série Deutsche Touringwagen Masters (DTM) au volant d’une Mercedes assistée par l’usine.

Passé chez BMW en 2012, chez qui il a remporté le titre de pilote cette même année, Spengler participe aussi à des courses d’endurance de premier plan. Fort de ses 125 participations en DTM, et avec 14 victoires et 17 positions de tête à son actif, Bruno continue à se battre pour un second titre dans cette série hyper compétitive.

Peu connu au Canada, Robert Wickens fait lui aussi carrière en Europe, au volant depuis 2012 d’une Mercedes assistée par l’usine en série DTM. Né à Toronto en 1989, Wickens a fait ses débuts en kart en 2001 avant d’accumuler une énorme expérience dans diverses séries des deux côtés de l’Atlantique.

On parle ici de Formula BMW USA en 2005 et 2006, l’Eurocup Formula Renault 2.0 et la Formula BMW ADAC en Allemagne en 2006, la Champ Car Atlantic en 2007, la World Series By Renault et l’A1 Grand Prix en 2007 et 2008, la F3 Euroseries en 2008-2009, la F3 anglaise en 2009, le GP3 en 2010, et la Formula Renault 3.5 en 2011. Au fil de ces saisons, Wickens a remporté le titre Formula BMW USA de 2006, et le titre beaucoup plus relevé en Formula Renault 3.5 en 2001.

Vint ensuite en 2012 et un volant officiel chez Mercedes en DTM où il a accumulé trois victoires et trois poles en 52 départs. Wickens mène dans la course au titre pilote 2016 après 12 des 36 courses prévues cette saison.

Endurance - Kuno Wittmer

Membre de la 3e génération des Wittmer en sports automobiles, Kuno ne pouvait éviter de tomber dans le bac dès son jeune âge. L’ainé de trois frères coureurs, Kuno a fait ses débuts dans des séries régionales et nationales canadiennes avant de se tourner vers les États-Unis et des séries professionnelles pour voitures Honda préparées. Les liens avec la grande maison japonaise sont bien ancrés, le grand-père de Kuno ayant été un des premiers concessionnaires automobiles Honda au Canada, le fameux Honda de Sigi à l’intersection de la rue Bleury et du Boul. René-Lévesque au centre-ville de Montréal.

Kuno WittmerAprès deux belles saisons (2013 et 2014) sur les Dodge SRT Viper GTS-R d’usine en série TUDOR United Sportscar Championship où il remporta le titre pilote en catégorie GT en 2014, et une participation aux 24 Heures du Mans en 2013. La fermeture de l’équipe força Kuno à revenir faire des piges chez Honda pour 2015.

Pour 2016, il se retrouve chez BMW comme pilote officiel pour le programme d’endurance, encore aux États-Unis et avec la possibilité éventuelle de courir en Europe.

Wittmer vise le championnat mondial d’endurance ou le DTM. Son travail et ses performances en piste lui donnent bonne raison d’y croire.

NASCAR Pinty’s – Andrew Ranger, Louis-Philippe et Jean-François Dumoulin, Alex Labbé

Fort de deux titres en NASCAR Pinty’s (anciennement Canadian Tire), Andrew Ranger demeure dans la série pour 2016 à bord d’une voiture commanditée par Mopar. Un des favoris pour le titre, Andrew s’est payé une victoire lors de la première course de la saison au Canadian Tire Motorsport Park, tirant son épingle du jeu après les problèmes encourus par les meneurs lors des derniers tours de piste.

Les frères Louis-Philippe et Jean-Francois Dumoulin reviennent cette année avec leur propre équipe. Louis-Philippe cherchera à remporter un second titre après celui de 2014, alors que Jean-Francois continuera à impressionner avec ses moyens plus restreints qui le limitent aux circuits routiers et à une ou deux autres courses importantes sur pistes ovales.

Alex Labbé, maintenant aussi fort sur pistes ovales que sur circuits routiers, revient pour sa première saison NASCAR Pinty’s complète après avoir fait quelques courses dans l’ancienne série NASCAR Canadian Tire ces dernières années. Pour 2016, Alex revient à bord de voitures préparées par l’excellent Dave Jacombs et avec l’aide de BRP et Kappa, via l’homme d’affaires Alain Lord Mounir. Plusieurs spécialistes le considèrent comme un des favoris au titre cette année.

IndyCar - Endurance - NASCAR Pinty’s – Alex Tagliani

Alex TaglianiAlex Tagliani respire la course depuis son plus jeune âge. Cet homme-orchestre trouve les budgets, élabore divers projets marketing et promotions, agit comme ingénieur sur ses voitures, et pilote avec verve et vitesse impressionnantes.

Nous le verrons cette année en série NASCAR Pinty’s, en Indycar à Indianapolis, en série d’Endurance FIA Blancpain, et en série NASCAR Xfinity dans une voiture de Team Penske à Mid-Ohio. Toujours rapide, toujours bien en évidence grâce à ses participations à des œuvres caritatives, et toujours « à fond. »

Pigistes de luxe – Jacques Villeneuve, Patrick Carpentier, Richard Spénard, Ron Fellows

Nous connaissons tous ces quatre larrons qui refusent rarement une pige à bord d’une bonne voiture. Les trois nous ont démontré à plusieurs reprises que la passion, la vitesse en pite et la flamme de la compétition brûlent encore fort chez eux. On le sait tous – la course est un virus incurable!

Moniteurs – Jean-Francois et Louis-Philippe Dumoulin, Richard Spénard, Ron Fellows.

En plus de courir en série NASCAR Pinty’s, les frères Dumoulin agissent comme moniteurs dans diverses écoles de pilotage et auprès de pilotes ambitieux et bien nantis lors de weekends de courses professionnelles. Richard Spénard enseigne aussi le pilotage de haut niveau, comme le fait Ron Fellows dans son école de pilotage de Spring Mountain Resorts au Nevada.

Jeunes en ascension

En plus de Lance Stroll et Nicholas Latifi déjà associés à des équipes de F1 et dont nous avons parlé en ouverture, voici quelques autres jeunes prometteurs en préparation d’une carrière aux courses.

Cameron HealeyNASCAR Camions Cameron Healey

À seulement 18 ans, ce pilote précoce au possible occupe la 12e place dans la course au titre pilote de la série NASCAR Camping World Truck 2016 après 6 des 23 épreuves prévues cette année. Il s’agit de sa première saison complète à ce niveau, après avoir participé à quelques courses de cette série auparavant, alors qu’il bâtissait son expérience NASCAR en courant en série K&N de 2011 à 2014, le plus jeune pilote de l’histoire de cette série.

Originaire de Calgary, Healey fit ses débuts en kart à quatre ans, remportant plusieurs courses et titres avant de se tourner vers le stock-car à 14 ans. Après trois saisons en courses locales et surtout en série K&N West, ou il remporta plusieurs victoires, Healey se retrouve sur le chemin menant à la série Sprint après un passage éventuel en série Xfinity. Son potentiel et les ressources financières sont en place pour lui donner une belle carrière en NASCAR.

Pistes ovales Raphaël Lessard

Issu d’une famille passionnée par la course sur pistes ovales, Raphaël court avec des voitures pleine taille sur pistes ovales depuis l’âge de 11 ans. Après deux années dans des voitures plus lentes, le jeune faisait le saut en série Sportsman Québec à 13 ans, en plus de quelques sorties sur des machines de type Pro Late Model plus puissantes, contre des pilotes aguerris.

Raphaël LessardPour 2016, le pilote de 15 ans se retrouve aux États-Unis en série CARS à bord de machines de type Super Late Model de plus de 600 ch, équivalentes à la série K&N de NASCAR. Roulant toujours avec les meneurs, Raphaël a remporté une victoire au début de mai, et mène dans la course pour le titre 2016.

Il impressionne la galerie de spécialistes toujours à la recherche du prochain champion, et on sait d’ailleurs que la filière Toyota Racing Development (TRD) garde un œil intéressé sur le jeune phénomène.

F4 Kami Laliberté

Fils de Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil, Kami Laliberté baigne dans la course depuis son plus jeune âge. Après ses débuts en karting au Québec en 2009, Kami s’exila à 12 ans vers l’Europe pour parfaire ses connaissances au plus haut niveau possible en karting.

Kami LalibertéLe jeune pilote s’est ensuite tourné à 15 ans vers l’automobile, participant au Championnat de France de F4 2015, à bord de ces voitures juste en dessous des F3. Il participa ensuite au début de l’hiver 2016 à la série Toyota Racing en Nouvelle-Zélande, avant de revenir en Europe pour le Championnat d’Allemagne F4 pour 2016.

Lui aussi bien appuyé par sa famille, Kami semble en bonne voie pour grimper les échelons en course. Jeune et relativement nouveau dans le sport, l’avenir nous dira s’il possède les autres qualités et le désir de pousser ses limites vers le sommet.

Coupe Porsche GT3 Challenge Canada Jesse Lazare, Valérie Chiasson

Ce Montréalais de 18 ans en est à sa deuxième saison en série Porsche GT3 Cup Challenge USA by Yokohama. Après une belle saison initiale en 2015, Jesse a remporté trois des quatre premières courses de la saison 2016.

Sa domination est telle que les autres pilotes aimeraient bien le voir passer à la série reine pour les Porsche GT3, courue en Europe – une réelle possibilité si les résultats continuent briller.

Fort de trois titres canadiens en kart, Jesse a aussi fait la pluie et le beau temps sur monoplaces en séries F1600 et USF2000 avant de se tourner vers Porsche en 2014. En plus de ses talents de pilote, Jesse s’avère un excellent metteur au point de suspensions.

Jesse LazareEn parallèle à une belle carrière en affaires, gérant une grande équipe de vente et divers commerces au fil de années, Valérie Chiasson a aussi trouvé le temps de courir en kart de 2004 à 2007. Elle se tourna alors vers le stock Car sur pistes ovales, dans la série ACT Québec de 2009 à 2012. La variété était de mise en 2014 et 2015, en prototype et voitures de tourisme.

En 2015 Valérie participa à la série Nissan Micra Cup, terminant 6e sur 37 pilotes au terme de la saison, avec un podium lors du passage de la série au Grand prix du Canada.

Valérie progresse rapidement, et comprend bien comment améliorer une voiture en plus d’en tirer le maximum. Ajoutez une présence incontournable et un sens du marketing développé, et on peut s’attendre à la voir monter dans le grand échiquier de la course.
en 2016, où elle fait grimpe vers l’avant du peloton à chaque sortie dans cette série hyper compétitive.

Porsche sait comment développer ses pilotes et on a droit d’espérer voir Lazare et peut-être aussi Chiasson se rapprocher de cette grande maison au fil des années et remonter la filière en endurance jusqu’à un volant assisté ou officiel Porsche.

Valérie Chiasson