Même si leur format ne plait pas à tous les pilotes, un sujet sur lequel nous reviendrons une autre fois, les rallyes de type international auront eu comme effet positif ces dernières années de permettre aux équipages de prendre des notes de reconnaissances, une pratique défendue jusqu'ici dans les rallyes canadiens mais que certaines équipes utilisaient en catimini.

Pour ceux qui ne connaissent pas la formule, il s'agit d'admettre les équipages dans les épreuves de classement à bord de véhicules banalisés à des vitesses très sécuritaires - 60 km/h - selon un horaire précis. Cette façon de faire donne la chance de répertorier et de codifier chaque virage, bosse ou danger. Si on prend le récent Rallye International de Québec en exemple, les 38 équipes inscrites pouvaient circuler deux jours avant l'événement dans la région de Portneuf et dans le Parc des Laurentides afin de faire l'inventaire des 90 kilomètres de neige qu'elles allaient parcourir à vive allure le samedi et le dimanche.

Or, le fait est que les équipages aiment beaucoup. On peut rouler encore plus vite et de façon plus sécuritaire. Le copilote devient un élément important de l'équipe et ne joue plus le simple rôle d'observateur privilégié. La procédure permet d'égaliser les chances pour tous: auparavant, seuls quelques équipages profitaient de notes illégales et rendaient les résultats prévisibles dès le départ. Les équipages de la génération montante ont vite adopté ce système et la qualité de leur pilotage n'en est que plus relevée.

Cependant, le plaisir a un prix et exige que tout le monde soit sur les lieux deux jours plus tôt, augmentant d'autant les dépenses. Pour quelques équipages d'usine ou pour les mieux nantis, le problème ne se pose pas mais pour la majorité des participants, ce surcroît de dépenses ampute leur programme annuel d'une ou deux épreuves.

Depuis le début du championnat canadien sous sa forme actuelle, à partir du Perce-Neige 1975, on s'est toujours opposé à l'utilisation de notes, sauf pour les trois épreuves de Championnat du Monde qui ont été tenues entre '77 et '79. Lors de ces épreuves mémorables, les pilotes d'usine dans un premier temps prenaient des notes et par la suite pouvaient s'élancer gaiement pour les pratiquer. À tombeau ouvert et sans que les routes ne soient complètement fermées! Cette mesure n'a plus cours, heureusement. Toutefois, la première épreuve mondiale disputée en Ontario en '74 n'avait pas permis les notes de parcours. On préférait réduire les coûts et rouler à l'aveugle comme les British l'ont fait très longtemps.

Le problème se pose également pour le championnat régional. Comme il est stipulé que les épreuves doivent être tenues sur une journée, il n'y a bien sûr pas de place pour la reconnaissance. Ce qui n'empêchera aucune équipe de profiter des notes prises par des copains inscrits en international. Il faudra donc statuer là également.

En bout de ligne, il semble bien que le Canada doive se mettre au diapason mondial. Deux épreuves permettent une journée de reconnaissance (Charlevoix et Québec), le Rally of the Tall Pines en fin de saison 2002 a vendu un ensemble de notes sans permettre de parcourir les routes. D'autres épreuves pourraient s'ajouter cette année. Y aura-t-il uniformisation à travers le championnat canadien? Se rangera-t-on vers la formule des notes déjà préparées? Il faudra en venir à une politique nationale claire puisqu'il est fort probable qu'on ne retournera plus en arrière.

Michel Poirier-Defoy