BUILTH WELLS - Sébastien Loeb est devenu champion du monde pour la 8e fois, vendredi soir sous la pluie battante de Builth Wells, QG du rallye de Grande-Bretagne, et a qualifié de "bizarre" ce nouveau sacre acquis après l'abandon du Finlandais Mikko Hirvonen (Ford Fiesta).

"Ça fait bizarre, parce qu'on gagne le titre alors que le rallye n'est pas fini. On est en assistance, on va repartir au parc fermé (de Cardiff), puis repartir demain matin en spéciales. C'est quelque chose que je n'avais jamais vécu mais en tout cas c'est un grand moment", a dit l'Alsacien avant d'aller boire du champagne dans un hangar à bestiaux.

"Tous mes titres ont toujours été différents et on prend celui-là avec plaisir, parce que la saison a été très disputée. Il y a plusieurs titres qui se sont joués à rien et je placerai ce titre très proche de celui de 2009", a ajouté le néo-octuple champion du monde pendant que les mécanos de l'armée Rouge révisaient sa Citroën DS3.

En 2009, déjà au pays de Galles, et déjà contre Mikko Hirvonen dans une Ford, Loeb avait remporté d'un petit point son 6e titre mondial, en gagnant le rallye avec une minute d'avance sur le Finlandais. Deux ans plus tard, le scénario est différent mais le résultat est le même: Loeb champion du monde.

Victime d'une surchauffe de son moteur dans l'ES7, vendredi matin, à la suite d'un choc contre une branche qui a percé son radiateur, alors que la bagarre faisait rage et qu'il était en tête du rallye, pour 4/10 de seconde, Hirvonen a tout de suite compris que c'était fini.

"Le titre, c'est fichu, j'en suis sûr", a-t-il déclaré à chaud, déçu mais réaliste, avant que sa Fiesta rentre à Builth Wells sur un camion-plateau pour être examinée par les mécanos et les ingénieurs. "J'ai bien peur que le moteur ait trop souffert en roulant cinq ou six kilomètres sans eau", a ajouté Malcolm Wilson, le patron de Ford en rallye.

Latvala veut gagner

Il n'y a pas eu de miracle et l'annonce de l'abandon d'Hirvonen a d'abord été transmise, dans le plus grand secret, à la direction de course à Cardiff. Puis à 17h10, dans le hangar qui abritait Ford, le suspense a pris fin.

Au terme des trois heures de réparation accordées par le règlement du WRC, les mécanos ont continué à ranger leurs outils. Leurs responsables discutaient au chaud, dans le motor-home de Ford, et ils n'ont même pas pris la peine de répondre aux nombreux journalistes français. La Fiesta no 3 est restée garée sous sa bâche bleue, propre mais immobile.

Du coup, Loeb était champion du monde... et toujours en tête du rallye. Après 11 spéciales sur 23, le seul qui peut encore gâcher, à peine, si peu, la fête de Loeb, c'est un autre Finlandais en Ford, Jari-Matti Latvala. Deuxième à une grosse seconde de Loeb, il a déjà signé quatre temps scratch depuis le début du rallye.

Équipier-modèle, Jari-Matti s'est souvent sacrifié cette saison pour que Mikko puisse marquer plus de points que lui et rester au contact de Loeb. Vice-champion du monde en titre, quand même, il a désormais carte blanche et va tout faire pour boucler sa saison par une victoire de prestige.

Reste à savoir si Loeb va le laisser gagner, ou non. "La priorité, c'était le titre, donc le reste c'est secondaire. Il n'y a plus de pression, donc on verra comment on se sent samedi", a dit l'Alsacien vendredi soir. Son fidèle copilote, Daniel Elena, a déjà décidé : "Samedi, ce sera 'maximum attack'... pour le fun", a annoncé le Monégasque, octuple champion du monde lui aussi.