Comme c'est devenu tradition depuis quelques années, McLaren fut la dernière des écuries principales à présenter au monde entier sa nouvelle voiture. Du même coup, elle s'est à nouveau réservée le droit ultime de déclarer que la guerre était belle et bien ouverte à partir de maintenant!

De façon toujours aussi immaculée, à l'image de l'équipe, le lancement de la MP4-16 s'est fait hier devant près de 400 journalistes, à Valence, en Espagne. Même si Ferrari lui a volé les deux titres, en l'an 2000, l'écurie britannique et son partenaire Mercedes n'ont pas perdu l'image de la meilleure référence technique en vue d'une nouvelle saison. L'événement était donc attendu avec impatience et couvert comme il se doit!

D'entrée de jeu, le concepteur de la nouvelle McLaren, Adrian Newey, n'a pas manqué de piquer fortement la curiosité en disant que sa nouvelle création n'était pas une évolution de la voiture de l'an dernier, mais bien une "révolution".

Invoquant les nouvelles règles de la FIA en matière d'aérodynamisme, notamment l'élévation supplémentaire de 50 millimètres de l'aileron avant, le magicien Newey a choisi de revoir complètement la plate-forme technique de la McLaren afin de l'harmoniser à ces nouvelles normes. On ne s'attendait à rien de moins de la part de cet ingénieur qui a presque redéfini à lui seul le livre technique de la F1 depuis une décennie!

Mais au-delà des règles, il y a aussi le fait que McLaren et Mercedes ont été profondément meurtris par les résultats décevants de l'an dernier. Ron Dennis affirmait hier que chaque petit passage de la saison 2000 a été scruté à la loupe afin de bien comprendre ce qui s'est passé. A la lumière de ce travail rigoureux, Newey n'avait donc pas le choix: si sa F1 version 2000 ne valait que le 2e rang, il lui fallait en rebâtir une toute neuve pour espérer revenir à l'avant-scène!

Il est donc permis de croire que la "flèche d'argent" 2001 regorge déjà de tous ces petits raffinements dont Newey a le secret. Comme il est permis de croire qu'elle sera encore hautement redoutable dès l'Australie. David Coulthard, qui a couvert 500 kilomètres sans histoire à bord de la MP4-16, lundi et mardi, a d'ailleurs déclaré qu'il "ne s'était jamais senti aussi confiant à bord d'une nouvelle voiture depuis qu'il s'est joint à McLaren."

Etrangement, à la même date l'an dernier, c'est Michael Schumacher qui faisait ce genre de commentaires. Est-ce un signe annonciateur du grand retour au sommet de McLaren? Les prochaine semaines nous en diront plus. Les premiers tours de roues à Melbourne aussi!

Hakkinen très serein

Mika Hakkinen, de son côté, semblait resplendissant et dégageait une sérénité qui était absente l'an dernier, à l'aube de la nouvelle saison. "La grande différence, c'est que ce n'est pas moi qui défend le titre cette saison. La pression est donc beaucoup moins forte", a-t-il dit, préparant déjà le terrain de sa prochaine confrontation avec Michael Schumacher.

Si on tient compte du fait qu'il est maintenant un heureux père de famille et qu'il profitera d'un horaire de travail beaucoup mieux défini par son écurie (Coulthard et Wurz ont fait le gros du travail préparatoire jusqu'ici), Hakkinen pourra vraisemblablement entreprendre le prochain championnat dans un contexte idéal.

"Je me sens plus fort que jamais", a-t-il tenu à ajouter. "Ma motivation est revenue au sommet". Schum en a déjà pris bonne note, c'est certain…

Dennis tire le premier

Une petite note en terminant sur la guerre des mots à laquelle se livrent de façon un peu puérile les deux grandes écuries depuis quelques années.

Ron Dennis a tiré la première salve, hier, à un mois du début de la saison! Le patron de McLaren, qui semble raffoler de ce petit jeu, a accusé Ferrari "d'hypocrisie" dans le complexe dossier de l'anti-patinage.

En gros, Dennis blâme les dirigeants de la "Scuderia" de porter deux chapeaux. "Ils disent publiquement être en faveur de l'anti-patinage, mais ils ont tout fait pour bloquer l'adoption du nouveau règlement pour le début de saison". Puisque le dispositif ne sera admis qu'à compter de l'Espagne seulement, il n'y a qu'un pas à franchir pour conclure que Dennis accuse Ferrari de ne pas avoir été tout à fait prêt à s'y convertir et d'avoir agi uniquement en fonction de ses intérêts!

De grands enfants, parfois, ces gens de F1