SPA-FRANCORCHAMPS, Belgique (AFP) - Le président directeur général du manufacturier de pneumatiques Michelin, Edouard Michelin, a regretté samedi l'opacité du système décisionnaire de la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

"Nous voulons que la FIA clarifie ses choix et nous n'avons qu'une confiance limitée dans la transparence de son système décisionnaire", a déclaré M. Michelin à Spa-Francorchamps, à la veille du Grand Prix de Belgique de Formule 1.

M. Michelin a notamment répété que son entreprise était contre l'idée d'un manufacturier unique de pneumatiques en F1, comme le souhaite la FIA et qu'elle refuserait de participer à un appel d'offre si la FIA "ne clarifiait pas ses critères de choix".

"Si l'appel d'offres ressemble à celui du WTCC (championnat du monde des voitures de tourisme pour lequel Michelin a été exclu au profit de Yokohama à partir de 2006, ndlr), alors c'est certain, nous n'y participerons pas", a assuré M. Michelin.

"Les raisons du choix du manufacturier pour le WTCC est un mystère pour nous", a-t-il ajouté, soulignant que "la décision avait été prise quelques jours après les incidents d'Indianapolis" où Michelin avait enjoint ses sept écuries partenaires à se retirer pour des raisons de sécurité, laissant six monoplaces courir un simulacre de Grand Prix.

"Valeurs"

La FIA compte imposer un manufacturier unique de pneumatiques à partir de 2008.

Dans tous les cas, le pdg de Michelin regrette ce système de manufacturier unique car cela va "à l'encontre de la philosophie du sport automobile et de l'esprit de compétition".

"Il existe trois disciplines reines en sports mécaniques qui sont la F1, le WRC (rallye) et le Moto GP pour lesquelles il faut absolument conserver l'esprit de compétition (y compris entre équipementiers). Dans les autres disciplines, comme le WTCC, nous avons nous même une démarche plus commerciale", a-t-il expliqué.

Mais l'introduction d'un manufacturier unique à partir de 2008 en F1 "me fait me demander si la FIA partage ces valeurs de compétition", a lancé M. Michelin, écartant l'argument selon lequel un manufacturier unique permettrait une diminution des coûts.

"L'argument principal est que la compétition entre manufacturiers fait grimper les coûts. Mais cet argument n'a pas de sens car il suffirait de diminuer le nombre de pneus ou les kilomètres d'essais libres. Il doit donc y avoir des arguments cachés", a-t-il commenté.

"Pourquoi la FIA n'imposerait-elle pas un moteur unique ?", a-t-il ironisé.

"La F1 ne doit pas devenir un simple support commercial, elle doit demeurer un défi sportif et technologique", a encore ajouté M. Michelin, affirmant que sa société "voulait une compétition saine avec un ou plusieurs autres manufacturiers".