PARIS (AFP) - Max Mosley, président de la Fédération internationale automobile (FIA), est décidé à passer en force pour réduire les coûts de la Formule 1 au nom de la sécurité dès l'année prochaine.

Devant l'impossibilité des écuries de se mettre d'accord, le Conseil mondial de la FIA a mis en effet les constructeurs devant leurs responsabilités, lors de sa réunion mercredi à Paris.

"Ils ont deux mois pour faire des suggestions à compter du 6 juillet, date à laquelle Charlie Whiting leur communiquera la proposition du Conseil Mondial", indique Max Mosley dans un entretien accordé à l'AFP.

"Chercher une solution pour réduire les vitesses amène à des restrictions sur le moteur, le châssis, l'aérodynamique. Ils auront 45 jours pour se prononcer. Avec l'obligation d'avoir huit voix sur dix, il est peu probable qu'il arrivent à un accord. Vers le 21 octobre, à défaut de proposition acceptable, ou d'acceptation de nos mesures, nous trancherons pour une application dès 2005", avertit le président de la FIA.

"Nous en sommes arrivés là parce qu'il n'y avait aucun moyen d'obtenir un accord des écuries. Nous avons donc décidé de jouer sur l'article 7.5 de l'Accord Concorde qui nous permet d'imposer les choses", insiste ce dernier.

"Escalade inquiétante"

Le président de la FIA a beau jeu d'agir ainsi. Au-delà des chiffres, une escalade vertigineuse des performances ces dernières années, les accidents du Brésilien Felipe Massa (Sauber) au Canada et de l'Allemand Ralf Schumacher (Williams-BMW), dont la fin de saison est compromise, à Indianapolis, ont donné des arguments au pouvoir sportif.

"L'escalade des performances est inquiétante. C'est de la folie. Il faut arrêter cela. Tous sont d'accord pour faire quelque chose, mais quoi ? s'interroge le président de la FIA. Dès que l'on commence à discuter de solutions, tout le monde est en désaccord. Même les manufacturiers de pneus. Alors, la seule façon est de venir sur le terrain de la sécurité. Soit vous proposez, soit l'on prend une décision".

"Nous avons constaté lors de la réunion des constructeurs lundi à Londres qu'il y a deux camps, reprend Mosley. L'un dit qu'il faut réduire le nombre de cylindres, passer au V8 2,4 litres. L'autre qui veut la liberté, malgré le fait que cela coûte 200 millions d'euros par an. Parce que cela est intéressant au niveau de la recherche. Nous nous dirigeons cependant vers un accord pour le V8 2,4 litres. BMW est contre mais capable de le faire. Le plus difficile sera d'opter soit avec liberté totale ou avec des restrictions".

"On ne sait jamais"

La réduction des coûts en matière de moteur devient urgente. "Ou il y a des restrictions afin de vendre des moteurs aux petites équipes à des prix raisonnables (moins de 10 millions de dollars par an), ou il y a liberté et il faudra être prêt à fournir toutes les équipes, explique le président de la FIA. Car nous avons la certitude que si nous restons dans le contexte actuel des grands constructeurs vont arrêter".

Autre grand chantier, la restriction, à défaut d'interdiction, des essais privés. Quant aux dix-neufs dates bloquées pour le calendrier du Championnat du monde de F1, Max Mosley ne veut pas y voir automatiquement une augmentation du nombre des Grands Prix l'an prochain.

"Dix-neuf Grands Prix ? Probablement pas. Ces dates ont été bloquées pour garder la possibilité de faire entrer un nouveau Grand Prix... Sans en perdre un autre. Imola par exemple", dit néanmoins le Britannique.

"Mais si Bernie veut faire plus de 17 Grands Prix, il doit avoir l'accord de toutes les équipes. Et de la FIA", insiste le président de la FIA. "Moi, je serais d'accord pour un Grand Prix sur deux jours. Le vendredi réservé aux essais libres me paraîtrait logique. Pour le moment, il y a discussion. Si les écuries peuvent trouver un accord. On ne sait jamais".