« Enfin! » a dû s’exclamer avec soulagement Jimmie Johnson lorsqu’il a croisé la ligne d’arrivée en première place, dimanche dernier, sur le circuit Texas Motor Speedway.

Pour le vétéran, c’était un baume sur une fin de saison en queue de poisson, lui qui n’avait pas terminé sur la plus haute marche du podium depuis 20 courses. C’est non seulement porteur d’espoir pour son équipe et lui, alors que certains doutes devaient s’être installés au fil des épreuves, mais c’est aussi la preuve que Hendrick Motorsports est à prendre au sérieux alors qu’on se rapproche dangereusement de Homestead, la finale du championnat en série Sprint.

Gagner dans cette série, c’est réellement plus difficile que ce l’était jadis. Donc je n’étais pas étonné de le voir aussi démonstratif après la belle course qu’il a livrée. D’ailleurs, la bataille qu’il a livrée à Brad Keselowski en était une belle, et dans les derniers tours, Johnson a bondi sans perdre une seconde sur la première opportunité que son rival lui a présentée.

J’ai vraiment senti que la suspension récemment imposée à Matt Kenseth pour sa manœuvre déloyale à l’endroit de Joey Logano a eu des répercussions. Généralement très agressif en piste, Keselowski s’est tenu bien tranquille dans cette bagarre, et à mon avis c’est directement lié aux sanctions dont Kenseth a été l’objet. Ça faisait du bien de voir une confrontation propre du début à la fin.

Autant c’était l’euphorie pour Johnson, ses proches et son coéquipier Jeff Gordon, ce résultat a été des plus amers pour Keselowski et l’équipe Penske, pourtant si dominante durant l’étape précédente. Ça se voyait qu’il avait la meilleure voiture en piste en début de course, mais plus on se rapprochait de la fin, plus on constatait que Johnson était plus rapide.

Je trouve fascinant que le fameux momentum continue de changer à chaque tranche de la Chase. En fin de calendrier régulier et au début des éliminatoires, on voyait les Joe Gibbs rafler le tout. Plus tard ce fut au tour de Logano au volant d’une Penske d’avoir l’air imbattable l’espace de quelques semaines. Et maintenant, sorti de nulle part, Hendrick semble avoir trouvé les réglages pour terminer en puissance. Le « timing » pourrait-il être mieux choisi? Poser la question, c’est y répondre!

À 42 ans, Gordon voit se présenter à lui sa plus belle chance depuis des années de décrocher un cinquième championnat en carrière. Pas besoin de dire que ce serait un scénario hollywoodien, alors qu’il se prépare à se retirer du NASCAR après une longue et productive carrière de deux décennies.

L’un des facteurs qui pourraient influencer le déroulement des prochaines courses, c’est le fait que trois des quatre pilotes Joe Gibbs se sont fait pincer avant la course au Texas en raison de la bavette avant, qui était illégale. La présence de cette bavette permettait de descendre la voiture à l’avant, et conséquemment, d’augmenter l’appui aérodynamique de façon astronomique. Même si on ne parle que de trois millimètres, ça se traduit par une différence colossale en piste. À Phoenix, on va plus ou moins percevoir la différence car il s’agit d’un circuit plus lent, mais il n’en demeure pas moins que Gordon pourrait bénéficier de cette perte de vitesse à Homestead.

De grands enjeux à Phoenix

Difficile de ne pas considérer Kevin Harvick comme un favori pour triompher en Arizona ce dimanche. Sa domination est outrageuse à cet endroit depuis quelques saisons; quatre victoires consécutives et un total de sept en carrière. Les chiffres ne mentent pas : des 936 derniers tours disputés en série Sprint, le pilote no 4 en a mené pas moins de 720!

Mais la donnée qu’il ne faut pas oublier dans toute l’équation, c’est que plusieurs des gros canons ont l’obligation de gagner à Phoenix afin de se tailler une place pour le « Final Four ». Il n’y a aucune garantie pour personne, mais certains d’entre eux, dont Harvick, sont mieux positionnés dans le classement aux points pour jouer de prudence au lieu de prendre des risques inutiles.

Finalement, je ne peux faire autrement que de penser qu’advenant l’élimination de Joey Logano après Phoenix – scénario très probable, disons-le – l’équipe Penske entreprendra des poursuites à l'endroit de Joe Gibbs Racing. C’est colossal tout ce que représente, en termes d’implications financières, le fait de ne pas être qualifié pour la finale de la Chase. Et quand on pense que Logano y serait vraisemblablement n’eut été du contact avec Kenseth, on se dit que cette histoire est sûrement loin d’être terminée. Ça n’étonnerait personne que Penske prenne les moyens pour que justice soit rendue… À suivre!

* Propos recueillis par Maxime Desroches