Les pilotes de la série Sprint ont vécu une très longue course dimanche à Bristol alors que l'épreuve a été interrompue à trois reprises après avoir été retardée de 90 minutes.

Ce n'est jamais facile pour un pilote de vivre une pareille course parce qu'ils ont leur propre routine le jour d'une épreuve où tout est réglé au quart de tour. La pluie a fait en sorte que les gars sont demeurés sur place entre 10 et 12 heures, ce qui déséquilibre leur régime de vie. Le pilote prévoit des moments pour manger et pour s'hydrater, mais quand Dame Nature fait des siennes, les gars doivent tout revoir. Au moins, personne n'a pu vraiment être avantagé puisque tout le monde a été affecté.

Quand je me retrouvais devant une météo de ce genre, j'allais faire un somme d'une vingtaine de minutes pour combattre la fatigue. Plus la journée est longue et plus le pilote est fatigué, de là l'importance d'aller se reposer. Moi, ça me faisait du bien. Les gars en Nascar ont la chance, contrairement à bien d'autres séries, d'avoir un motorisé sur le site, ce qui permet de profiter d'installations que d'autres n’ont pas.

En raison des caprices de la nature, la course a été prolongée de onze tours, ce qui n'est pas exceptionnel. J'ai déjà vu une course prolongée jusqu'à douze tours au Texas ces dernières années. Avec la technique de "green-white-checker", il arrive que des épreuves durent plus longtemps que prévu. La direction de Nascar prend tous les moyens pour que ses courses se terminent, quitte à la prolonger. On ne veut plus voir de course prendre fin sur un drapeau jaune. Beaucoup de braves spectateurs n'ont toutefois pas été aussi patients que les pilotes et ils sont partis avant la fin. Avec trois interruptions, ça peut se comprendre. Ceux qui ont résisté à l'envie de rentrer à la maison ont au moins eu droit à une bonne fin de course.

J'ai beaucoup aimé la conclusion de l'épreuve. Même s'il n'a pas gagné, Jimmie Johnson a été impressionnant avec son équipe. Il est incroyable de voir comment lui et ses équipiers ont pu se relever d'accidents, d'accrochages multiples et de lutter pour la première place quand même

Matt Kenseth a été le premier à rallier le fil d'arrivée. Il n'avait pas gagné à ses 51 courses précédentes et à la longue, ça devient difficile pour un pilote. Dans son cas, il n'y avait personne d'autre dans son équipe qui gagnait alors ça limite les déceptions. Avant la course de Martinsville, Toyota n'avait pas savouré la victoire depuis un an. Quand un pilote est le seul de son équipe à ne pas gagner, ça devient difficile, mais un pilote se résigne plus facilement à son sort quand il sait que sa voiture est moins performante que ses adversaires.

Kenseth peut profiter du commanditaire Dollar General qui s'implique sur une longue période, ce qui peut expliquer pourquoi il a toujours son volant malgré une longue période d'insuccès. S'il est vrai que les commanditaires s'impliquent pour y trouver beaucoup de visibilité, d'autres y sont pour faire des affaires. Il est fréquent que le commanditaire invite des partenaires dans sa loge et y réalise des affaires pendant la course. Puis, l'entreprise sait bien qu'un pilote va perdre plus souvent qu'il ne va gagner.

Les commanditaires connaissent les meilleurs pilotes, ceux que l'on peut considérer comme des valeurs sûres comme Jimmie Johnson, Jeff Gordon, Kevin Harvick, Dale Earnhardt fils et même Matt Kenseth peuvent être considérés parmi eux. Brad Keselowski et Joey Logano aussi sont à mes yeux parmi les meilleurs. Un commanditaire sait que ces pilotes vont trouver le moyen de retenir l'attention qu'ils gagnent ou non. Il est aussi évident que pour s'associer à eux, ça va coûter plus cher que de prêter son nom à un gars de fond de grille comme Josh Wise par exemple.

Pas une grande année pour les recrues

Je n'ai pas porté une grande attention au travail des pilotes recrues jusqu'ici parce que je trouvais que l'an dernier Austin Dillon et Kyle Larson étaient talentueux et se livraient une bagarre intéressante. Cette année, les recrues ne m'ont pas encore allumé.

Chaque année, il y a peu de pilotes qui ont eu la chance de grimper dans les grandes ligues. Ceux qui ont un volant les gardent généralement pour longtemps et les ouvertures sont rares. On sait que l'an prochain Gordon va quitter, ce qui permettra à Chase Elliott de faire son entrée, ce qui sera intéressant et s'il fallait que Erik Jones s'en aille chez Joe Gibbs, on aurait toute une compétition pour les recrues.

Les recrues de cette année se retrouvent principalement chez des équipes de fond de grille, ce qui rend leur présence moins intéressante.

Un record pour Danika

Danika Patrick n'a pas de victoire à son dossier, mais elle m'impressionne. Avec deux places dans le top-10 cette saison, elle en totalise six depuis son arrivée en Nascar, ce qui constitue une nouvelle marque pour une fille en coupe Sprint. On voit qu'elle a beaucoup progressé

Steve Byrnes n'est plus

Nascar a perdu l'un de ses ambassadeurs avec le décès au cours des derniers jours du commentateur de Fox, Steve Byrnes. Il était âgé de 56 ans et il a succombé à un cancer.

Il couvrait les activités du Nascar depuis 30 ans maintenant. On lui a d'ailleurs dédié la course en fin de semaine à Bristol. J'ai eu la chance de la côtoyer durant ma carrière aux États-Unis et je peux vous dire que tout le monde l'adorait. Il était sympathique et très honnête. Il était une image phare dans le monde des médias pour la série.

*propos recueillis par Robert Latendresse