Il y a bien eu Tony Stewart et Carl Edwards en 2010, mais je n’ai jamais été témoin d’une fin de saison aussi excitante que celle que nous venons de vivre en NASCAR.

Dans le passé, certaines décisions des autorités du NASCAR m’ont laissé songeur, mais cette fois, il n’y a aucun doute qu’ils ont visé dans le mille en instaurant un nouveau système d’élimination dans la Chase, les « séries » de la Coupe Sprint. Les rebondissements ont été nombreux, et ce jusqu’au tout dernier tour.

Si bien que les dividendes sont déjà bien réelles. Les cotes d’écoute au chez nos voisins du Sud ont été à la hausse, alors les gradins étaient remplis à pleine capacité lors des deux dernières épreuves.

Les gens réunis dans les estrades du Homestead-Miami Speedway n’ont certes pas été déçus du spectacle offert, alors que Kevin Harvick a finalement mis la main sur le titre de champion du monde qu’il manquait encore à son palmarès.

Parmi tous les autres pilotes toujours à la recherche d’un premier sacre en carrière, personne d’autre qu’Harvick ne méritait davantage de voir sa patience être enfin récompensée.

Sans doute l’un des plus grands pilotes et certainement l’un des plus complet de la Coupe Sprint, Harvick en était à une première saison à bord d’un bolide de l’équipe Stewart-Haas Racing après une association de 13 ans avec Richard Childress.

Guidé par un chef d’équipe hors pair en Rodney Childers, Harvick a finalement reçu la plus belles des récompenses dans le métier.

J’ai eu la chance de croiser Childers sur ma route lors de mon passage avec Gillett Evernham Motorsports, alors qu’il était le chef d’équipe d’Elliot Sadler. S’il était alors capable de bien préparer une voiture pour un circuit routier, ce qui n’était pourtant pas sa spécialité, imaginez maintenant ce qu’il peut faire en vue d’une course sur un ovale.

Sur le Homestead-Miami Speedway dimanche, Childers a une fois de plus montré tout son génie en optant pour un changement des quatre pneus de la voiture d’Harvick dans le dernier droit de cette dernière course.

Une sage décision.

Trois autres pilotes pouvaient être couronnés champion au terme de cette épreuve. Denny Hamlin, dirigé par Darian Grubb, a dû conserver ses quatre pneus. Erreur. Si Grubb a déjà raflé un titre avec Stewart en employant une stratégie semblable, le pari a cette fois été coûteux puisque les pneus perdaient en adhérence après quelques tours seulement. La Chase est maintenant beaucoup trop compétitive et relevée pour espérer s’en tirer.

Ryan Newman, lui, est rentré aux puis pour changer deux pneus seulement. Dommage, car chaussé de quatre nouveaux pneus, il l’aurait à mon avis remporté alors que personne, absolument personne, ne s’attendait à ce qu’il soit dans la lutte jusqu’à la conclusion de la Chase.

Joey Logano a quant à lui été victime d’un destin pour le moins très cruel, alors que sa saison presque parfaite jusque-là a été bousillé par une malheureuse bourde dans les puits. Alors qu’il s’y présentait pour un changement de ses quatre pneus, le responsable du cric a placé ce dernier au mauvais endroit avec pour résultat que sa voiture n’a été soulevé que pendant de brefs instants. Impossible donc de procéder. Bref, les 20 derniers tours de la course lui ont coûté tout le travail accompli depuis le mois de février.

Pendant ce temps, Harvick passait de la 12e place à la position de tête en 15 tours seulement pour filer vers la victoire et le championnat. Sous pression, ce dernier a donc prouvé encore une fois qu’il a l’étoffe d’un grand pilote.

Rappelons-nous que c’est lui qui a hérité du volant du grand Dale Earnhardt à la suite du décès de ce dernier. Deux courses plus tard, il décrochait une victoire…

Un cinquième prétendant?

La nouvelle mouture de la Chase a donc fait ses preuves et ça promet pour la saison prochaine. Or, j’apporterais tout de même qu’un seul changement au système.

J’ajouterais en effet un « wild-card », c’est-à-direune cinquième voiture pouvant elle aussi luter pour le titre à Homestead lors de la dernière étape de la Chase. Il s’agirait du pilote ayant accumulé le plus de top-5 dans les 35 premières courses menant à la course finale.

Cela aurait pour effet de donner le piquant de la Chase, au reste de la saison. Le pilote se retrouvant sixième dans les derniers tours d’une épreuve pourrait être tenté de tout faire en son possible pour doubler la voiture devant lui et arracher un top-5.

Voilà donc ma petite suggestion, mais reste que le modèle demeure des plus excitants.

*Propos recueillis par Mikaël Filion