La classique du Daytona 500 signale le début de la saison NASCAR depuis 1959.

La grande fête autour de cette course, surnommée « Speed Week » a débuté cette année le 10 février et se terminera le 21 février lors de la présentation de la course principale, le Daytona 500, qui sera retransmis en direct à RDS à 13 h.

Nous avons donc pensé vous fournir plus d’information sur NASCAR et ses héros, sur la piste à Daytona et sur les évènements qui ont marqué son histoire.

Trois papiers vous seront présentés sur RDS.ca dans la semaine qui précède la grande course, commençant avec la création de NASCAR et de la piste de Daytona, et maintenant voici quelques évènements qui ont marqué le Daytona 500 et contribué à la légende NASCAR et à sa croissance fulgurante depuis 1959.

1959 – Le « photo-finish » opportun

NASCAR marquait son 10e anniversaire en étrennant un nouveau circuit unique. Bâtie de peine et de misère sur un marécage, avec un financement récolté çà et là par Bill France, la piste ouvrait une nouvelle ère pour NASCAR avec de plus hautes vitesses, et assez de place pour une foule record dans les estrades comme à l’intérieur de l’ovale. Le stock-car vivait bien dans le sud-est des États-Unis, et tout le monde espérait que la création d’une piste unique – qui aurait pensé à une espèce de « D »? – pourrait faire connaître le sport plus au nord et plus à l’ouest des États-Unis.

Lee Petty et Johnny BeauchampLee Petty, le paternel de la dynastie, sur la Pontiac no 42 et Johnny Beauchamp sur sa Ford Thunderbird no 73 ont échangé la tête de la course et terminé ensemble comme on peut le voir sur la photo. En passant, Richard Petty a terminé la course 57e après un bris de moteur et remporté 100 $ en bourse (877 $ d’aujourd’hui!)

La course avait été un succès, et le sprint final donna une idée de génie à Bill France. Il décida d’annoncer un résultat « intérimaire » donnant la victoire à Beauchamp, malgré le fait que tout le monde avait bien vu Petty gagner par un nez comme l’indique la photo.

France attendit au mercredi avant d’officialiser la victoire de Petty après « une analyse détaillée des photos et films, des phénomènes de vision à ces hautes vitesses et de témoignages de la part des officiels. »

Tout ce cinéma n’était que du chiqué qui avait donné à NASCAR deux journées additionnelles de présence médiatique. Ce ne serait pas la dernière fois que NASCAR aurait recours à de tels trucs.

David Pearson et Richard Petty1976 – Ça joue dur au Daytona 500

Une victoire au Daytona 500 vaut de l’or pour le pilote, l’équipe, l’image de marque de la voiture et du commanditaire. Richard Petty et David Pearson, deux durs de durs, maintenaient une rivalité qui était plus que seulement pour la galerie : les deux ne se respectaient pas beaucoup, avec Petty souvent imbattable, et Pearson, un pilote rapide et ambitieux trop souvent au volant de voitures moins rapides que les légendaires Dodge Hemi du « Roi Richard ».

Après une longue bataille en 1976, nos deux larrons arrivaient à 1 mile de l’arrivée avec Petty juste devant Pearson. Afin de se défendre d’une ultime attaque possible de la part de Pearson avec l’aide de l’aspiration, Petty décida de briser l’élan de Pearson en freinant fort juste avant l’arrivée. Surpris, Pearson ne put l’éviter et les deux voitures se retrouvèrent dans le mur puis sur la pelouse.

Pearson relança son moteur et gagna la course, alors que Petty resta sur place à quelques mètres de l’arrivée. Le genre d’incident reste encore « toléré » par NASCAR en fin de course. Tout pour le spectacle!

Le Daytona 500 de 19791979 – Première retransmission télé – et première bataille – en direct du Daytona 500

Le Daytona 500 de 1979 marque la première retransmission en direct, au réseau CBS, de la « Great American Race », ainsi nommée à l’époque par le légendaire animateur Vermontois Ken Squier, bien connu des amateurs de chez nous et encore aujourd’hui présent pour les grandes courses et propriétaire de la belle piste de Barré (VT) à deux heures de Montréal.

Avant 1979, les amateurs de chez nous se retrouvaient au stade Paul-Sauvé dans l’est de Montréal pour voir la course en direct. À partir de cette date, l’auditoire devenait national, élevant la visibilité et la popularité de NASCAR vers les sommets d’aujourd’hui.

À l’instar de la première course, en 1959, la chance sourira encore une fois à Bill France, avec une bataille rangée entre Cale Yarborough et Donnie Allison. Les deux s’étaient accrochés et sortis de la couse lors du dernier tour alors qu’ils se disputaient la victoire. L’un bloquait et l’autre poussait, un scénario qui devint populaire avec les années.

Le public adora l’action et NASCAR était passé au niveau supérieur. Mission accomplie par tout le monde!

Richard Petty et Lee Petty1981 – Septième victoire pour Richard Petty au Daytona 500

Richard Petty a remporté 200 victoires en catégorie supérieure de NASCAR, souvent avec l’aide de voitures mieux préparées, de son pilotage sans faute et du génie stratégique de son frère Maurice.

Après une courte carrière de pilote, Maurice se tourna vers la préparation des moteurs utilisés par l’équipe, et devint pendant plusieurs années le chef d’équipe pour Richard, contribuant aux 200 victoires et 7 titres remportés par ce dernier.

Maurice avait aussi le don de trouver le petit truc spécial qui donnait à Richard un avantage gagnant. Lors de cette course, il vit que les pneus s’usaient très lentement et décida de ne pas les changer lors du dernier arrêt, donnant à Richard une avance qui assura sa 7e victoire dans cette classique. 

Davey Allison et son père Bobby, vainqueur en 19881988 – Bobby Allison et son fils Davey dominent la course

La famille Allison a laissé sa marque sur NASCAR, les frères Bobby et Donnie des années 70 et 80, et Davey, une super étoile en devenir jusqu’à sa disparition lors d’un accident d’hélicoptère en 1993.

La bataille entre le père et le fils fut résolue lors du dernier tour, alors que Davey essaya de faire l’extérieur à son père pour gagner la course. Plus futé et habile en aérodynamique, Bobby reprit la tête et remporta une victoire « de famille » populaire au possible avec toutes les familles présentes dans les estrades et à la télévision – une belle illustration des « valeurs » de NASCAR.

Un jeune Dale Jarrett dans le cercle des vainqueurs, et le commentateur légendaire Chris « How Was I1993 - Dale c. Dale (Earnhardt et Jarrett)

Aucun des deux Dale n’avait remporté la victoire au Daytona 500 en arrivant pour l’édition 1993. Jarret n’avait qu’une seule victoire en poche, alors qu’Earnhardt en était à son 5e titre en Sprint et il était considéré comme l’homme à battre pour le 500 et le préféré de la foule.

Les deux se retrouvèrent seuls à l’avant du peloton en fin de course. Un essai de la part d’Earnhardt pour doubler Jarrett au virage 4 lors du dernier tour fut refoulé sèchement, donnant la victoire à ce dernier. Son père Ned décrivait l’action en direct à la télé américaine, et on pouvait aussi voir à l’image sa mère avec les yeux bien fermés tout au long de ce dernier tour.

De nos jours, Dale Jarrett agit comme analyste en Sprint pour la télé américaine.

1998 – Enfin la victoire pour Earnhardt père lors de sa 20e participation

Dale senior avait tout fait en NASCAR lorsqu’il se présenta au Daytona 500 de 1998, sauf gagner cette course de malheur. La guigne s’acharnait sur lui depuis 19 ans, le privant de la victoire : rebiffé par Dale Jarret au dernier tour, crevaison aussi au dernier tour, problème mécanique alors qu’il menait – tout lui était arrivé pour lui refuser ce couronnement.

Dale Earnhardt pèreSa course fut sans histoire. À son retour dans l’allée des puits, on a vu les officiels et membres des autres équipes s’aligner pour féliciter le grand champion qu’il était, maintenant accepté de tous et symbolique du succès de NASCAR après ses débuts des plus humbles.

Dale père jouissait auprès du public d’une aura exceptionnelle. Son pilotage musclé l’avait amené au sommet de son sport sans jamais avoir essayé de séduite le public. Il était toujours direct, un peu grognon, mais aussi avec un sourire un peu ironique. Il répondait toujours directement – pas de langue de bois – avec la vérité, contrairement aux pilotes trop mielleux que l’on retrouve trop souvent aujourd’hui et qui répondent aux questions difficiles qu’avec des phrases « correctes ».

En privé, Sr savait faire rire et s’occupait anonymement de plusieurs charités. Il aidait aussi des pilotes moins nantis que lui. Son fils Dale Jr a remporté le titre de pilote le plus populaire en NASCAR de 2003 à aujourd’hui, en bonne partie grâce à sa personnalité chaleureuse, son honnêteté et son sens de l’humour, hérités de son père et qu’il ne cherche pas à cacher.

Dale Earnhardt père a perdu la vie lors d’un accident au dernier tour du Daytona 500 de 2001.

Trevor Bayne2011 – L’impossible rêve : gagner le Daytona 500 à son premier départ en Sprint

L’aérodynamique a donné un aspect de loterie aux courses récentes. Trevor Bayne n’avait que 20 ans et aucune expérience en catégorie Sprint au départ de l’édition 2011. Il écoutait tout ce que les plus vieux pilotes lui disaient et ne commettait pas d’erreur en piste. Sa Ford de l’écurie des frères Wood poussait bien les autres voitures dans les longues files à la mode à l’époque et Bayne était populaire parmi les vétérans qui se laissaient pousser par lui vers l’avant du peloton.

En fin de course, Bayne décida de penser à ses chances de gagner et avança graduellement vers la tête de la course.

Il sut résister à un assaut de la part de Carl Edwards et remporta la victoire. Cendrillon avait gagné la plus importante couse de la saison, à 20 ans et sans aucune expérience à ce niveau!