Pour une deuxième épreuve d’affilée, le jeune Chase Elliott en a mis plein la vue en Série Nationwide en terminant de nouveau sur la plus haute marche du podium la fin de semaine dernière, sur le circuit de Darlington. Pour une recrue de 18 ans d’accomplir de telles choses si rapidement, ça prend une maturité hors pair, et c’est cette principalement cette qualité qui m’impressionne le plus chez lui.

Il ne faut pas s’en cacher, les équipements placés à sa disposition, et l’influence positive de son père (l’ancien champion de la Coupe Sprint Bill Elliott) contribuent à ses récents succès, mais il livre néanmoins la marchandise, et ça, personne ne peut lui enlever.

Ce qui me surprend le plus des victoires du jeune homme est le fait qu’elles ont été acquises sur des circuits passablement différents (à Darlington et au Texas), posant des défis différents. Et pourtant, il a réussi durant ces épreuves à rouler presqu'exclusivement à l’intérieur du top-5 ou à proximité.

Pour l’emporter, Elliott a démontré un sang-froid déconcertant en prenant l’extérieur à Elliott Sadler dans le tout dernier tour de l’épreuve. Il avait réussi une manœuvre très semblable aux dépens de Kevin Harvick, pourtant un vétéran chevronné, sur le Texas Motor Speedway lors de son premier triomphe.

Chase Elliott continue d'impressionner

En Nationwide, cette vague de jeunesse, dont Elliott et Kyle Larson – sixièmeen Nationwide, huitième en Sprint le week-end dernier – sont les figures de proue est un véritable vent de fraîcheur. Le portrait est désormais des plus relevés, et on sent qu’une réelle compétition est sur le point de s’installer entre de jeunes pilotes affamés et un groupe de vétérans qui se doivent de répondre au défi qui leur est lancé. D’habitude, les pilotes de Sprint « descendent » en Nationwide pour accumuler des victoires, mais ce mandat s’avère de plus en plus ardu pour ces derniers, avec la qualité des pilotes réguliers en présence. Présentement, c’est réellement plaisant à regarder.    

Harvick et Earnhardt fils, de sérieux prétendants

Toujours sur la piste de Darlington, Kevin Harvick a couronné une fin de semaine de rêve en Coupe Sprint en traversant la ligne d’arrivée en première place, lui qui avait obtenu la pole position lors des qualifications. Les chiffres montrent qu’il a été aux devants du peloton pendant près des deux tiers de la course en tête, soit 239 des 374 tours, mais dans les faits, il n’aura pas eu la tâche facile dans les derniers instants. Il a dû survivre à une relance alors qu’il restait une dizaine de tours à compléter, puis a dû livrer une bataille à Dave Earnhardt fils vers la toute fin, avant de lui ravir la première position avec deux tours et demie à faire.

Si l’on met de côté les ennuis mécaniques connus ici et là, Harvick performe admirablement bien dans chacune des courses qu’il réussit à terminer, avec des victoires à Phoenix et maintenant à Darlington. Avec Earnhardt fils, il est assurément le candidat le plus sérieux à surveiller pour le championnat des pilotes.

Jimmie Johnson est encore passé près

Pendant ce temps, les nouvelles réglementations, qui amènent de formidables résultats côté stratégie et spectacle soit dit en passant, semblent avoir débalancé Jimmie Johnson. En dépit de sa troisième place à Darlington, on le sent plus fragile qu’auparavant. Depuis la Chase l’an dernier, on voit régulièrement Earnhardt fils être aussi rapide que lui. Alors qu’on approche la dizaine de courses, lui et Matt Kenseth se retrouvent sans la moindre victoire, et c’est évident que cela commence à amener une pression supplémentaire.

Finalement, je ne peux passer sous silence l’annonce faite par Gene Haas il y a moins d’une semaine, à l’effet qu’il entend mettre sur pied une écurie américaine en Formule 1 d’ici deux ans. Bien que son courage soit louable, je suis d’avis comme plusieurs autres observateurs qu’il s’agit d’un pari risqué. J’ai de la difficulté à concevoir qu’il puisse atteindre des résultats intéressants, en formant une équipe « satellite », donc en étant établi sur un continent différent des autres écuries de F1. Bref, je suis de ceux qui croient qu’il s’agit d’une entreprise des plus audacieuses, probablement l’aventure la plus risquée dans laquelle s’est lancé Haas depuis ses débuts en course automobile.

* Propos recueillis par Maxime Desroches