Non aux programmes doubles
Course mercredi, 17 juil. 2013. 17:16 samedi, 14 déc. 2024. 16:13Je n'ai vécu qu'une seule fois la formule de programme double comme l'a présenté dans les rues de Toronto le week-end dernier l'Indycar. Cette expérience, je l'ai vécue à Trois-Rivières en Formule Atlantique, et même si j'ai remporté les deux épreuves, je n'aime pas ce concept de deux courses en 24 heures.
Comme Scott Dixon à Toronto, j'avais gagné parce que ma voiture était parfaite durant les deux courses.
Le pilote dont la voiture n'est pas en parfaite condition risque d'avoir des ennuis lors des deux courses et risque de dégringoler au classement. Physiquement, c'est aussi très difficile pour les pilotes.
Je cherche toujours le bénéfice pour le spectateur de tenir deux courses dans la même fin de semaine. J'aimerais mieux voir d'autres séries participer à l'événement et que la course principale soit présentée, comme en F1, le dimanche.
À l'heure actuelle, toutes les séries automobiles se battent pour le même groupe de téléspectateurs tellement la gamme de choix d'activités à suivre est large. Les séries essaient d'innover pour trouver la formule qui va attirer l'attention de l'amateur. Ça permet aussi aux organisateurs de présenter plus de courses tout en minimisant les coûts.
L'Indycar a besoin d'augmenter ses revenus parce que cette série en arrache depuis la séparation avec le Champ Car il y a quelques années. Je dirais toutefois que 2013 semble être la meilleure année de l'Indycar depuis la fin de l'alliance entre les deux séries.
L'Indycar a besoin de trouver une vitrine pour obtenir plus d'espace médiatique. J'ai personnellement couru dix ans dans cette série et je vous dirais que personne ne me connaissait aux États-Unis. En comparaison, je n'ai fait qu'une saison en coupe Sprint, en Nascar, et j'étais nettement plus connu. Je dis souvent sur un ton humoristique que lorsque le système d'alarme était déclenché chez moi, les employés de la firme de sécurité étaient plus intéressés à me parler de course Nascar que de mon alarme!
La seule fois où j'ai retenu l'attention dans les médias en Champ, Car, c'était après une victoire à Mid-Ohio où j'avais couru nu autour de la piste! Je me souviens encore d'avoir fait la une de CNN. Je n'étais pas impressionné de ce que j'avais l'air à la télévision, mais force est d'admettre que ça avait fait parler de notre série.
Les voitures Indycar ont l'air le fun à conduire, mais rebâtir une série n'est pas quelque chose de facile.
Le Nascar présente régulièrement des programmes doubles avec les mêmes pilotes, mais les courses ne sont pas dans les mêmes séries et pour un pilote, c'est plus plaisant. Quand il court dans deux séries différentes, le pilote sait qu'il vit autre chose et que les enjeux ne sont pas les mêmes. Si on présentait deux courses de Sprint par exemple, je suis persuadé que les gars n'aimeraient pas ça.
Dans un programme double, si tu es 22e dans la première course, il y a de bonnes chances que tu sois 22e dans la deuxième aussi. Ce n'est donc pas une surprise d'avoir vu Dixon gagner deux fois à Toronto parce que la voiture était supérieure durant cette fin de semaine. En plus, les deux victoires permettent à Dixon de grimper au classement. Si Helio Castroneves avait gagné les deux courses par exemple, je pense que le championnat aurait été dans la poche pour lui.
Bon pour le moral de Tag
Alexandre Tagliani a connu une bonne fin de semaine à Toronto, même s'il n'a pas terminé la première course alors qu'il avait été contraint à l'abandon avec quatre tours à faire. Il a réussi un top-10 lors de la deuxième épreuve, ce qui va faire le plus grand bien à son moral.
J'ai l'impression que son équipe n'a pas réussi à suivre les autres voitures des grosses équipes sur le plateau. Certaines équipes ont trois ou quatre voitures alors que l'équipe d'Alexandre n'a qu'une seule voiture. La recherche et le développement chez les équipes à trois voitures sont donc nettement plus rapides chez elles.
Avoir toujours des ennuis peut amener le pilote dans un cercle vicieux. Pour sauver sa saison, il pourrait courir des risques en piste pour améliorer son sort. De plus, il y a d'autres enjeux très importants qui sont rattachés aux résultats comme le renouvellement du contrat, la commandite et la préparation de la saison suivante. C'est pour cette raison que certains pilotes vont tenter un coup d'éclat pour sauver leur saison. La pression est forte et ça devient difficile par moment.
Le grand retour de Brian Vickers
La victoire de Brian Vickers en coupe Sprint à Loudon au New Hampshire est une très belle histoire. Il est passé très près de la mort il y a trois ans à la suite de caillot sanguin près de ses poumons et il avait eu du mal à se retrouver un volant.
Vickers, qui a gagné partout où il est passé, était avec l'équipe Red Bull au moment où la maladie a frappé. Cette maladie lui a fait perdre une partie de la saison 2010. Il est revenu avec la même équipe en 2011, mais Red Bull a décidé d'abandonner le Nascar après la saison, ce qui fait que Vickers s'est retrouvé sans volant. En 2012, il était devenu pilote itinérant en participant à des courses dans plusieurs divisions.
En raison de la maladie, on a senti que les équipes prenaient leurs distances de ce talentueux pilote. Plus personne ne voulait l'embaucher. On aurait dit que la maladie avait fait oublier l'excellente réputation qu'il s'était forgée.
Cette année, Michael Waltrip lui a donné quelques courses et Vickers a su saisir sa chance. D'ailleurs, ils étaient nombreux à se demander pourquoi Waltrip lui accordait cette opportunité de revenir. Vickers a déjà déclaré que la maladie lui avait fait perdre plusieurs amis, ce qui lui a permi par la force des choses de constater qui étaient ses vrais amis. Quand les choses allaient bien, il y avait plein de monde autour de lui, mais plusieurs ont subitement disparu quand il est devenu malade.
La maladie lui a fait vivre beaucoup de stress. D'abord, il devait se battre pour sa vie, puis il ignorait s'il allait courser à nouveau. De le voir gagner en fin de semaine est un très grand exploit. C'est là qu'on se rend compte que les choses vont très vite. On comprend mieux aussi pourquoi Denny Hamlin, qui est blessé au dos, tient tant à rester en piste. Il ne veut pas perdre sa place. C'est arrivé tellement souvent que des pilotes ont perdu leur place en raison de la maladie ou de blessure.
Et la victoire de Vickers en était une vraie. Il n'a pas gagné parce qu'il y a eu un drapeau jaune, il a gagné après s'être payé la tête de Kyle Busch et de Tony Stewart. C'est une performance phénoménale. Il a planté tout le monde. C'est une leçon de persévérance et d'acharnement.
Je pense que d'ici un mois, on lui accordera un contrat à temps plein pour l'an prochain. D'ailleurs des rumeurs couraient à cet effet dans les puits en fin de semaine.
Une pause salutaire
La plupart des séries automobiles sont en pause, sauf la série Nationwide qui sera en action dimanche. Lors d'un arrêt des activités, je dirais que les pilotes ont une assez belle vie, car ils peuvent partir en congé pendant quelques jours avec leur famille. Ce n'est pas le cas pour les mécaniciens qui eux n'arrêtent jamais. Même l'hiver, les mécaniciens sont au boulot pour préparer la saison suivante.
Certains pilotes vont prendre quelques jours pour aller à la chasse ou à la pêche. Je dirais que cette pause fait du bien et parfois relance le championnat, car ça permet à des pilotes de se reposer et de prendre le recul dont ils ont besoin.
Les gars aiment cette pause parce que la vie d'un pilote n'est pas toujours évidente. Ils sont en perpétuel déplacement. Puis avec les changements dans l'économie, plusieurs commanditaires ont déserté et beaucoup se battent pour les mêmes commandites. La pression de réussir est donc énorme et cette pause fait du bien à tout le monde. Avec les différentes séries, les pilotes doivent faire environ 50 courses dans l'année. À l'époque, en Indy, on faisait seulement une douzaine de courses au début.
*propos recueillis par Robert Latendresse