BASTIA, France - Sébastien Ogier (VW), auteur de quatre meilleurs temps dans les quatre spéciales au menu de vendredi, a pris les commandes du Tour de Corse/Rallye de France et attaquera la 2e journée samedi avec 44 secondes d'avance sur Thierry Neuville (Hyundai).

Le leader du Championnat du monde des rallyes (WRC), très en forme, n'a laissé que des miettes à ses rivaux. Il pourrait être sacré dimanche soir pour la 4e fois d'affilée en WRC, en cas de concours de circonstances favorables, mais pour l'instant il veut surtout gagner en Corse, au classement général, pour la première fois de sa vie de rallyman.

« Il y a toujours des petites choses à améliorer », a souri Ogier à son retour au parc d'assistance de Bastia, au coucher du soleil, « mais en terme de résultat oui, nous sommes complètement satisfaits », a ajouté le pilote VW, sans oublier son copilote Julien Ingrassia mis à rude épreuve par cette journée à rallonge : 95 pages de notes pour les 50 km de l'ES1 et l'ES3.

Ogier a commencé par négocier parfaitement la première épreuve spéciale du rallye (Acqua Doria-Albitreccia, 49,72 km), tout en regrettant que ses notes étaient « un peu lentes et nous ralentissaient », a-t-il expliqué à chaud, au point stop. Du coup, il a pu hausser le rythme lors du deuxième passage, en début d'après-midi. Bilan comptable : 44 secondes d'avance, ce qui va lui permettre de « gérer intelligemment » cette petite marge samedi, en « évitant de prendre tous les risques », surtout s'il se met un peu à pleuvoir sur la spéciale-marathon de La Porta (ES5 et ES7, 53 km).

Meeke le matin, Neuville l'après-midi

Le matin, dans cette ES1 très sinueuse et étroite, bordée d'une quantité de petits murets, le Britannique Kris Meeke (Citroën DS3) aurait pu faire mieux qu'Ogier... s'il n'était pas « parti en tête-à-queue en entrant dans une épingle », a-t-il expliqué au point stop.

Meeke a ensuite été moins heureux l'après-midi, crevant un pneu dans l'ES3 « pour une raison que je ne comprends pas », a-t-il regretté en fin de journée, et perdant deux minutes d'un seul coup. « Mais j'ai pris beaucoup de plaisir aujourd'hui, alors que je connais moins bien ce rallye que certains autres du calendrier », a dit le pilote Citroën, vainqueur cette année au Portugal et en Finlande.

Derrière Ogier et Meeke, la surprise est venue des Hyundai i20, groupées entre le 3e et le 5e rang à midi, et donc devant les deux autres pilotes VW, Andreas Mikkelsen 6e et Jari-Matti Latvala 7e, alors que le Finlandais avait gagné l'an dernier à Ajaccio.

Latvala et Mikkelsen ont renversé la tendance lors des deux passages de l'après-midi, et le Finlandais s'est replacé dans la course au podium, 3e à 14 secondes de Neuville mais 58 secondes d'Ogier : « Je ne sais pas comment il fait, c'est incroyable, je ne peux pas rouler aussi vite que lui », a confié Latvala à son retour à Bastia, lessivé par une journée de rallye très éprouvante. « Surtout dans les longues spéciales car au bout de 30 km je ne suis plus aussi efficace », a admis le vice-champion du monde, très lucide.

Les crevaisons de Meeke et Dani Sordo (Hyundai) ont bien fait les affaires des pilotes Ford de l'écurie M-Sport, en retrait le matin mais plus vaillants après la pause de midi. Pour son 100e rallye en WRC, Mads Ostberg, veut faire évoluer son pilotage sur asphalte, un processus entamé en Allemagne.

De quoi permettre au Français Eric Camilli, dans l'autre Fiesta RS, de remonter du 10e au 7e rang en deux spéciales (ES3, ES4), à deux minutes de l'extra-terrestre Ogier : « Je suis vraiment très content, car on a réussi à hausser le rythme cet après-midi. Les longues spéciales, c'est sympa, mais éprouvant. Au début, tu pars pour gérer les pneus et les freins, mais très vite tu te retrouves à "Mach 12" et ça passe, jusqu'à la fin ».