RIO CUARTO, Argentine - Il est « Monsieur Dakar », encore et toujours : Stéphane Peterhansel a remporté samedi son treizième Dakar au terme d'un duel des plus « serrés », de son propre aveu, avec son coéquipier Sébastien Loeb, candidat à la victoire pour sa deuxième participation.

« C’est l'intensité qui fait la beauté de cette victoire, se délecte Peterhansel. Elle a une saveur particulière parce que la compétition a été au plus haut niveau. Se battre contre Sébastien et terminer à quelques minutes (devant), ca n’est pas rien! »

Battu, Loeb veut effacer les regrets en regardant déjà vers l'avenir.

« On ne peut pas se reprocher grand-chose, estime-t-il. On a tout donné. On a fait un beau rallye. Deuxièmes cette année, il faudra faire mieux l'année prochaine. »

Avec Cyril Despres 3e, Peugeot décroche son premier triplé depuis 1990, quand le constructeur s'était retiré du rallye-raid, pour n'y revenir qu'en 2015.

« Un travail d'équipe vraiment extraordinaire dans un état d’esprit vraiment remarquable » se félicite le directeur de Peugeot Sport Bruno Famin.

La marque au lion a les griffes bien plantées dans une course dans laquelle ni les Toyota ni les Mini n'ont réussi à montrer les crocs.

Les principaux acteurs de son succès : Peterhansel, recordman de victoires dans le plus exigeant des rallyes-raids (treize, six en moto et sept en auto), et Loeb, nonuple champion du monde des rallyes qui confirme, avec son fidèle coéquipier Daniel Elena, qu'ils ont réussi leur reconversion, après une 9e place pour leur premier essai en 2016.

Navigation et hors-piste ne leur font plus peur et les deux hommes ont surtout perdu du temps sur des incidents mécaniques, comme lors de la 4e étape, où ils ont cédé une trentaine de minutes sur une panne moteur.

Loeb (5) et Peterhansel (3) se sont offert huit victoires d'étape sur dix possibles. Despres a lui aussi offert une étape au constructeur, qui totalise en outre quatre triplés et verrouille la tête de la course depuis la 2e étape.

« Serré »

La question n'a rapidement plus été de savoir qui pourrait stopper Peugeot, mais qui de Loeb, le pilote novice mais surdoué, ou Peterhansel, l'homme d'expérience, gentleman mais aussi roublard, lui apporterait la victoire.

« Des Dakar aussi serrés jusqu'à la fin, on n'en a pas connu souvent », notait le vétéran, qui a fait ses débuts dans l'épreuve en 1988 et gagné pour la première fois en 1991.

Finalement, c'est encore lui, le tenant du titre, 51 ans, le visage buriné témoin des années passées sur les pistes, le sourire de celui qui sait, qui a su profiter d'une crevaison de son coéquipier pendant la 11e étape vendredi, dans un secteur rapide et technique qui aurait dû avantager l'ancien pilote de WRC.

Avec le Qatari Nasser Al Attiyah, vainqueur en 2011 et 2015, « out » dès la 4e étape, sa voiture trop endommagée, Toyota n'a pas su s'imposer à travers l'Espagnol Nani Roma ou le Sud-Africain Giniel de Villiers, respectivement 4e et 5e.

Le Finlandais Mikko Hirvonen, lui non plus, n'a pas su capitaliser sur sa 4e place obtenue au premier essai en 2016, terminant seulement 13e de l'épreuve.

Intempéries

Ce 39e Dakar a aussi été marqué par les intempéries. Deux étapes, la 6e et la 9e ont été annulées, trois autres raccourcies. En tout, ce sont 1495 kilomètres chronométrés qui ont été annulés, sur 4093 prévus initialement, soit plus de 30 % du parcours.

Le plus long séjour du Dakar en Bolivie depuis qu'il a migré en Amérique du Sud en 2009 (cinq étapes autour de la journée de repos dimanche), que les organisateurs annonçaient décisif, laisse un goût d'inachevé.

La victoire s'est jouée sur des détails, la haute montagne n'aura pas été, comme annoncé, le juge de paix du « plus dur » des Dakar sud-américains.

Du côté des motos, un véritable leader doit encore émerger, pour prendre le relais de Cyril Despres et Marc Coma, qui a rejoint l'organisateur ASO.

Après l'Australie avec Toby Price en 2016, c'est la Grande-Bretagne qui s'est offert samedi une première victoire dans le Dakar, avec Sam Sunderland, 27 ans.

Celui qui avait participé au rallye-raid à deux reprises, soldées à chaque fois par un abandon, en 2012 et 2014, a pris la tête lors de la 5e étape, qu'il a remportée, pour la conserver ensuite grâce à sa constance.

À défaut de tête d'affiche incontestée, le constructeur autrichien KTM enregistre avec Sunderland rien moins que sa seizième victoire consécutive. Vertigineux.