MONTREAL - Au débit et au ton qu'il avait dans la voix, vendredi, il est clair qu'Alexandre Tagliani est emballé par la nouvelle aventure qu'il vivra la saison prochaine, en série IndyCar, à titre de pilote et partenaire d'affaires de la nouvelle écurie FAZZT.

"C'est extrêmement satisfaisant. C'est un poids de moins sur les épaules de savoir que ton avenir est assuré, que tu vas pouvoir te consacrer à conduire une voiture. Je suis extrêmement heureux", a lancé Tagliani, vendredi, lorsque croisé sur le circuit Gilles-Villeneuve, quelques heures après que la nouvelle eut été confirmée par voie de communiqué. Quelques heures, aussi, avant d'entreprendre les qualifications et les courses qu'il disputera au cours du week-end dans les séries Nationwide et Canadian Tire.

"Il y a beaucoup de bons pilotes qui se cherchent désespérément un volant, qui cognent à des portes, qui se cherchent des commanditaires, alors c'est vraiment difficile de se trouver quelque chose de stable dans un tel contexte. De me retrouver dans une telle position, c'est le plus beau cadeau que je pouvais recevoir", a ajouté le pilote de Lachenaie, qui s'est associé à l'homme d'affaires montréalais André Azzi ainsi qu'à Jim Freudenberg, qui dispose d'une expérience de plus de 20 ans dans le domaine du sport motorisé.

"Ce que Jim et André m'ont dit, c'est 'tout ce qu'on veut, c'est que tu t'entraînes, que tu pilotes et que tu représentes les commanditaires du mieux que tu peux. Tu n'auras pas à vendre de la commandite, à faire des présentations' - comme je le faisais dernièrement. Alors je suis content de redevenir juste un pilote, et de pouvoir me concentrer juste là-dessus. Pour la tête et la paix d'esprit, c'est la meilleure situation possible."

Bonne chance, dit Villeneuve

"Bonne chance, c'est de la 'job'", a dit Jacques Villeneuve lorsqu'invité à donner quelques conseils à Tagliani. On sait que Villeneuve a fondé l'écurie BAR avec Craig Pollock en F1, aventure qui s'est terminée en queue de poisson.

"Surtout que piloter en même temps (qu'être partenaire), c'est beaucoup de stress et de travail, a ajouté Villeneuve. Mais en même temps, c'est une sécurité. Donc s'il peut se le permettre, il a raison."

Tagliani sera partenaire à part entière de FAZZT, mais il ne portera officiellement ce chapeau que dans cinq ans, une fois que son contrat de quatre ans, assorti d'une année d'option, sera échu. D'ici là, il sera un partenaire silencieux.

"Les mécanos et les ingénieurs ne me verront pas comme un patron, a assuré Tagliani. Je vais être traité comme un pilote et si je fais une gaffe, je vais me faire réprimander, et c'est comme ça que je veux que ce soit pour la durée de mon contrat. Je vais m'entraîner dans le gym de l'équipe à l'usine et je vais avoir une bonne relation avec les gars, pour qu'il y ait une bonne entente entre nous. Et ça va s'arrêter là."

La nouvelle écurie, qui a racheté tout le matériel de l'ancien coureur Marty Roth, disposera de deux voitures pour les circuits routiers et de deux pour les ovales. La nouvelle équipe a par ailleurs embauché Rob Edwards, qui a passé 16 ans chez Walker Racing, pour la gestion quotidienne des opérations. Il agira à titre de directeur général et de directeur technique.

"On a le sentiment de pouvoir être une équipe compétitive dès la saison prochaine, a indiqué Tagliani. On a tous les outils et les atouts pour le faire.

"L'équipe a l'équipement pour opérer deux voitures, mais pour l'instant on ne va courir qu'avec une, a précisé Tagliani. On envisage la possibilité d'avoir une deuxième voiture en piste aux 500 milles d'Indianapolis, mais à part ça, on veut se concentrer seulement sur ma voiture au début. Le but, c'est de rendre l'équipe compétitive, ensuite on pensera à une deuxième voiture.

L'ajout d'une deuxième voiture devra "faire du sens financièrement", a indiqué Tagliani.

"Si quelqu'un amène de l'argent, tant mieux. Puis, une fois que mon contrat sera terminé, on va essayer de trouver un remplaçant, et c'est évident qu'on voudra donner toutes les chances à un pilote canadien, pour poursuivre la tradition. Comment on va faire la sélection, on ne sait pas encore, mais c'est le but.

"On se concentre sur moi pour l'instant, et les idées vont venir en cours de route."

Indy et NASCAR ensemble?

Azzi a par ailleurs exprimé le souhait de tenir une course d'IndyCar au Québec dès 2011. Le nombre de week-ends de course qu'on peut tenir chaque année à l'Ile Notre-Dame est limité à deux, mais l'IRL ne serait pas nécessairement condamnée à s'exiler à Mont-Tremblant. Il y aurait peut-être moyen d'accommoder l'IRL, même si NASCAR a assuré sa présence jusqu'en 2011 et que la F1 pourrait revenir dès l'an prochain.

C'est du moins ce qu'a laissé entendre François Dumontier, promoteur de la course montréalaise de la série Nationwide, et peut-être un jour de la course de F1, si le retour de celle-ci devait se confirmer.

"On pourrait faire comme ça s'est déjà fait aux Etats-Unis, avoir l'IRL et NASCAR sur la même piste au cours d'un même week-end. On ne sait jamais, ça pourrait être une bonne combinaison", a déclaré Dumontier, vendredi.

Dumontier s'est par ailleurs dit heureux pour Tagliani.

"Il n'a pas eu la vie facile ces dernières années, a-t-il noté. On ne parle jamais trop de course automobile, alors c'est une bonne chose d'avoir un pilote québécois qui s'affirme ainsi sur la scène américaine en IRL."

Dumontier a également louangé la volonté de FAZZT de bâtir une relève québécoise.

"Depuis que Player's s'est retirée, ça manque à la course automobile québécoise. Le sport automobile québécois a besoin de ça. Si leur projet prend forme et se développe, c'est une bonne chose."