SEPANG, Malaisie (AFP) - Quinze jours après la victoire de Michael Schumacher (Ferrari) en Australie, c'est un autre Schumacher, Ralf (Williams-BMW), le petit frère, qui s'est imposé dans le Grand Prix de Malaisie, deuxième épreuve du Championnat du monde de Formule 1, dimanche sur le circuit de Sepang, près de Kuala Lumpur.

A l'arrivée, le cadet des Schumacher devançait son coéquipier de Williams-BMW, le Colombien Juan Pablo Montoya, et la Ferrari de son frère aîné. Deux hommes déjà à la lutte à Melbourne, deux pilotes qui revenaient de loin, d'un accrochage dès la première courbe, à l'occasion d'un départ mouvementé. A l'image de celui du coup d'envoi de la saison.

A Melbourne, Ralf Schumacher et Rubens Barrichello (Ferrari) avaient fait le spectacle. Cette fois, c'était au tour de Michael Schumacher et Montoya, preuve de l'intensité de la lutte qui s'annonce entre Ferrari et Williams-BMW.

Michael Schumacher, comme à son habitude dès l'extinction des feux, plongeait sur la droite pour couper la trajectoire de Montoya. La Williams-BMW choisissait l'extérieur, les deux monoplaces roulaient alors côté à côte en pleine accélération jusqu'à 280 km/h. Au freinage, elles s'inscrivaient en même temps dans la courbe. L'inévitable se produisait.

"Décision scandaleuse"

La Ferrari et la Williams-BMW s'empêtraient l'une dans l'autre, l'Allemand perdant la "moustache" de sa monoplace. Si ce dernier était contraint de passer par le stand pour changer de museau, Montoya, lui, poursuivait sa course. Non sans avoir perdu quelques places.

Dès lors, la victoire devenait impossible pour Michael Schumacher. Peut-être pas pour le Colombien... jusqu'à une pénalité de la direction de course l'obligeant à passer par les stands. Une sanction très dure.

"On a vu bon nombre de situations plus extrêmes sans que des mesures soient prises. Là ce n'était qu'un simple accrochage", reconnaissait le quadruple champion du monde. "C'est une décision scandaleuse !", s'insurgeait quant à lui Jacques Villeneuve (BAR-Honda), modeste huitième de la course.

Montoya préférait faire contre mauvaise fortune bon coeur. "Ce n'est pas le premier incident de ce genre, et ce n'est pas le dernier. J'ai été chanceux dans cet accrochage, comme j'ai été chanceux d'être dans les points", déclarait le Colombien.

Paradoxalement, ce départ mouvementé profitait aux "punis" de l'Australie, aux deux pilotes par lesquels le carambolage de Melbourne était arrivé quinze jours plus tôt, Barrichello et Ralf Schumacher.

Si le Brésilien devait occuper la tête en début de course, une stratégie à deux arrêts, contre un seul à l'Allemand, semblait promettre une deuxième place au pilote de la Scuderia. Jusqu'au 40e tour, quand une épaisse fumée blanche s'échappait de l'arrière de la Ferrari, synonyme d'abandon.

Premiers points de Renault

Pendant que Ralf Schumacher (Williams-BMW) caracolait en tête, derrière, Montoya et Michael Schumacher bataillaient pour remonter. A grands coups de records du tour pour le Colombien au volant d'une Williams particulièrement véloce, chaussée de pneus Michelin ultra performants sous la terrible chaleur (33° celsius) de Sepang.

L'hécatombe des McLaren-Mercedes aidant -David Coulthard puis Kimi Raikkonen renonçaient tour à tour, victimes de leurs mécaniques- Montoya se hissait en deuxième position. Avant que l'aîné des Schumacher ne profite des ennuis de Jenson Button (Renault) sur la fin pour souffler au Britannique la 3e place dans le dernier tour.

Ralf Schumacher remportait sa quatrième victoire et Williams son premier "doublé" depuis le Grand Prix du Portugal 1996 (Jacques Villeneuve et Damon Hill). A l'époque, Renault motorisait les Williams. Dimanche, le constructeur français marquait ses premiers points en tant qu'écurie à part entière. Sauber ouvrait son compteur avec Nick Heidfeld (5e) et le jeune brésilien Felipe Massa (6e), qui fêtait son arrivée en F1.

Michael Schumacher l'avait prédit. Sur le sec, Williams serait redoutable. S'il conserve la tête du Championnat du monde des pilotes, l'Allemand se trouve sous la menace directe de Montoya et de son frère. Et Williams s'est hissé aux commandes chez les constructeurs. La Formule 1 ne pouvait connaître meilleur départ...