Jacques Villeneuve n'a pas été en mesure de se trouver de volant en Nascar, ni pour les 24 Heures du Mans. Patrick Carpentier a acquis énormément d'expérience l'an dernier en Coupe Sprint, mais il travaille dans la construction au Québec. Alexandre Tagliani nage dans l'incertitude quant au financement pour rouler en IRL. Puis Andrew Ranger n'a que le budget pour courir dans le championnat canadien de Nascar. L'année 2009 est désastreuse pour nos pilotes.

"Andrew a seulement trouvé un volant dans une série nationale : Patrick et Jacques n'ont plus de volant du tout, alors soyons réalistes, c'est décevant pour les pilotes québécois et les passionnées de sport automobile," a déclaré Philippe Brasseur, rédacteur en chef du Magazine Pole Position.

La crise économique mondiale, bien sûr, complique la recherche auprès des commanditaires. C'est parce qu'il n'a pas trouvé de commanditaires que Patrick Carpentier a mis sa carrière de pilote sur la voie d'accotement. "C'est certain. On aime courir pour le plaisir et on s'amuse. C'est ce que j'ai fait toute ma vie et si je pouvais le faire encore, je recommencerais."

C'est aussi parce que les coûts sont très élevés en série Nationwide, qu'Andrew Ranger n'a pas pu y faire le saut cette année.

"Nos commanditaires ont changé de philosophie, a avoué l'agent du pilote, Alan Labrosse. Ils voulaient donner l'argent à condition qu'on fasse un championnat Nationwide au complet. Ils nous ont dit :-"Si il n'y a aucune chance de gagner le championnat, prenez cet argent et mettez-le dans une série nationale au Canada."

On le constate, c'est l'argent et les commanditaires qui dictent tout en sport automobile. Carpentier utilise une formule plutôt imagée pour décrire la situation. "C'est comme une boîte de bonbons, s'ils sont attrayants les gens vont en acheter sinon ça reste sur les tablettes. Pour nous, c'est la même chose."

Et idéalement, en Nascar, le bonbon ou si vous préférez le pilote doit être Américain, ce qui manque peut-être aux Villeneuve et Carpentier. "Sur ma voiture, certains commanditaires ne voulaient pas embarquer parce que je n'étais pas Américains," a ajouté le pilote de Joliette.

"Je pense que les Canadiens aiment encourager un des leurs, croit Labrosse. C'est la même chose pour les Américains."

On ne doit pas non plus blâmer les entreprises canadiennes, qui ne sont pas des oeuvres de charité. Elles doivent aussi y trouver leur compte lorsque vient le temps de commanditer un pilote. "Le sport auto coûte cher et dans un contexte économique difficile, il faut s'assurer que l'investissement nous rapporte une valeur réelle," a mentionné le spécialiste du marketing sportif, Jean Gosselin.

D'après un reportage de Jean-Luc Legendre à Montréal