DAKAR (AFP) - Le Dakar-2007, amputé de deux étapes maliennes, écourté en Mauritanie, mené à un train d'enfer par les pilotes auto, mortel pour deux motards, a sacré une nouvelle fois KTM et Mitsubishi.

Cette 29e édition avait commencé sous un mauvais signe: des menaces islamistes d'un groupe salafiste avaient conduit le ministère français des Affaires étrangères à demander aux organisateurs d'annuler, le 28 décembre, deux étapes clés entre Néma (Mauritanie) et Tombouctou (Mali), les 16 et 17 janvier. Résultat: un parcours déséquilibré (moins de dunes) et allégé de 700 km qui devait favoriser la vitesse plus que l'endurance.

Le vent de sable, omniprésent cette année, se transformant en tempête le 12 janvier entre Zouérat et Atâr (Mauritanie), obligea la direction à écourter de 200 km la 7e étape à cause du manque de visibilité empêchant les hélicoptères d'assurer la sécurité des concurrents.

Et, comme toujours, les coups de théâtre n'ont pas manqué: Giniel De Villiers, déjà vainqueur de trois étapes (il gagnera ensuite la dernière spéciale à Dakar) et leader du classement auto avec une avance confortable (31:13. sur Peterhansel au soir de la 8e étape) est victime d'un incendie de son turbo et perd toute chance de gagner la course. Remorqué par son camion d'assistance, il terminera la 9e étape, Tichit-Néma (Mauritanie), à la 106e place, huit heures quarante-deux minutes et quatre secondes après le vainqueur du jour, Jean-Louis Schlesser.

Lundi noir

Et comme cela ne suffisait pas à Volkwagen: "sur le véhicule de Carlos Sainz, qui aujourd'hui était jusque-là nettement en tête, le moteur a calé et n'a pas pu redémarrer probablement à cause d'un problème électrique. Lui-aussi a été remorqué jusqu'au bivouac", annoncera un communiqué de l'écurie à l'issue de ce lundi noir.

Dès lors, Mitsubishi, qui connaît des problèmes d'embrayage sur ses voitures, a deux pilotes en tête du général: Peterhansel et Luc Alphand, le tenant du titre. Les deux hommes ne se feront pas de cadeau, mais il ne prendront pas trop de risque non plus pour assurer un 7e titre à la marque au diamant et monter sur le podium final à Dakar.

Volkswagen, qui avait largement dominé la première semaine sur les spéciales portugaises, marocaines et mauritaniennes, se fixe comme but de remporter le maximum d'étapes et engrange dix succès: cinq signés Sainz, quatre apportés par De Villiers et un obtenu au Portugal par le pilote privé Carlos Sousa.

Deux morts

La course moto, ultra dominée par le pilote espagnol Marc Coma (trois victoires d'étapes et huit jours en tête du général), qui possède près d'une heure d'avance sur son dauphin Cyril Despres, est bouleversée par une chute du pilote vedette de l'écurie Repsol dans la 13e étape, Kayes (Mali) - Tambacounda (Sénégal).

Coma a "jardiné" (cherché la bonne piste suite à une erreur de navigation), comme la veille. Egaré en solitaire sur un chemin parallèle à 6 km de la piste idéale, il trébuche sur une souche et heurte un arbre. Sonné, il abandonne. Son traumatisme crânien s'avérera finalement bénin, mais c'est fini pour le tenant du titre.

Les abandons des ses coéquipiers Jordi Viladoms et Giovanni Sala sur blessures, les jours précédents, a sans doute aussi joué dans sa décision d'arrêter la course, alors qu'il paraissait imbattable et qu'il était le seul pilote KTM a ne pas avoir connu de problème de boîte de vitesse.

Le 29e rallye-raid a aussi été endeuillé par la mort de deux motards: Elmer Symons (N.107/KTM), 29 ans, un Sud-Africain vivant aux Etats-Unis, tué sur le coup dans une chute au km 142 de la 4e spéciale entre Er Rachidia et Ouarzazate (Maroc), et Eric Aubijoux (N.26/Yamaha), 42 ans, domicilié à Royan (Charente-Maritime), bien connu dans les milieux du moto cross, de l'enduro, des montées extrêmes et des rallyes-raid, victime d'un malaise ou d'un accident (les versions divergeaient dimanche et une enquête a été ouverte), à 15 km de l'arrivée de la liaison finale de l'avant-dernière étape entre Tambacounda et Dakar.

La course des camions a également connu son coup de théâtre: l'abandon dans la 5e étape, Ouarzazate-Tan Tan (Maroc), du Russe Vladimir Tchaguine venu chercher un sixième titre sur le Dakar pour égaler le record du Tchèque Karel Loprais. Il a quitté le rallye en claudiquant après avoir retourné son camion Kamaz sur la piste. Les autres favoris néerlandais ayant aussi abandonné par la suite c'est Hans Stacey (Man) qui a finalement gagné.