LE CASTELLET (AFP) - Jacques Villeneuve, ancien champion du monde de Formule 1, a roulé pour la première fois cette semaine dans une Peugeot 908 à moteur V12 diesel HDi et filtre à particules qu'il pilotera aux 24 Heures du Mans (16-17 juin).

Ce petit événement a eu pour cadre le circuit Paul Ricard High Tech Test Track (HTTT), jeudi près de Marseille. Pour montrer son degré de motivation, le Québécois de 35 ans était arrivé la veille, avec son préparateur physique personnel. Comme en F1, jusqu'à ce qu'il quitte précipitamment l'écurie BMW-Sauber en plein milieu de l'été dernier.

Le diesel pour Villeneuve, jusqu'à 2007, c'était plutôt "dans des voitures de location, selon les pays". A partir de maintenant, c'est aussi sur la piste, dans la 908, et sur la route, dans le break 407 SW que Peugeot lui a attribué comme voiture de fonction. Pratique pour aller de la Suisse à Monaco avec sa femme et son petit garçon, né à la fin de l'année dernière.

Suprême ironie de l'histoire, c'est sur les terres de Bernie Ecclestone, sur le circuit rénové par le pape de cette F1 "robotisée" qu'il a quittée sans aucun regret -"Je n'avais plus envie de me prendre la tête"- que Villeneuve a fait démarrer sa 908 HDi. Il y a d'abord eu un nuage de fumée -ce sera interdit en juin au Mans- et un bruit de semi-remorque, puis tout est rentré dans l'ordre.

"L'écologie, c'est le futur"

"C'est une vraie voiture de course, avec un moteur de course qui pousse bien", a dit Jacques, rassuré, après avoir bouclé quelques tours dans son prototype high-tech de 700 CV en carbone. Il avait déjà conduit un proto, au Japon, mais c'était en 1992, bien avant la F1 et son titre de champion du monde en 1997.

"C'était une grosse Toyota Groupe C à moteur turbo, j'étais avec (Tom) Kristensen et (Eddie) Irvine, mais il n'y avait pas beaucoup de voitures. Une fausse course mais une bonne expérience en sortant de la Formule 3, parce que ça allait vite. On a cassé la boîte de vitesses", se souvient Villeneuve.

Avec la 908, ce sera une autre histoire, et d'abord des séances d'essais pour préparer cette "course mythique" qu'il veut ajouter à son palmarès, à côté des 500 Miles d'Indianapolis: "Il y a du travail de réglage à faire, il faut qu'on fasse du kilométrage. J'ai repris l'entraînement physique, donc pas de problème", ajoute le jeune retraité de la F1.

Quant au côté "écolo" du diesel et du filtre à particules, le Canadien n'y est pas indifférent: "La préoccupation principale c'était Le Mans, dans des conditions pour gagner. Je n'ai pas signé parce que c'est écologique, mais c'est un bonus. Ca rend les choses plus intéressantes, parce que l'écologie c'est le futur. L'Amérique du Nord est moins avancée sur le sujet, pour l'instant, mais ça va venir".

En Amérique, il y a aussi la fameuse série NASCAR: des fous furieux au volant de berlines surpuissantes de toutes les couleurs, à moteur V8, des courses très animées dans lesquelles Villeneuve espère retrouver bientôt le Colombien Juan Pablo Montoya. "C'est différent, donc c'est excitant", confie le Québécois, tout sourire. Au fait, en NASCAR, on roule à l'essence, pas au gazole, et c'est tout sauf écolo.