Week-end constructif à Portland
Course mardi, 12 juin 2007. 00:19 mercredi, 11 déc. 2024. 07:26
Après un long congé de près de deux mois, j'étais de retour dans ma monoplace de la série Champ Car en fin de semaine pour l'épreuve de Portland. Ce fut un week-end satisfaisant dans les circonstances. Nous avons commis quelques erreurs, mais nous avons appris nos leçons et je suis persuadé que nous quittons l'Oregon meilleurs que nous l'étions à notre arrivée.
Nous avons débuté la fin de semaine avec une quatrième place lors de la première séance de qualifications, un résultat satisfaisant compte tenu du fait que nous n'avions presque pas roulé vendredi. Il tombait des cordes et nous avons décidé de rouler avec de vieux pneus de pluie pour garder notre meilleur train pour la course. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'il ne nous servirait finalement même pas en course. On n'a donc pas été en mesure de faire une bonne lecture de notre voiture en matinée.
En après-midi, la pluie n'avait pas cessé et j'ai roulé avec des pneus neufs pour la première fois. Vous vous demandez peut-être pourquoi nous avons pris la peine de sortir les voitures sous la pluie. L'explication, c'est qu'il y a un règlement dans la série Champ Car qui veut que le détenteur du meilleur temps de la deuxième séance s'assure d'une place sur la première ligne de départ, même si son temps est moins vite que celui qui a réussi le deuxième meilleur temps en matinée. La pôle était peut-être inaccessible, mais on avait une chance de prendre la deuxième place.
Après mes deux premiers tours, je détenais le meilleur temps, ce qui a réjoui tout le monde dans l'équipe. Sur mon troisième tour, je me suis aperçu que j'allais rejoindre Sébastien Bourdais. J'ai décidé de ralentir et de me lancer sur un quatrième tour. Il paraît que l'équipe de Bourdais lui a signalé que j'arrivais sur un tour rapide et lui a demandé de me laisser passer, mais il ne l'a pas fait et s'est retrouvé dans mes jambes.
J'ai trouvé ça bizarre, mais ils ont quand même bien joué leurs cartes parce que j'étais un de ceux qui pouvaient repousser le Français sur la grille de départ. Je n'ai aucune preuve que l'obstruction était intentionnelle, mais disons qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment.
Nous sommes donc partis du quatrième rang, mais nous n'avons pas géré la course comme nous aurions dû le faire.
Premièrement, la voiture était difficile à conduire parce que nous roulions sur des pneus usés. Comme la course s'est déroulée sans drapeau jaune, certaines équipes ont décidé de faire des segments de course plus courts et de quitter les puits aussitôt que les pneus étaient changés. En bref, ils mettaient du carburant pendant le changement de pneus, c'est-à-dire sept ou huit secondes, pas plus. Moins de temps entre les arrêts veut dire une voiture plus légère, des pneus moins usés et une voiture plus facile à conduire en fin de segment. Résultat : mes adversaires ont été plus constants tout au long de la course.
De notre côté, nous avons fait notre premier arrêt un peu trop tôt. Nous avions encore du carburant, mais l'équipe a été conservatrice. Ensuite, il y a eu manque de communication à quelque part et ce qui devait être au départ un arrêt court s'est transformé en arrêt long. Non seulement nous avons perdu du temps dans les puits, mais une fois de retour sur la piste, ma voiture était plus lourde que celle des autres. Je suis rentré quatrième et je me suis retrouvé au 11e rang.
Pendant le reste de la course, il a fallu que je me batte pour remonter jusqu'au cinquième rang, au grand plaisir de l'équipe. En Champ Car, quand il n'y a aucun drapeau jaune, ton premier arrêt va guider ta stratégie pour le reste de la course. Ça nous a nui, mais nous n'avons pas abandonné et en bout de ligne, nous sommes parvenus à nous sortir d'impasse. Nous demeurons au quatrième rang au championnat sans trop perdre de terrain sur Robert Doornbos.
On s'aperçoit que la compétitivité est de plus en plus forte sur le circuit et la seule façon de battre Bourdais et de récolter des podiums, c'est d'être complètement parfait dans notre stratégie et l'exécution des arrêts aux puits. Ça sera donc un aspect qu'il sera important d'améliorer pour les prochaines courses, parce que ce sont des petites erreurs qui finissent par coûter cher.
Je peux vous l'illustrer concrètement. Pour finir en troisième place, il aurait suffi de rouler un dixième de seconde plus vite par tour. Ce n'est rien, des poussières, mais ça m'aurait donné un podium et tout ça aurait été possible simplement en roulant avec une voiture plus légère.
À ce niveau, il y a des choses qu'on a comprises et on a appris beaucoup en fin de semaine. D'une certaine façon, c'est bon ce qui nous est arrivé. Les prochaines courses vont être encore plus difficiles, plus importantes et si on se retrouve dans la même situation, il va falloir être prêt.
Départs arrêtés
Pour la première fois de son histoire, la série Champ Car avait décidé d'instaurer le départ arrêté pour la course de Portland et je dois dire que j'ai bien aimé l'expérience même si j'ai perdu une place dès les premiers mètres.
Will Power a connu un excellent départ et comme j'étais à l'extérieur, j'ai essayé de passer Bourdais. On s'est retrouvé à trois de large dans le premier virage et il n'y avait plus vraiment de place pour moi. J'ai décidé de ne pas trop forcer la note pour ne pas me retrouver KO avant même que la course soit entamée.
Je ne sais pas exactement quand, mais je sais que l'expérience sera répétée. Il n'y a rien de coulé dans le béton, mais la série Champ Car a cette facilité de changer certains règlements en cours de route. Ce sera assurément le cas à Cleveland, un endroit tout désigné pour ça. Il y a eu des problèmes lors des départs dans les années passées sur ce circuit à cause de la largeur de la piste. En faisant le départ arrêté, tu ne donnes pas l'avantage à ceux qui sont derrière de profiter de l'aspiration et de faire des gestes de cabochons dans le virage numéro 1.
Sur les circuits de ville, ça sera plus difficiles de changer le règlement parce qu'il y a des endroits où la ligne droite n'est pas assez large pour laisser les voitures passer si un pilote cale son moteur sur la grille.
Un bon show
Lundi et mardi matin prochain, nous allons effectuer d'importants tests sur le circuit d'Elkhart Lake, dans le Wisconsin. Après, c'est le retour d'un calendrier plus régulier avec la course de Cleveland.
J'apprécie le circuit de Cleveland parce qu'il est large et qu'il pardonne les erreurs. Pour que tu frappes quelque chose à Cleveland, il faut que tu sois hyper malchanceux. Ça donne toujours des courses excitantes avec des méchants dépassements. La piste est très rapide et les spectateurs en ont généralement pour leur argent. Contrairement à Portland, où il faut quasiment être kamikaze pour dépasser, à Cleveland, tous les éléments sont là pour donner un bon show. Ça devrait être une bonne course.
On se reparle dans deux semaines.
Propos recueillis par RDS.ca
Nous avons débuté la fin de semaine avec une quatrième place lors de la première séance de qualifications, un résultat satisfaisant compte tenu du fait que nous n'avions presque pas roulé vendredi. Il tombait des cordes et nous avons décidé de rouler avec de vieux pneus de pluie pour garder notre meilleur train pour la course. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'il ne nous servirait finalement même pas en course. On n'a donc pas été en mesure de faire une bonne lecture de notre voiture en matinée.
En après-midi, la pluie n'avait pas cessé et j'ai roulé avec des pneus neufs pour la première fois. Vous vous demandez peut-être pourquoi nous avons pris la peine de sortir les voitures sous la pluie. L'explication, c'est qu'il y a un règlement dans la série Champ Car qui veut que le détenteur du meilleur temps de la deuxième séance s'assure d'une place sur la première ligne de départ, même si son temps est moins vite que celui qui a réussi le deuxième meilleur temps en matinée. La pôle était peut-être inaccessible, mais on avait une chance de prendre la deuxième place.
Après mes deux premiers tours, je détenais le meilleur temps, ce qui a réjoui tout le monde dans l'équipe. Sur mon troisième tour, je me suis aperçu que j'allais rejoindre Sébastien Bourdais. J'ai décidé de ralentir et de me lancer sur un quatrième tour. Il paraît que l'équipe de Bourdais lui a signalé que j'arrivais sur un tour rapide et lui a demandé de me laisser passer, mais il ne l'a pas fait et s'est retrouvé dans mes jambes.
J'ai trouvé ça bizarre, mais ils ont quand même bien joué leurs cartes parce que j'étais un de ceux qui pouvaient repousser le Français sur la grille de départ. Je n'ai aucune preuve que l'obstruction était intentionnelle, mais disons qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment.
Nous sommes donc partis du quatrième rang, mais nous n'avons pas géré la course comme nous aurions dû le faire.
Premièrement, la voiture était difficile à conduire parce que nous roulions sur des pneus usés. Comme la course s'est déroulée sans drapeau jaune, certaines équipes ont décidé de faire des segments de course plus courts et de quitter les puits aussitôt que les pneus étaient changés. En bref, ils mettaient du carburant pendant le changement de pneus, c'est-à-dire sept ou huit secondes, pas plus. Moins de temps entre les arrêts veut dire une voiture plus légère, des pneus moins usés et une voiture plus facile à conduire en fin de segment. Résultat : mes adversaires ont été plus constants tout au long de la course.
De notre côté, nous avons fait notre premier arrêt un peu trop tôt. Nous avions encore du carburant, mais l'équipe a été conservatrice. Ensuite, il y a eu manque de communication à quelque part et ce qui devait être au départ un arrêt court s'est transformé en arrêt long. Non seulement nous avons perdu du temps dans les puits, mais une fois de retour sur la piste, ma voiture était plus lourde que celle des autres. Je suis rentré quatrième et je me suis retrouvé au 11e rang.
Pendant le reste de la course, il a fallu que je me batte pour remonter jusqu'au cinquième rang, au grand plaisir de l'équipe. En Champ Car, quand il n'y a aucun drapeau jaune, ton premier arrêt va guider ta stratégie pour le reste de la course. Ça nous a nui, mais nous n'avons pas abandonné et en bout de ligne, nous sommes parvenus à nous sortir d'impasse. Nous demeurons au quatrième rang au championnat sans trop perdre de terrain sur Robert Doornbos.
On s'aperçoit que la compétitivité est de plus en plus forte sur le circuit et la seule façon de battre Bourdais et de récolter des podiums, c'est d'être complètement parfait dans notre stratégie et l'exécution des arrêts aux puits. Ça sera donc un aspect qu'il sera important d'améliorer pour les prochaines courses, parce que ce sont des petites erreurs qui finissent par coûter cher.
Je peux vous l'illustrer concrètement. Pour finir en troisième place, il aurait suffi de rouler un dixième de seconde plus vite par tour. Ce n'est rien, des poussières, mais ça m'aurait donné un podium et tout ça aurait été possible simplement en roulant avec une voiture plus légère.
À ce niveau, il y a des choses qu'on a comprises et on a appris beaucoup en fin de semaine. D'une certaine façon, c'est bon ce qui nous est arrivé. Les prochaines courses vont être encore plus difficiles, plus importantes et si on se retrouve dans la même situation, il va falloir être prêt.
Départs arrêtés
Pour la première fois de son histoire, la série Champ Car avait décidé d'instaurer le départ arrêté pour la course de Portland et je dois dire que j'ai bien aimé l'expérience même si j'ai perdu une place dès les premiers mètres.
Will Power a connu un excellent départ et comme j'étais à l'extérieur, j'ai essayé de passer Bourdais. On s'est retrouvé à trois de large dans le premier virage et il n'y avait plus vraiment de place pour moi. J'ai décidé de ne pas trop forcer la note pour ne pas me retrouver KO avant même que la course soit entamée.
Je ne sais pas exactement quand, mais je sais que l'expérience sera répétée. Il n'y a rien de coulé dans le béton, mais la série Champ Car a cette facilité de changer certains règlements en cours de route. Ce sera assurément le cas à Cleveland, un endroit tout désigné pour ça. Il y a eu des problèmes lors des départs dans les années passées sur ce circuit à cause de la largeur de la piste. En faisant le départ arrêté, tu ne donnes pas l'avantage à ceux qui sont derrière de profiter de l'aspiration et de faire des gestes de cabochons dans le virage numéro 1.
Sur les circuits de ville, ça sera plus difficiles de changer le règlement parce qu'il y a des endroits où la ligne droite n'est pas assez large pour laisser les voitures passer si un pilote cale son moteur sur la grille.
Un bon show
Lundi et mardi matin prochain, nous allons effectuer d'importants tests sur le circuit d'Elkhart Lake, dans le Wisconsin. Après, c'est le retour d'un calendrier plus régulier avec la course de Cleveland.
J'apprécie le circuit de Cleveland parce qu'il est large et qu'il pardonne les erreurs. Pour que tu frappes quelque chose à Cleveland, il faut que tu sois hyper malchanceux. Ça donne toujours des courses excitantes avec des méchants dépassements. La piste est très rapide et les spectateurs en ont généralement pour leur argent. Contrairement à Portland, où il faut quasiment être kamikaze pour dépasser, à Cleveland, tous les éléments sont là pour donner un bon show. Ça devrait être une bonne course.
On se reparle dans deux semaines.
Propos recueillis par RDS.ca