Avec l’arrivée du mois d’avril, s’achève la saison de curling au Canada. La plupart des clubs de curling au pays vont fermer leurs portes au cours des prochains jours, des prochaines semaines pour la saison estivale. Tous les administrateurs des différents clubs au pays fermeront leur établissement en espérant que l’engouement pour leur sport, généré en grande partie par les Jeux olympiques d’hiver, survivra aux chaleurs estivales pour se matérialiser en achalandage accru à l’automne prochain au moment où ils seront prêts à reprendre leurs activités.

Jamais au cours des décennies qui ont précédé le retour du curling aux Olympiques comme sport officiel, le curling n’a bénéficié d’une si grande couverture médiatique et d'un si grand intérêt des gens que dans les semaines qui suivent les Jeux.

Ces mêmes gens qui s’empressaient depuis toujours d’accrocher des préjugés au curling comme étant un sport de vieux et un sport facile, semblent le temps d’une fonte de glace, respecter davantage les athlètes qui pratiquent ce sport et même leur voisin, leurs beaux frères qui tous les mardis soirs se dirigent vers leur club de curling local pour disputer leur match hebdomadaire. L’image du joueur de curling bedonnant à la Ed Werenich est de plus en plus remplacée par un jeune athlète à l’allure de John Morris ou de Rachel Homan.

Cette perception de plus en plus positive du curling n’a pas seulement des impacts au niveau international avec la création de plusieurs fédérations de curling dans des pays où le sport était inimaginable il y a quelques années à peine, mais a un impact chez nous également auprès de notre population et de certains de nos élus. La construction d'un nouveau centre de curling comme à Chelsea en Outaouais ou encore à Rivière-du-Loup dans le Bas-du-Fleuve sont des indices probants et concrets du progrès de ce sport dans la tête et le cœur des Québécois.

Alors, comment expliquer que des centres de curling, qui étaient durant de nombreuses années, presque des institutions en terme de curling au Québec annoncent leur fermeture comme ce fût le cas cette semaine pour le club de curling Laviolette à Trois-Rivières?

Deux choses expliquent cette situation à mon avis. La première étant d’ordre sociologique. La société change. Les habitudes de vie changent. Alors toutes les entreprises, que ce soit dans le divertissement ou autre, doivent s’adapter à ces changements si elles veulent prospérer et même survivre. Dans le monde du sport ou de l’activité physique si vous préférez, la tendance est beaucoup plus forte vers les sports individuels. La course à pied, le vélo, la randonnée ou autre sport de la sorte sont en pleine expansion et c’est tant mieux ( personnellement je les pratique tous…) Malheureusement les sports d’équipe comme le curling, la balle molle, le ballon-balai ou autres souffrent de cet individualisme de plus en plus présent dans nos activités récréatives. En ce qui nous concerne plus directement, je dirais que plus de gens apprécient le curling qu’avant ce que j’appelle le phénomène olympique, mais beaucoup moins de gens sont prêts à s’inscrire dans une ligue régulière tous les jeudis soirs par exemple.

 Alors comme mentionnés ci-dessus, les centres de curling qui veulent faire grandir leur clientèle  doivent s’adapter à cette nouvelle réalité et offrir un produit plus diversifié, plus acclimaté avec la nouvelle tendance dans les pratiques du sport. Offrir des possibilités d’utilisation des installations du centre sous d’autres formes que celle classique des ligues de jours ou de soir. L’émergence du curling mixte double, vient peut-être d’offrir un exemple du type de changement auquel il faut faire plus de place dans nos différents centres.  Le double mixte est plus près de l’individualisme tel que mentionné ci-dessus.  Le double mixte  se joue plus rapidement également, environ une heure de jeu versus les deux heures en match régulier, ce qui est un autre avantage pour les gens à l’horaire  surchargé.

John Morris, médaillé d’or aux derniers Jeux olympiques en double mixte, implore les clubs de curling du pays de mettre en place des opportunités pour pratiquer ce sport en double mixte malgré la réticence de certains joueurs plus traditionalistes. Autre temps, autres mœurs.

Pour ce qui est de l’autre facteur pouvant expliquer la fermeture de certains centres de curling alors que le sport est en pleine effervescence, elle est à mon avis de source plus historique. Je m’explique. Le curling au Québec a connu des années de vache maigre et pour contrer la baisse d’achalandage durant les années 70 et 80, la seule solution proposée par la plupart des centres de curling fut de baisser les prix. Faisant du curling encore aujourd’hui un des sports les moins coûteux à pratiquer. Si l’on compare aux autres activités sportives ou récréatives, les centres de curling ont tellement rabaissé leur prix, qu’il devient très difficile de rentabiliser les opérations. Lorsqu’il devient plus payant de faire autre chose avec son établissement que sa vocation première, nous avons un problème. Un ajustement sera nécessaire à cours ou à moyen terme à ce niveau pour certains établissements et avec l’accroissement évident de l’intérêt pour ce sport, facilitera grandement la mise à joue à ce niveau.

Bref le curling va bien au pays, il va bien au niveau international  et il va de mieux en mieux au Québec et cela en grande partie grâce à la couverture médiatique. Peu de sport amateur peut bénéficier d’une si bonne couverture d’année en année. À titre d’exemple, RDS aura diffusé plus de 150 matchs de curling depuis le mois de septembre dernier. Comme outil de promotion, difficile de faire mieux. Je suis convaincu que plusieurs fédérations sportives salivent de jalousie devant une telle couverture.
Ne reste plus aux administrateurs des différents centres de profiter de ce courant de sympathie envers ce sport et d’espérer que les chaleurs estivales ne fassent pas fondre ce nouvel engouement. Vivement le mois de septembre!

Parlant de couverture médiatique, RDS vous présentera à compter de samedi le championnat mondial de curling masculin en provenance de Las Vegas. Le Canada sera représenté par le champion mondial en titre  Brad Gushue.  En plus de tenter de mettre la main sur un deuxième titre de façon consécutive, il tentera de poursuivre la magnifique séquence dans laquelle sont impliquées les équipes canadiennes. Avec la victoire en finale du mondial féminin dimanche dernier, Jennifer Jones a porté à 44 le nombre de victoires consécutives pour le Canada en championnat mondial. Une séquence tout à fait inimaginable à une époque où le curling au niveau international n’a jamais connu une si vive effervescence et un si haut niveau de jeu.

GO Brad GO!