Dans le désir d’augmenter la visibilité du sport et de promouvoir la Coupe continentale de curling, la décision fut prise de déplacer cette Coupe hors des frontières canadiennes. Le choix s’est arrêté sur Las Vegas. Il n’y avait aucun doute que cette destination était pour plaire aux participants. La grosse question était de savoir quel accueil réserveraient les Américains à un tel événement. Bien que le curling soit de plus en plus populaire chez nos voisins du sud depuis que celui-ci est devenu un sport olympique, le pari était quand même osé.

On avait peut-être sous-estimé la passion des Canadiens pour le curling. Une passion qui motive plusieurs partisans de joindre l’agréable à l’agréable… et de se taper un petit séjour dans la ville des illusions pour aller supporter leurs joueurs de curling favoris dans cette compétition internationale. Les résultats furent plus que surprenants en terme d’assistance, faisant de l’édition 2014 de la Coupe continentale une des plus populaires de l’histoire de cette compétition. (L’assistance totale fut de plus de 51 000 spectateurs, écrasant par plus de 9000 l’ancien record d’assistance de cette compétition)

Il est assez ironique que la même année où cette Coupe continentale de curling fait un succès monstre aux États-Unis, soit la même année ou l’Association canadienne de curling décide de modifier la formule existante et de soustraire les équipes américaines de leurs participations assurées à cette compétition.

Depuis le début de cette compétition, qui est copiée en quelque sorte sur la coupe Ryder au golf, la formation de l’Amérique du Nord était composée des quatre équipes canadiennes et de deux équipes américaines. Or, dès l’an prochain, la Coupe continentale opposera plutôt le Canada et non l’Amérique du Nord au reste du monde. Fini la collaboration obligatoire de deux formations américaines. Dans les faits, il y aura un processus d’alternance, une année sur deux. Le Canada affrontera le reste du monde, qui pourrait comprendre des formations américaines, et dans l’autre année, on affrontera uniquement des représentants d’Europe.

La question se pose à savoir si la décision de modifier la formule à partir de 2015 n’aurait pas pu être prise après avoir complété l’expérience à Las Vegas. Ne venons-nous pas de nous priver d’un superbe marché (le marché américain) pour les années à venir? Pourquoi pas une autre Coupe continentale au cœur de Manhattan? Ou sur les côtes de la Floride où de nombreux « snowbirds » canadiens pourraient offrir un bassin de spectateurs intéressant.

Au moment de faire l’annonce de la nouvelle formule, les dirigeants de l’Association canadienne ont laissé savoir qu’il serait quand même possible que la Coupe continentale retourne au sud de la frontière dans un avenir rapproché. Difficile cependant d’entrevoir la tenue d’un tel évènement en sol américain sans la présence d'une formation américaine. Les chances de voir les équipes américaines réussir à se tailler une place au sein de la formation mondiale, à ce stade-ci de leur développement, sont fort minces.

Ceci étant dit, lors de la Coupe continentale 2014, nous avons vu l’Amérique du Nord conserver son titre acquis en 2013. C’est la première fois depuis le début de cette compétition internationale en 2002 qu’une formation réussit à conserver son titre. La domination nord-américaine s’est fait sentir dans tous les types de compétitions sauf dans le format individuel, où la formation mondiale a remporté 5 des 6 points en jeu. Le pointage final fut de 35-25 en faveur des Shuster, Jabobs, Homan et compagnie.

En ce qui a trait à la qualité du spectacle offert, il fut plus que satisfaisant malgré les lacunes de certaines épreuves. Je cherche encore l’amateur de curling qui me dira qu’il se régale de la formule du 2 contre 2 mixte! Formule que l’on tente de promouvoir du côté de la Fédération de curling mondiale en vue d’en faire un évènement olympique, mais qui est loin de susciter l’intérêt des amateurs de curling. La prédisposition de pierres et le nombre limité de celles-ci par bout enlèvent trop de pages au grand livre de stratégie du curling lors de ce type d’affrontement et nuit sensiblement au spectacle.

Les jeunes joueurs en présence, on pense ici à la formation de Rachel Homan, d’Eve Muirhead, Mustsuki Fjisawa, Brad Jacobs et Niklaus Edin, ont apporté un vent de fraîcheur à cette compétition qui en avait besoin. Ils nous ont donné un avant-goût de ce qui risque d’être les prochains Jeux de Sotchi puisque des 12 formations en présence lors de cette Coupe continentale, 9 se retrouveront sur les glaces de l’igloo de Sotchi d’ici quelques semaines. Le curling international subit un vent de rajeunissement notable depuis quelques années et la Coupe continentale de curling 2014 en a été un bel exemple.