En ce mercredi matin 6 mars 2013, nous nous retrouvons à mi-chemin du tournoi à la ronde du Championnat canadien de curling masculin. Traditionnellement, c’est à partir du mercredi que l'on sépare les hommes des enfants. Tout le monde a eu sa récréation. Toutes les équipes ont été éblouies par l'ampleur de la scène, des réactions de la foule, de l'ampleur médiatique, de l'accommodement des centaines de bénévoles, etc. Certaines formations un peu expérimentées se laissent intimider par l'ampleur de l'évènement, d'autres s'acclimatent mieux que prévu. Bref, en début de tournoi à la ronde, nous assistons souvent à quelques surprises tant négatives que positives.

Dans les catégories des belles surprises, mentionnons la performance de l'équipe de Terre-Neuve-et-Labrador du capitaine Brad Gushue. Celui-ci a connu son pire Brier en carrière l'an dernier, mais cette fois-ci, malgré le départ du vétéran Ryan Fry à la position de troisième, il se retrouve au sommet du classement général en ce beau mercredi du mois de mars, lui qui dirige la plus jeune formation du tournoi.

Toujours dans la catégorie des belles surprises, comment ne pas mentionner notre formation québécoise. Avec une fiche de cinq victoires et une seule défaite à ce stade-ci du tournoi, on dépasse grandement les prédictions des amateurs du reste du pays qui connaissent un peu moins Jean-Michel Ménard et sa troupe. On savait qu'il avait de bonnes chances de participer au quatuor final et force est d'admettre que jusqu'à présent il s'est bien positionné pour atteindre cet objectif. La formation québécoise a adopté un style un peu plus conservateur lors de cette compétition qu'elle ne le fait sur une base habituelle. Est-ce l'influence de l'arrivée de leur 5e joueur/entraîneur Pierre Charette qui a motivé cette nouvelle orientation? J'ai bien l'impression qu'il y est pour quelque chose. Pierre Charette connaît très bien les adversaires dans ce championnat, il est un excellent stratège et un motivateur hors pair.

Rien n'est joué pour le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, mais disons que ces deux formations se sont bien positionnées jusqu'à présent en vue du week-end qui s’en vient.

Certaines équipes sont égales à elles-mêmes comme l’Ontario, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard, bien qu'elles soient aux antipodes du classement général.

Parmi les déceptions, commençons d'abord par le nord de l'Ontario, une jeune formation extrêmement talentueuse qui a bien fait contre les formations moins bien nanties, mais qui a connu de lents départs dans leur match contre Gushue et Howard. Dans ces deux matchs, Jacobs a accordé des bouts de trois dès la première manche. Tom Coulterman, vétéran entraîneur de cette formation, devra encourager ses protégés à ne pas prêcher par excès de confiance face à leurs adversaires et à appliquer un style de jeu plus conservateur en début de rencontre.

La Colombie-Britannique et la Saskatchewan ont également laissé leurs partisans sur leur appétit. Pas seulement au chapitre de leurs fiches offertes, mais aussi au niveau du style de jeu préconisé, soit un jeu extrêmement conservateur avant la zone de garde protégée qui remonte presque aux belles années de Pat Ryan et qui rapporte très peu de succès dans le curling d'aujourd'hui.

Mais sans aucun doute, la plus grande déception est celle de la formation albertaine. Elle déçoit les amateurs locaux par la piètre qualité de son jeu, déçoit les entraîneurs en herbe par leur mauvaise gestion des facteurs de distraction (pression additionnelle de jouer à la maison et difficulté à gérer les nouvelles pierres utilisées par l'Association canadienne lors de ce championnat) et déçoit les analystes pour ne même pas être capable de vaincre le Nouveau-Brunswick même dans des circonstances difficiles.

S’il y a un groupe que la formation de Kevin Martin ne déçoit pas, ce sont les équipes qui se qualifieront pour les prochains essais olympiques en décembre prochain. Celles-ci assistent sur les glaces du Rexall Center à une véritable implosion en règle d'une des meilleures formations de l'histoire du curling masculin. Cette formation est en train de se sortir de la compétition non seulement dans ce championnat canadien 2013, mais possiblement aussi pour les Olympiques de Sotchi en 2014.

Plusieurs observateurs savaient déjà que la dynamique d'équipe de cette formation était quelque peu fragile pour ne pas dire douteuse. Mais leur réaction sur les glaces en début de tournoi sonne une alarme encore plus importante et plus négative que ce que l'on pouvait imaginer.

La formation de Kevin Martin a encore quelques matchs (cinq) d'ici la fin du tournoi pour se ressaisir comme équipe et je ne parle pas nécessairement du nombre de victoires. Si la chute aux enfers devait se poursuivre pour Kevin Martin et compagnie, les séquelles de leur attitude les uns envers les autres pourraient avoir des répercussions jusqu'en décembre prochain.