La portion du tournoi à la ronde est terminée en ce qui concerne le Championnat du monde de curling féminin. Un tournoi à la ronde qui nous a réservé très peu de surprise. Il y avait en début de compétition certaines certitudes qui ont en très grande partie été respectées. On savait que la Suède, le Canada et l'Écosse étaient parmi les favoris et tous les trois ont réussi à s'emparer des trois premières positions. On savait également que la Lettonie, l'Italie et le Japon n'avaient pratiquement aucune chance de terminer parmi les quatre premières postions et de se hisser dans la ronde des médailles.

Il demeurait donc quelques formations que l'on voyait se battre pour une place dans la deuxième portion de ce tournoi : États-Unis, Suisse, Russie, Chine et Danemark. Trois de celles-ci se sont même retrouvées en bris d'égalité pour déterminer qui rejoindrait les formations de tête en vue de la ronde des médailles. Les États-Unis auront finalement eu le dessus en remportant deux matchs de bris d'égalité et auront l'occasion d'affronter le Canada en quart de finale, samedi matin.

Si l'on devait identifier la plus grande déception, on regarderait immédiatement du côté de la formation de la Chine. La formation de Bingyu Wang, qui a connu un début fulgurant sur la scène internationale en remportant le titre mondial en 2009 et la médaille de bronze aux Olympiques de Vancouver semble en perte de vitesse depuis le départ de son entraîneur, le Québécois Dan Raphaël. La fédération chinoise de curling a cru bon se départir des services du Québécois après Vancouver sous prétexte que les entraîneurs chinois étaient prêts à prendre la relève. Dan Raphaël, qui avait réussi presque un miracle en aidant la Chine à remporter le titre mondial en 2009, doit, comme on dit chez nous, rire dans sa barbe des difficultés de la formation chinoise depuis quelques années. Il en a fallu de peu pour que la Chine ne réussisse même pas à se qualifier pour les Jeux de Sotchi. Heureusement pour elle, les Italiennes n’ont guère fait mieux lors de ce Championnat mondial sinon elle aurait raté le rendez-vous des prochains Olympiques.

La Russie représente probablement une autre déception. Bien que celle-ci ait atteint le bris d'égalité, une fiche de 6-5 lors du tournoi à la ronde après avoir remporté le titre européen tout juste avant la période des Fêtes va certainement ramener sur terre cette jeune formation. Certains la voyaient déjà sur le podium à Sotchi en 2014. Sa performance et la façon de négocier avec la pression laissent planer un fort doute quant à ses chances de monter sur le podium olympique. On sait que lors du dernier match du tournoi à la ronde, un match crucial contre les États-Unis, l'entraîneur a même cru bon de chambarder sa formation en milieu de rencontre, insatisfait de la qualité du jeu offert par ses joueurs. Une telle réaction est inimaginable de la part d'un entraîneur canadien.

Parmi les belles surprises, mentionnons brièvement la performance du Japon, jeune formation qui participait à une première compétition internationale d'envergure, et la progression de la formation écossaise. La capitaine Ève Muirhead fait tourner les têtes depuis quelques années malgré son jeune âge et est lentement mais sûrement en train de s'approcher de la position de tête en vue des Olympiques de Sotchi.

Pour nos Canadiennes, disons qu'elles ont réalisé rapidement en début de tournoi comment la feuille d'érable au dos de leurs manteaux pouvait être lourde. C'est une chose d'espérer performer dans une compétition donnée, c'en est une toute autre d'avoir les yeux de la plus grande nation en curling tournés vers soi et ne s'attendre à rien d'autre que des victoires.

Rachel Homan et compagnie se sont bien ajustées dans la deuxième portion du tournoi à la ronde. Non seulement ont-elles terminé le tournoi avec quatre victoires consécutives, elles ont surtout amélioré la qualité de leur jeu à mesure que le tournoi se déroulait. Cette situation est de très bon augure pour les Canadiennes. Évidemment, elles auraient préféré terminer au premier ou deuxième rang pour accéder directement à la demi-finale, mais comme le disait le vétéran Ed Werenick, légende du curling masculin canadien, le seul problème dans le fait de jouer un match de plus dans la ronde éliminatoire est que l'on peut le perdre. Étant donné la progression qu'a démontrée le Canada dans le tournoi, ce match de plus ne pourra qu’être profitable à nos représentantes.

Prédiction du jour! Le Canada va disposer de l'Écosse en grande finale dimanche matin! Je vous rappellerai cependant ce vieil adage que l'on doit modifier pour l'ensemble des amateurs de sports au monde : « Nul n'est prophète en son pays ».