Le Brier édition 2015 s'amorce ce week-end en provenance de Calgary. Bien que cet évènement sportif d'envergure au Canada (principalement dans les provinces de l'ouest canadienne) en soit à une 56e édition, la version 2015 apportera quelques changements non sans importance pour les participants et les amateurs de curling.

Dans un premier temps soulignons une première participation d'une équipe Canada. Effectivement à l'instar de ce qui se fait depuis plusieurs années du coté féminin, (Tournoi des cœurs) le Brier verra l'équipe qui a remporté le championnat canadien l'année précédente, venir défendre son titre sous les couleurs d'Équipe Canada. Ce concept longuement réfléchi par les dirigeants de l'association canadienne de curling et annoncé l'an dernier, a bien failli tourner au vinaigre car l'équipe ayant été couronnée championne canadienne l'an dernier a pratiquement volé en éclats une fois le championnat mondial terminé.

Rappelons les faits. Kevin Koe et sa troupe remporte le titre canadien en 2014 et s'apprêtaient à se diriger vers Pékin pour y disputer les championnats mondiaux au moment où a commencé à circuler la rumeur voulant que le capitaine Koe apporterait des changements majeur à sa formation pour la saison suivante. Nul besoin de vous dire que le climat au sein de la formation n'était pas à son mieux à Pékin, et que les résultats s'en sont fait sentir. Le Canada n'a pas réussi à remporter le titre mondial, bien qu'il était largement favori.

Une fois la saison terminée, la rumeur s'est concrétisée et Koe a annoncé qu'il tenterait sa chance en 2015 avec trois autres joueurs. Carter Rycroft, deuxième de la formation, avait quant à lui laissé planer le doute quant à la poursuite de sa carrière comme joueur actif. Ce qui voulait dire que la première Équipe Canada était dorénavant à toute fin pratique inexistante. Les règlements de l'association canadienne stipulent que la formation doit maintenir un minimum de trois joueurs dans ses rangs pour pouvoir bénéficier du privilège de porter les couleurs d'Équipe Canada au prochain Brier.

Durant quelques semaines, les spéculations furent nombreuses à savoir ce qui adviendrait de cette fameuse Équipe Canada. Devrait-on oublier ce processus qui ne plaisait pas à tous pour des raisons que j'énoncerai plus loin dans le texte? Devrait-on simplement offrir le titre à la formation de John Morris, qui s'était inclinée en finale du Championnat canadien? Après quelques semaines de tergiversations, Carter Rycroft à annoncé qu'il remettrait à plus tard ses projets d'année sabatique, et John Morris, capitaine de la formation de la Colombie Britannique, qui s'était incliné en grande finale, s'est joint à l'ancienne formation de Kevin Koe et la première équipe Canada était formée. Elle allait officiellement participer à l'édition 2015.

Comme mentionné ci-dessus, l'arrivée d'Équipe Canada ne fait pas l'unanimité pour autant. En effet avec l'ajout d'une 13e formation au championnat canadien (10 provinces, un territoire, le nord de l'Ontario et dorénavant Équipe Canada), le nombre de formations est dorénavant trop élevé pour permettre de tenir l'évènement dans son cadre habituel, soit à l'intérieur d'une période de 10 jours.

L'association canadienne de curling souhaitait également permettre aux différents territoires canadiens d'avoir des représentant différents pour chacun d'entre eux. Donc, le Yukon et les Territoires de Nord-Ouest furent scindés en deux et on ajouta un territoire supplémentaire, le Nunavut. Ce qui en bout de ligne se traduit par une surabondance de participants potentiels. La solution choisie fut de tenir une pré-qualification au Brier pour déterminer la 12e équipe invitée.

Le Nunavut ayant refusé l'invitation pour 2015, un mini-tournoi se déroule au moment d'écrire ces lignes pour déterminer qui, entre l'Ile du Prince- Édouard, de la Nouvelle-Écosse (ces deux provinces ont terminé dernières au cumulatif des victoires des trois dernières années au championnat masculin de curling) ou du Yukon serait de l'édition 2015.

Le coté négatif et décrié par plusieurs est le fait qu'au moins une  - et peut-être deux provinces canadiennes - ne participeront pas au Brier. Il va de soit que ces absents proviendront de provinces moins bien nanties en termes de joueurs et de ressources financières. Ces provinces seront privées de leur principal outil promotionnel, n'ayant pas d'équipe pouvant accéder à coup sûr au Championnat canadien.

Bref, un dossier qui n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre et qui risque de créer de fortes réactions négatives de la part des différentes associations provinciales exclues du Championnat, surtout de la part des amateurs de curling des ces provinces. Imaginez pour un instant l'impact qu'aurait au Québec un championnat canadien de curling sans la participation d'une formation québécoise. Ce serait dévastateur pour les promoteurs de ce sport.

Dans un autre ordre d'idées, parmi les changements importants auxquels nous assisterons au cours des prochain jours, il y a le rajeunissement si l'on peut dire des participants à cette compétition. Pour une première fois depuis que je suis le curling de façon intensive, le Brier n'aura pas Howard (faux, le fils de Glenn Howard y sera avec la formation de Mark Keane) de Martin, de Stoughton etc. Dans les faits, Jean-Michel Ménard, d'Équipe Québec, avec ses 39 ans et sa septième participation au Brier (dont un titre en 2006), sera l'un des capitaines les plus âgés et expérimentés!

Parmi les autres formations à surveiller, mentionnons les noms de Koe (double champion canadien) ainsi que les trois médaillés d'or olympiques en John Morris, Brad Gushue et Brad Jacobs. Il est quand même exceptionnel de retrouver les trois derniers médaillés d'or olympiques à un même championnat canadien. Le reste de la meute sera formé de jeunes loups pour la plupart. Jeune loups certes, mais fort talentueux. Lorsque l'on regarde de plus près, on voit des noms comme Laycock (Saskatchewan), Carruthers( Manitoba) Keane (Ontario) et Casey (Ile du Prince-Édouard), des capitaines de jeunes formations qui se sont imposées de belle façon en 2014-15 sur le circuit mondial de curling, et qui font dorénavant partie de l'élite canadienne en curling masculin.

Bien malin celui qui réussira à sélectionner les quatre formations qui se distingueront et qui participeront à la ronde des médaille. Il y a belle lurette qu'autant d'équipes se sont présentées aux championnat canadiens avec une chance de remporter le titre. À mon humble avis, au moins neuf formations participant à l'édition 2015 peuvent aspirer aux grands honneurs, et le Québec fait certainement partie de ce groupe.

Cette parité dans le championnat canadien masculin arrive à un bien bon moment pour les dirigeants de l'association canadienne de curling, puisque la lutte pour les places sur le podium devraient donner place à un spectacle plus qu'intéressant et détourner l'œil des amateurs vers le sport lui même, et non vers le conflits politiques que suscitera sans aucun doute, la non-participation de toutes les provinces canadiennes au championnat dit canadien.