BRUXELLES - Les principales manchettes en cyclisme, en 2008, ont été consacrées à quelqu'un qui n'a pas donné un seul coup de pédale dans une compétition d'importance. Les remous qu'ont provoqué la nouvelle du retour de Lance Armstrong sont la preuve de son rayonnement sans égal et du piètre état dans lequel se trouve son sport.

Dommage pour Carlos Sastre, qui a remporté le Tour de France, ou Chris Hoy, qui a décroché trois médailles d'or aux Jeux olympiques de Pékin.

Le seul coureur assez charismatique pour rivaliser avec le geste spectaculaire d'Armstrong était Alberto Contador, mais les organisateurs du Tour de France ont décidé de tenir le champion en titre bien loin de la plus grande épreuve cycliste parce que l'équipe Astana avait été associée à des scandales de dopage l'année précédente.

Contador a quand même fait montre de ses talents en remportant le Giro d'Italie ainsi que la Vuelta d'Espagne.

D'une certaine façon, le monde du cyclisme devrait être soulagé que l'Américain de 37 ans provoque une tempête médiatique en septembre en annonçant son retour à la compétition après une retraite de trois ans. Sinon, les bilans de l'année 2008 auraient encore une fois été monopolisés par des scandales de dopage.

Rien qu'au Tour de France, quatre étapes ont été remportées par des tricheurs, tandis que le champion grimpeur et auteur de la troisième place, l'Autrichien Bernard Kohl, a lui aussi été pris à consommer la substance interdite à la mode cette année: la CERA.

A la fin d'une autre année démoralisante pour le cyclisme, ne reste que l'espoir de meilleures choses à venir.

Grâce à Armstrong, il y aura beaucoup de fébrilité d'ici la fin de l'hiver. Non seulement tentera-t-il fort probablement de décrocher un huitième triomphe au Tour de France, mais l'Américain participera aussi au Giro pour la première fois et il aura Contador comme coéquipier chez Astana.

Sastre a remporté le Tour de 2008 en résistant à Cadel Evans lors de l'avant-dernière journée à l'occasion du contre-la-montre. Même si la compétition a été serrée, les meilleurs coureurs n'ont jamais suscité l'engouement comme les champions du passé.

C'est plutôt le dopage qui a encore occupé l'avant-scène. Déjà aux prises avec deux Tours gâchés par le dopage, les organisateurs n'ont pu éviter le tour du chapeau.

Riccardo Ricco, le vice-champion du Giro, a remporté deux étapes en montagne avant d'échouer à un test antidopage à la CERA, une version améliorée de l'EPO. Il conteste présentement sa suspension de deux ans au Tribunal d'arbitrage du sport.

Kohl a terminé troisième mais la CERA lui a aussi coûté une suspension de deux ans.

Le coéquipier de Kohl chez Gerolsteiner, Stefan Schumacher, était un autre coureur de la soi-disant nouvelle génération qui avait rejeté le dopage. Il a remporté les deux épreuves du contre-la-montre au Tour avant d'échouer lui aussi à un test à la CERA. L'Allemand poursuit pour diffamation l'agence antidopage française qui a analysé ses tests.

L'impact de ces scandales a été notable. Des équipes ont fermé boutique, des épreuves ont été annulées, les commanditaires sont plus difficiles à convaincre et, en Allemagne, la couverture médiatique est à la baisse.

Dans le marché le plus riche d'Europe, les organisateurs ont annulé le Tour d'Allemagne 2009 à cause d'un manque de commanditaires, les réseaux ARD et ZDF ont tous deux déclaré qu'ils n'assureraient plus la couverture en direct du Tour, et Gerolsteiner a fermé les portes à la fin de la saison après le retrait de T-Mobile.

Le Tour n'a pas eu le monopole des scandales de dopage et à peu près tout les pays ont connu la controverse. Alors, où chercher les bonnes nouvelles?

En dépit des scandales, les amateurs étaient présents en grand nombre à toutes les épreuves d'importance. Des dizaines de milliers d'Italiens se sont rendus au parcours du championnat du monde de Varese pour voir le coureur local Alessandro Ballan donner à l'Italie un troisième titre sur route d'affilée. Et les amateurs ont été nombreux sur les routes de France à l'occasion du Tour.

Après quatre années de disputes, les organisateurs du Tour et ceux de l'Union cycliste internationale se sont enfin mis d'accord. Ils ont conclu une entente de compromis au lieu de continuer à se disputer le contrôle du sport.

Les épreuves cyclistes ont été un succès énorme aux Jeux de Pékin. Les amateurs étaient au rendez-vous, la Grande Muraille de Chine a donné beaucoup de cachet aux épreuves et un grand champion s'est avéré à la mesure du défi. Hoy a été parfait en remportant trois médailles d'or en sprint en autant de sorties.

Après ses exploits, évidemment, le Britannique s'est fait demander s'il craignait qu'on pense qu'il se dopait. Ce dernier a déploré le fait qu'on tire de telles conclusions à chaque fois qu'un athlète réussit un coup d'éclat.

Mais il faut s'y faire. Armstrong a fait l'objet de telles suspicions pendant la majorité de sa carrière, et la même manège se poursuivra de plus belle en 2009.