Armstrong a repris de l'air
Cyclisme mardi, 22 juil. 2003. 11:27 samedi, 14 déc. 2024. 17:00
PAU (AFP) - Lance Armstrong a repris un peu d'air sur l'Allemand Jan Ullrich, toujours en position de l'inquiéter à cinq jours de l'arrivée du Tour de France qui a observé, mardi à Pau, sa seconde journée de repos.
Le champion américain a vu son maillot s'effilocher dans le contre-la-montre de Cap' Découverte et la première étape pyrénéenne. Puis, la canicule s'évanouissant, son avantage (15 secondes à peine!) s'est stabilisé avant de passer à 1 min 07 sec après son coup de force sur les hauteurs de Luz-Ardiden.
De cette édition à suspense, riche en rebondissements, Armstrong est redevenu le favori. Sans aucune certitude, toutefois, tant le Tour du Centenaire a ménagé les surprises jusqu'à présent.
Le Français Laurent Fignon, double vainqueur du Tour (1983 et 1984), qui est devenu le consultant de la chaîne Eurosport, a connu une situation aussi serrée. En 1989, il s'était incliné de 8 secondes face à l'Américain Greg LeMond. Quatorze ans plus tard, le champion parisien continue de porter un regard acéré sur la course.
. Armstrong est-il moins fort?
"Il me semble pratiquement aussi fort que l'an passé mais il y a eu la chaleur, répond Fignon. Il était fatigué, cela se voyait à ses traits tirés, même dans les étapes de plat. Dans le contre-la-montre, il s'est déshydraté. Cela se constate à sa courbe de performances, comme David Millar d'ailleurs. Il l'était déjà en partie au départ mais il ne s'en est pas rendu compte. Il a commencé à récupérer ensuite."
Le Texan réfute le terme de déclin à son sujet et l'ancien champion n'est pas loin de partager son avis: "C'est très difficile à apprécier. Il n'y a que lui à le savoir, en fonction de ses sensations. Il est obligé de courir différemment, on l'a vu à l'Alpe-d'Huez. Dans ce genre d'arrivée, on ne laisse pas passer l'occasion de faire la différence. Toute la question est de savoir si c'est seulement à cause de la chaleur. Quand on dit qu'Armstrong a bluffé, c'est dans le sens où il a caché des faiblesses momentanées."
. Ullrich a-t-il bien couru?
"Globalement, il a bien couru mais il a peut-être laissé passer une occasion dans la première étape des Pyrénées, estime Fignon. Il aurait pu tester Armstrong dans le col de Pailhères sans attendre les deux derniers kilomètres de la montée de Bonascre."
Pour le double vainqueur du Tour, Ullrich est indiscutablement plus fort que les années passées: "Mais il est retombé dans des erreurs déjà commises. D'attaquer une fois puis de rouler, au lieu d'attendre après sa première attaque et de recommencer. Que gagnera-t-il à être deuxième une nouvelle fois? S'il ne gagne pas le Tour, il pourra nourrir des regrets."
. Si l'écart (1 min 07 sec) reste en l'état, quel est le favori avant le contre-la-montre?
"Armstrong. On peut imaginer qu'il perde du temps. Mais de là à lâcher autant", tranche le héros malheureux de 1989. Son analyse s'appuie sur le détail du contre-la-montre de Cap' Découverte: "Je ne crois pas qu'Ullrich aurait pu être battu là-bas. Mais le gros de l'écart s'est fait dans la dernière partie, sous l'effet de la déshydratation d'Armstrong."
A la lumière de son expérience, Fignon reste toutefois prudent: "Même blessé, je ne pouvais pas imaginer que LeMond me reprendrait plus de deux secondes au kilomètre dans le dernier contre-la-montre de 1989. Je me basais sur les +chronos+ précédents. Jamais, il n'avait fait ces écarts par rapport à moi, même avec l'avantage de matériel que représentait le guidon de triathlète. Cela m'amène à dire qu'il ne faut surtout pas faire d'excès de confiance. Moi, je n'en ai pas fait avant le dernier contre-la-montre mais j'ai sans doute commis une erreur en n'attaquant pas dans la dernière étape (Aix-les-Bains) comme j'aurais pu le faire."
. Une surprise, comme le retour du Kazakh Alexandre Vinokourov, est-elle envisageable?
Une seule étape de montagne, mercredi, reste propice à une offensive, de Vinokourov ou d'un autre. "Vinokourov a du mal à passer quand la pente atteint les 10%, souligne Fignon. Logiquement, il devrait surtout tenter de garder sa troisième place qui lui assure le podium à Paris. Il doit être aussi fatigué. Mais c'est un guerrier."
L'étape de Bayonne, avec des cols éprouvants mais à distance de l'arrivée, devrait laisser la hiérarchie en l'état, pour l'ancien champion: "Il devrait y avoir les meilleurs encore groupés dans le final. Mais les bonifications peuvent jouer un rôle. Quand l'écart est aussi serré, il faut essayer de saisir toutes les occasions. Chaque seconde est bonne à prendre."
Le champion américain a vu son maillot s'effilocher dans le contre-la-montre de Cap' Découverte et la première étape pyrénéenne. Puis, la canicule s'évanouissant, son avantage (15 secondes à peine!) s'est stabilisé avant de passer à 1 min 07 sec après son coup de force sur les hauteurs de Luz-Ardiden.
De cette édition à suspense, riche en rebondissements, Armstrong est redevenu le favori. Sans aucune certitude, toutefois, tant le Tour du Centenaire a ménagé les surprises jusqu'à présent.
Le Français Laurent Fignon, double vainqueur du Tour (1983 et 1984), qui est devenu le consultant de la chaîne Eurosport, a connu une situation aussi serrée. En 1989, il s'était incliné de 8 secondes face à l'Américain Greg LeMond. Quatorze ans plus tard, le champion parisien continue de porter un regard acéré sur la course.
. Armstrong est-il moins fort?
"Il me semble pratiquement aussi fort que l'an passé mais il y a eu la chaleur, répond Fignon. Il était fatigué, cela se voyait à ses traits tirés, même dans les étapes de plat. Dans le contre-la-montre, il s'est déshydraté. Cela se constate à sa courbe de performances, comme David Millar d'ailleurs. Il l'était déjà en partie au départ mais il ne s'en est pas rendu compte. Il a commencé à récupérer ensuite."
Le Texan réfute le terme de déclin à son sujet et l'ancien champion n'est pas loin de partager son avis: "C'est très difficile à apprécier. Il n'y a que lui à le savoir, en fonction de ses sensations. Il est obligé de courir différemment, on l'a vu à l'Alpe-d'Huez. Dans ce genre d'arrivée, on ne laisse pas passer l'occasion de faire la différence. Toute la question est de savoir si c'est seulement à cause de la chaleur. Quand on dit qu'Armstrong a bluffé, c'est dans le sens où il a caché des faiblesses momentanées."
. Ullrich a-t-il bien couru?
"Globalement, il a bien couru mais il a peut-être laissé passer une occasion dans la première étape des Pyrénées, estime Fignon. Il aurait pu tester Armstrong dans le col de Pailhères sans attendre les deux derniers kilomètres de la montée de Bonascre."
Pour le double vainqueur du Tour, Ullrich est indiscutablement plus fort que les années passées: "Mais il est retombé dans des erreurs déjà commises. D'attaquer une fois puis de rouler, au lieu d'attendre après sa première attaque et de recommencer. Que gagnera-t-il à être deuxième une nouvelle fois? S'il ne gagne pas le Tour, il pourra nourrir des regrets."
. Si l'écart (1 min 07 sec) reste en l'état, quel est le favori avant le contre-la-montre?
"Armstrong. On peut imaginer qu'il perde du temps. Mais de là à lâcher autant", tranche le héros malheureux de 1989. Son analyse s'appuie sur le détail du contre-la-montre de Cap' Découverte: "Je ne crois pas qu'Ullrich aurait pu être battu là-bas. Mais le gros de l'écart s'est fait dans la dernière partie, sous l'effet de la déshydratation d'Armstrong."
A la lumière de son expérience, Fignon reste toutefois prudent: "Même blessé, je ne pouvais pas imaginer que LeMond me reprendrait plus de deux secondes au kilomètre dans le dernier contre-la-montre de 1989. Je me basais sur les +chronos+ précédents. Jamais, il n'avait fait ces écarts par rapport à moi, même avec l'avantage de matériel que représentait le guidon de triathlète. Cela m'amène à dire qu'il ne faut surtout pas faire d'excès de confiance. Moi, je n'en ai pas fait avant le dernier contre-la-montre mais j'ai sans doute commis une erreur en n'attaquant pas dans la dernière étape (Aix-les-Bains) comme j'aurais pu le faire."
. Une surprise, comme le retour du Kazakh Alexandre Vinokourov, est-elle envisageable?
Une seule étape de montagne, mercredi, reste propice à une offensive, de Vinokourov ou d'un autre. "Vinokourov a du mal à passer quand la pente atteint les 10%, souligne Fignon. Logiquement, il devrait surtout tenter de garder sa troisième place qui lui assure le podium à Paris. Il doit être aussi fatigué. Mais c'est un guerrier."
L'étape de Bayonne, avec des cols éprouvants mais à distance de l'arrivée, devrait laisser la hiérarchie en l'état, pour l'ancien champion: "Il devrait y avoir les meilleurs encore groupés dans le final. Mais les bonifications peuvent jouer un rôle. Quand l'écart est aussi serré, il faut essayer de saisir toutes les occasions. Chaque seconde est bonne à prendre."