AUSTIN (États-Unis) - Lance Armstrong, cerné par les autorités antidopage, a fait dimanche à Austin (Texas) ce qui pourrait être sa dernière apparition publique en tant que septuple vainqueur du Tour de France, au milieu de 4 300 cyclistes amateurs réunis par la fondation Livestrong.

Au cours d'un discours très bref de quelque 90 secondes, le Texan a reconnu qu'il avait connu de meilleures périodes que celle qu'il vit depuis la publication du rapport de l'Agence américaine antidopage (Usada), le 10 octobre.

« Ç'a été mieux, mais ç'a été pire aussi », a déclaré Armstrong devant 4 300 cyclistes amateurs réunis par sa fondation de lutte contre le cancer: « Manifestement, cela a été deux semaines plutôt intéressantes », a-t-il ironisé, en reprenant mot pour mot les termes qu'il avait prononcés vendredi soir à l'occasion du gala pour le 15e anniversaire de Livestrong, déjà à Austin.

« Si on m'avait dit il y a quinze ans que l'on verserait 500 millions de dollars et que l'on aiderait deux millions et demi de personnes (malades du cancer, ndlr) je vous aurais répondu que vous êtes fous, mais c'est ce que nous avons fait », a encore dit Armstrong, dont le CV pourrait subir un sérieux lifting lundi, avec l'annonce de la décision de la Fédération internationale de cyclisme (UCI).

Stop ou encore

À 13h00 locales, à Genève, soit 11h00 GMT, l'UCI doit en effet annoncer lundi sa décision sur les sanctions demandées par l'Usada, qui réclame la suspension à vie d'Armstrong et veut que son palmarès depuis août 1998 soit intégralement effacé.

Le 24 août, l'Usada avait d'ores et déjà radié l'Américain à vie, le privant au passage de ses sept victoires dans le Tour de France (1999-2005). Puis, le 10 octobre, l'Usada avait précisé ses accusations dans un rapport de 202 pages, parlant à propos d'Armstrong et de son équipe US Postal de « programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport ».

Mais seule l'UCI peut étendre ces sanctions de l'Usada au monde entier. Si elle n'est pas convaincue par les éléments de l'Usada, elle pourrait saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS), à Lausanne (Suisse). Accordant un sursis supplémentaire à l'ancien champion américain.

Si par contre l'UCI allait dans le sens de l'Usada, Lance Armstrong deviendrait alors officiellement un tricheur, un menteur et un intimidateur, jours sous lesquels il a été dépeint par l'agence américaine antidopage dans son rapport explosif. Et son nom serait effacé des palmarès depuis août 1998.

Sans attendre le verdict de l'UCI, Armstrong a démissionné cette semaine de la présidence de sa fondation Livestrong et a perdu le soutien financier de ses sponsors, dont Nike, qui lui était fidèle depuis 1996.

« Le fils favori » d'Austin

La rupture avec l'équipementier, qui continuera cependant ses donations à Livestrong, a été particulièrement violente puisque la firme américaine a parlé de « preuves apparemment rédhibitoires » de dopage et de tromperies pendant plus de dix ans.

Le Texan de 41 ans, retraité des pelotons depuis un peu moins de deux ans, a donc trouvé un peu de réconfort dimanche, auprès d'un public tout acquis à sa cause. Et cela avait déjà été le cas vendredi soir, auprès des 1 500 invités du gala pour les 15 ans de Livestrong.

Ovationné, il avait alors concédé vivre des moments « difficiles » mais avait lancé un message clair, en parlant de Livestrong, mais peut-être aussi de son avenir personnel: « On ne nous arrêtera pas, nous continuerons à avancer ».

Le quotidien d'Austin, le American-Statesman, avait lui appelé le « fils favori » de la ville à s'excuser « auprès du monde, de la communauté cycliste internationale qui l'a vénéré, des millions de survivants (du cancer) qu'il a inspirés et qu'il inspire peut-être encore, de sa famille qui est restée à ses côtés et de lui-même.

« Il ne peut plus redresser le tort qu'il a fait, mais il peut encore dire qu'il est désolé », avait écrit le quotidien texan.