LUXEMBOURG (AFP) - Salarié de luxe de l'US Postal, Lance Armstrong est aussi le décideur de l'équipe cycliste, jeune patron de 30 ans dont l'objectif essentiel est de gagner une quatrième fois le Tour de France.

L'équipe de la poste américaine a grandi avec lui. Depuis sa première victoire dans le Tour en 1999, elle a gardé son ossature américaine mais elle s'est enrichie d'apports très différents. Pour gagner, Armstrong a besoin d'un soutien solide, en plaine et en montagne. Son avis a été déterminant, son choix tourné avant tout vers l'efficacité.

"C'est le meilleur groupe que Lance a eu à sa disposition dans le Tour", estime Johan Bruyneel, inamovible directeur sportif depuis que le Texan est revenu au premier plan après son cancer déclaré à l'automne 1996.

De l'équipe qui l'encadrait voici trois ans sur les routes françaises, seul George Hincapie est encore présent cette année. L'Américain, spécialiste des classiques pour l'US Postal, est un proche d'Armstrong, qui a tenu à l'accompagner au printemps dernier dans les grandes courses d'un jour (Milan-Sanremo, Tour des Flandres). Il est le plus fidèle des lieutenants, très précieux dans la première partie du Tour.

Du muscle dans la plaine

Pour muscler l'effectif dans la plaine, Armstrong et Bruyneel ont fait appel au vétéran Viatjeslav Ekimov (36 ans). Le Russe, tenté de devenir directeur sportif pendant l'hiver, a repris place seulement le mois dernier dans le peloton. Mais sa performance dans le Dauphiné lui a valu un billet pour une troisième campagne après 2000 et 2001. Le champion olympique du contre-la-montre semble inusable.

Sur le plat, Armstrong dispose encore du Luxembourgeois Benoît Joachim, équipier-type (déjà présent en 2000) qui devrait lui attirer l'affection du public au départ du Grand-Duché. Sans doute l'argument a-t-il pesé au moment du choix entre des coureurs de niveau sensiblement égal. L'an passé, l'éviction de son équipe du Tour de l'enfant du pays, le Français Cédric Vasseur, avait valu à Armstrong de se faire siffler par les spectateurs de Dunkerque lors de la présentation des équipes.

Le Tchèque Pavel Padrnos (recruté à l'intersaison) et le Colombien Victor Hugo Pena apportent leurs qualités de rouleurs dans cette équipe très internationale, puisqu'elle aligne six nationalités différentes, et surtout complète dans toutes ses lignes.

Un coup de vent

Pour la montagne, Armstrong joue l'Espagne et ses spécialistes. Depuis l'année passée, Jose Luis (dit "Chechu") Rubiera et Roberto Heras sont à ses côtés pour l'assister et l'accompagner le plus loin possible. Le premier, très bon rouleur de surcroît, a déjà gagné des étapes de haute montagne du Giro, le second a enlevé la Vuelta 2000 avant de sacrifier ses ambitions à la cause très rémunératrice de l'US Postal.

Le dernier élément, au passeport américain, découvre le Tour. Mais, à 26 ans, le prometteur Floyd Landis possède les qualités nécessaires pour prendre la suite de son compatriote Tyler Hamilton parti tenir le rôle de leader dans une autre équipe (CSC). Landis, recruté à l'intersaison, a terminé le Dauphiné à la deuxième place derrière son chef de file, preuve de son profil de coureur par étapes.

Exigeant, d'abord envers lui-même, méthodique, perfectionniste, Armstrong dirige sa troupe dans le souci de la performance. Il traque l'erreur, cherche à réduire toujours davantage les aléas. Il se souvient aussi de l'incident du contre-la-montre par équipes de l'édition 2001, de la catastrophe frôlée quand deux des siens (Vandevelde et Hamilton) se retrouvèrent par terre sur la route détrempée.

Même un grand patron n'est pas à l'abri d'un coup de vent.