NEW YORK (AFP) - L'Américain Lance Armstrong, vainqueur des deux derniers Tour de France cycliste, a menacé de boycotter la grande épreuve française par étapes si les soupçons de dopage collectif entourant son équipe, l'US Postal, continuent à planer.

"Je dis que si la présente situation suit son cours, je ne participerai pas au Tour de France en 2001. Un point c'est tout", a déclaré Armstrong sur son site internet. "Je ne dis pas cela pour menacer ou avertir qui que ce soit, a-t-il ajouté, car je pense que cela est égal aux Français que j'y sois ou non".

Armstrong, 29 ans, qui, en cas de boycott du Tour, ferait du Giro italien ou de la Vuelta espagnole ses principales courses de la saison, a réaffirmé son innocence et sa confiance que l'équipe sera un jour blanchie. "Je commencerais pas dire que nous sommes complètement innocents. Nous dirigeons une équipe très professionnelle et très propre, mais qui est victime de son succès", a-t-il affirmé. "C'est une situations frustrante, mais je suis confiant qu'elle sera complètement clarifiée".

L'Américain a juré n'avoir jamais entendu parler du produit cité, l'Actovegin, lors de l'information judiciaire ouverte par le parquet de Paris. "L'Activo, ou quelque chose comme cela, est nouveau pour moi", souligne-t-il. "Je n'en avais jamais entendu parler avant cette affaire, pas plus que mes coéquipiers".

L'Actovegin ne figure pas sur la liste des produits interdits, mais par son action fluidifiante, il pourrait être administré avec des produits dopants, comme l'EPO, qui épaissit le sang, ont estimé les enquêteurs.

Suspicion

"Je ne vais pas donner une réponse vague, du genre "nous n'avons jamais été testés positifs", car ce ne serait pas juste non plus", a expliqué Armstrong. "Mais le médecin de l'équipe nous suit en déplacement pendant les trois semaines (du Tour de France) et doit administrer des soins à 25-50 personnes. S'il arrive quelque chose à l'un d'entre eux, c'est lui qui est responsable de leur santé. C'est pourquoi il a avec lui de l'adrénaline, de la cortisone, des scalpels ou des agrafes. Certains de ces produits peuvent être considérés comme des produits dopants, mais ils ne sont pas utilisés à ces fins. Et assimiler un produit de substitution à un produit dopant est irresponsable, et ne constitue pas une preuve".

L'affaire US Postal a éclaté le 18 juillet lors du dernier Tour de France. Des journalistes de France Télévision avaient surpris, dans les Alpes, les occupants d'une voiture immatriculée en Allemagne en train de ramasser des sacs en plastique dans le périmètre réservé à l'équipe américaine, avant de s'en débarrasser plus tard à l'abri des regards indiscrets.

Les premières analyses n'ont pas permis de trouver des "produits dopants purs et durs comme l'EPO, mais des produits laissant supposer qu'il aurait pu y avoir dopage", comme l'Actovegin, un produit fabriqué par le laboratoire norvégien Nycomed et constitué d'extraits de sang de veau.

Le Parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre l'US Postal le 22 novembre pour "infraction à la loi relative à la prévention de l'usage de produits dopants, incitation à l'usage de produits dopants et infraction à la législation sur les substances vénéneuses".