BORDEAUX (AP) - Maillot jaune depuis le contre-la-montre de Château-Thierry remporté par sa formation Once, Igor Gonzalez de Galdeano ne sait pas s'il mérite véritablement d'être à mi-parcours le leader du 89e Tour de France cycliste.

Récent vainqueur du Tour d'Allemagne, l'Espagnol possède bien 26 secondes d'avance au classement général sur Lance Armstrong le triple tenant du titre, mais à deux jours de la terrible bataille annoncée dans les Pyrénées, il ne pouvait intégrer mardi à Bordeaux, lors de la journée de repos, cette statistique trop brute.

Car sans une chute, dans le final d'Avranches, où son adversaire direct contraint de mettre pied à terre a perdu 27 secondes, le Texan serait toujours au commandement.

"Armstrong reste le favori pour gagner le Tour", a déclaré Igor Gonzalez de Galdeano, lors de la journée de repos que la Once a passée, mardi, à l'hôtel La Réserve de Pessac.

La première défaite en trois ans dans un grand contre-la-montre du Tour, concédée lundi à Lorient par le Texan face au Colombien Santiago Botero, n'a pas fait pencher en sa défaveur le baromètre des ambitions.

"Armstrong a été battu par Botero, mais c'est dans la montagne que l'Américain fait véritablement la différence, beaucoup plus qu'en contre-la-montre", a souligné Joseba Beloki, troisième du général, à 1:23 minute de son coéquipier Igor Gonzalez de Galdeano.

"Lance n'est ni inquiet ni préoccupé par ce revers."

C'est effectivement en souriant que le leader de l'US Postal a commenté sa deuxième place, à 11 secondes de Botero, lors des 52 km disputés lundi entre Lanester et Lorient.

"J'étais à bloc dans les cinq derniers kilomètres, j'ai terminé totalement cuit."

"Ce contre-la-montre est une déception, même si j'ai pris du temps sur les grimpeurs", a ajouté l'Américain, mardi, à sa descente d'avion à Bordeaux, au terme du transfert aérien parti de Lorient.

Après une courte étape de transition vers les Pyrénées, qui conduira le peloton mercredi sur 147 kilomètres de Bazas à Pau, Armstrong abordera la haute montagne le lendemain, avec comme toujours la bave aux lèvres. L'an dernier, il avait immédiatement mis sous l'éteignoir toute vélléité d'opposition, en imposant son rythme effréné dans la montée vers l'Alpe d'Huez.

Jamais handicapé par les changements de braquet imposés par la transition plaine-montagne, l'Américain jaugera ses adversaires lors des 158 km de la 11e étape, qui seront marqués par l'ascension du col de l'Aubisque et la montée finale vers la Mongie. Le lendemain devrait être encore plus terrible, lors d'une étape dantesque qui s'achèvera au Plateau de Beille.

Outre la Once, le danger viendra pour Armstrong de la Kelme, l'autre formation espagnole. Botero, meilleur grimpeur du Tour 2000, a prouvé à Lorient que sa préparation est optimale. Car calquée sur celle d'Armstrong, à savoir axée sur le Tour: beaucoup d'entraînement, pour peu de compétition. Une quinzaine de jours de course en tout et pour tout, ponctués d'une victoire pour se donner confiance, dans la Classique des Alpes, devant son coéquipier Oscar Sevilla, "meilleur jeune" du Tour 2001.

Botero n'est qu'à 1:55 minute au général de Gonzalez de Galdeano.

Un autre danger a pour nom Tyler Hamilton, l'ex-lieutenant d'Armstrong à l'US Postal, qui sous les couleurs de la CSS-Tiscali vient de finir deuxième du Tour d'Italie. Bon grimpeur, Hamilton est à 2:30 minutes au classement général.

Meilleur grimpeur du Tour l'an dernier, Laurent Jalabert - qui a annoncé mardi sa retraite sportive pour la fin de saison - ne se fait guère d'illusions. Dix-huitième et premier Français à 4:18 minutes du maillot jaune, il s'attend à une terrible bataille dans les Pyrénées, où les Basques de la formation Euskaltel voudront se montrer.

"Je l'ai trouvé moins impérial, moins incisif, moins écrasant", a déclaré à propos d'Armstrong Christophe Moreau, victime de plusieurs des nombreuses chutes qui ont émaillé la première semaine de course, qui suivra les débats loin derrière, puisqu'il pointe à près de 15 minutes.

"Le Tour va être moins ennuyeux", a commenté l'Américain, qui, depuis trois ans, relègue son dauphin toujours à plus de six minutes. Paradoxalement, cette 89e édition du Tour s'annonce donc plus serrée, alors que Jan Ullrich, deuxième en 2000 et 2001, est forfait cette année.