Armstrong, symbole des années noires
Cyclisme lundi, 22 oct. 2012. 08:30 samedi, 14 déc. 2024. 12:50
GENEVE - Avec ses méthodes de l'ombre et sa façon de se jouer des contrôles, Lance Armstrong restera comme le symbole des années noires du cyclisme, vérolé par le dopage à l'EPO et par transfusions sanguines qui ont profondément entaché les palmarès des Tour de France.
Pour l'Agence antidopage américaine (Usada) qui a fait tomber le masque du héros national, l'« époque du cyclisme professionnel où il domina le peloton fut la plus sale de l'histoire du sport » et le système mis en place autour de lui « le programme de dopage le plus sophistiqué, professionnel et réussi, jamais vu ».
Ce système consistait grosso modo à embaucher un motard pour assurer discrètement les livraisons de produits dopants sur le Tour, dissimuler les seringues dans des canettes de sodas, jouer à cache-cache avec les contrôleurs et surtout bien maîtriser l'aspect scientifique du dopage afin d'éviter d'allumer les voyants rouges.
« Les méthodes ne sont pas sophistiquées du tout », estime Martial Saugy, le directeur du Laboratoire antidopage de Lausanne, fin connaisseur du milieu cycliste, faisant remarquer que « l'affaire Balco, qui a eu lieu à peu près à la même époque, présentait un système beaucoup plus sophistiqué ».
Avec ce laboratoire californien Balco, les plus grands noms du sport américain qui le fréquentaient, comme la reine du sprint Marion Jones ou la vedette du baseball Barry Bonds, disposaient d'un produit spécialement développé en vue d'améliorer les performances sans être détectable.
Rien de cela à l'US Postal, qui misait surtout sur un médicament, l'EPO, comme beaucoup d'autres à l'époque. Cette substance, destinée en premier lieu à traiter l'anémie, a intéressé dès le début des années 90 skieurs de fond et cyclistes pour ses effets fantastiques sur l'endurance. Avec la victoire du Danois Bjarne Riis dans le Tour 1996, la démonstration fut faite qu'elle pouvait transformer un simple rouleur en conquistador des sommets alpins.
Une génération s'éteint
L'affaire Festina en 1998, malgré son retentissement, n'a pas calmé la course aux armements pharmaceutiques, et c'est plutôt la mise au point d'un test de détection de l'EPO en 2000 - que le cyclisme sera le premier sport à utiliser - qui mit un garde-fou à la consommation massive et dangereuse d'alors.
Pour Martial Saugy, le vrai mérite de l'US Postal d'Armstrong est d'avoir « su s'adapter aux données de la lutte antidopage »: « c'était une équipe qui ne lésinait pas sur tous les aspects de la préparation d'une performance ».
L'usage de l'EPO devenant risqué, Armstrong a basculé vers les transfusions de son propre sang - méthode restant indétectable par les contrôles classiques - comme l'a raconté, Floyd Landis, l'un des ex-coéquipiers du Texan.
Après quatre ans de retraite, le boss du peloton a dû cependant apprécier la différence quand il est revenu aux affaires en 2009. Car depuis 2008, l'Union cycliste internationale (UCI) a resserré les mailles du filet avec le passeport biologique, un outil qui lui permet de suivre les valeurs sanguines des coureurs au fil du temps pour déceler d'éventuelles manipulations.
Si ce n'est pas l'arme absolue, insiste l'UCI, qui a été la première à le tester et s'en servir pour sanctionner des coureurs, le passeport a un effet dissuasif. Quatre ans après sa mise en place, le gros du peloton est revenu dans des valeurs acceptables, selon le bilan dressé en juin par la fédération.
Contrairement à d'autres sports aussi touchés par le dopage, le cyclisme a beau prendre de grands moyens, sanctionner ses derniers champions comme il l'a fait avec Alberto Contador (privé de sa victoire dans le Tour 2010), être cité désormais en exemple par l'Agence mondiale antidopage (AMA), il a du mal à échapper à la vindicte populaire du "tous dopés".
« On parlait en 1999 du Tour du renouveau mais j'ai toujours pensé qu'il y aurait besoin d'une génération de cyclistes après l'affaire Festina, souligne Martial Saugy. Cette génération est en train de s'éteindre et j'espère qu'on est en train d'aller dans une direction différente ».
Pour l'Agence antidopage américaine (Usada) qui a fait tomber le masque du héros national, l'« époque du cyclisme professionnel où il domina le peloton fut la plus sale de l'histoire du sport » et le système mis en place autour de lui « le programme de dopage le plus sophistiqué, professionnel et réussi, jamais vu ».
Ce système consistait grosso modo à embaucher un motard pour assurer discrètement les livraisons de produits dopants sur le Tour, dissimuler les seringues dans des canettes de sodas, jouer à cache-cache avec les contrôleurs et surtout bien maîtriser l'aspect scientifique du dopage afin d'éviter d'allumer les voyants rouges.
« Les méthodes ne sont pas sophistiquées du tout », estime Martial Saugy, le directeur du Laboratoire antidopage de Lausanne, fin connaisseur du milieu cycliste, faisant remarquer que « l'affaire Balco, qui a eu lieu à peu près à la même époque, présentait un système beaucoup plus sophistiqué ».
Avec ce laboratoire californien Balco, les plus grands noms du sport américain qui le fréquentaient, comme la reine du sprint Marion Jones ou la vedette du baseball Barry Bonds, disposaient d'un produit spécialement développé en vue d'améliorer les performances sans être détectable.
Rien de cela à l'US Postal, qui misait surtout sur un médicament, l'EPO, comme beaucoup d'autres à l'époque. Cette substance, destinée en premier lieu à traiter l'anémie, a intéressé dès le début des années 90 skieurs de fond et cyclistes pour ses effets fantastiques sur l'endurance. Avec la victoire du Danois Bjarne Riis dans le Tour 1996, la démonstration fut faite qu'elle pouvait transformer un simple rouleur en conquistador des sommets alpins.
Une génération s'éteint
L'affaire Festina en 1998, malgré son retentissement, n'a pas calmé la course aux armements pharmaceutiques, et c'est plutôt la mise au point d'un test de détection de l'EPO en 2000 - que le cyclisme sera le premier sport à utiliser - qui mit un garde-fou à la consommation massive et dangereuse d'alors.
Pour Martial Saugy, le vrai mérite de l'US Postal d'Armstrong est d'avoir « su s'adapter aux données de la lutte antidopage »: « c'était une équipe qui ne lésinait pas sur tous les aspects de la préparation d'une performance ».
L'usage de l'EPO devenant risqué, Armstrong a basculé vers les transfusions de son propre sang - méthode restant indétectable par les contrôles classiques - comme l'a raconté, Floyd Landis, l'un des ex-coéquipiers du Texan.
Après quatre ans de retraite, le boss du peloton a dû cependant apprécier la différence quand il est revenu aux affaires en 2009. Car depuis 2008, l'Union cycliste internationale (UCI) a resserré les mailles du filet avec le passeport biologique, un outil qui lui permet de suivre les valeurs sanguines des coureurs au fil du temps pour déceler d'éventuelles manipulations.
Si ce n'est pas l'arme absolue, insiste l'UCI, qui a été la première à le tester et s'en servir pour sanctionner des coureurs, le passeport a un effet dissuasif. Quatre ans après sa mise en place, le gros du peloton est revenu dans des valeurs acceptables, selon le bilan dressé en juin par la fédération.
Contrairement à d'autres sports aussi touchés par le dopage, le cyclisme a beau prendre de grands moyens, sanctionner ses derniers champions comme il l'a fait avec Alberto Contador (privé de sa victoire dans le Tour 2010), être cité désormais en exemple par l'Agence mondiale antidopage (AMA), il a du mal à échapper à la vindicte populaire du "tous dopés".
« On parlait en 1999 du Tour du renouveau mais j'ai toujours pensé qu'il y aurait besoin d'une génération de cyclistes après l'affaire Festina, souligne Martial Saugy. Cette génération est en train de s'éteindre et j'espère qu'on est en train d'aller dans une direction différente ».