PARIS - Les nouveaux tests anti-EPO Cera utilisés par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) ont fait tomber lundi un quatrième coureur du Tour de France, l'Autrichien Bernhard Kohl, meilleur grimpeur et troisième du classement final.

En cas de confirmation par la contre-expertise, Kohl "pourrait perdre sa place de troisième du Tour au bénéfice du Russe Denis Menchov (Rabobank) et céder son maillot à pois à... Carlos Sastre (CSC), le vainqueur du Tour", annonce le site internet du journal l'Equipe.

L'AFLD et l'agence autrichienne Nada ont confirmé le contrôle positif de Kohl, révélé sur le site internet du quotidien français.

Geert Coeman, chef de l'équipe cycliste belge Lotto-Silence, a déclaré à l'agence autrichienne APA que le contrat de trois ans que Kohl venait de signer avec sa formation serait "caduque" si son contrôle antidopage positif était confirmé.

Kohl, membre de l'équipe Gerolsteiner, est le quatrième coureur déclaré positif dans les tests rétroactifs auxquels a fait procéder l'Agence française, plus de deux mois après l'arrivée du Tour.

Les Italiens Riccardo Ricco, lequel avait déjà été contrôlé positif en juillet, et Leonardo Piepoli, tous deux de l'équipe Saunier Duval, ainsi que l'Allemand Stefan Schumacher, lui aussi de Gerolsteiner, ont précédé Kohl sur la liste.

Ces tests pour dépister la prise de la Cera (Continuous Erythropoietin Receptor Activator), une forme d'EPO retard qui a pour avantage de nécessiter des prises moins fréquentes, sont pratiqués suivant deux méthodes différentes, au laboratoire français de Châtenay-Malabry et à celui de Lausanne (Suisse).

Agé de 26 ans, Kohl avait créé la sensation en juillet dernier en montant sur la troisième marche du podium final.

Jusque-là, sa performance la plus notable était une troisième place au Critérium du Dauphiné 2006.

Avec Schumacher

Kohl était le premier coureur de son pays à accéder à cette place depuis plus d'un demi-siècle, depuis Adolf Christian en 1957 (3e). Il était, en revanche, le premier Autrichien à ramener à Paris le maillot à pois qui distingue le meilleur grimpeur.

Absent des pronostics au départ de la Grande Boucle, le grimpeur s'était affirmé dans les Alpes pendant la dernière semaine, à partir de l'étape italienne de Prato Nevoso où il avait mis en difficulté le maillot jaune, l'Australien Cadel Evans.

Contre toute attente, il avait sauvé sa place sur le podium dans le contre-la-montre de Saint-Amand-Montrond à la veille de l'arrivée. Evans, qui lui avait seulement repris 14 secondes en 53 kilomètres de plaine, s'était déclaré "vraiment surpris".

Pendant le Tour, l'Autrichien partageait la chambre de Schumacher, son coéquipier lui aussi positif à l'EPO Cera. Tous deux ont signé des contrats -appelés à être rompus- en faveur d'équipes belges, Quick Step pour Schumacher, Silence pour Kohl qui s'était engagé pour les trois prochaines saisons.

L'affaire accable un peu plus Gerolsteiner, qui avait recruté Kohl (en provenance de T-Mobile) à la fin de la saison 2006.

Ce second cas de dopage dans la plus grande course du monde charge le passif de la formation dirigée par Hans-Michael Holczer alors qu'elle est sur le point de disparaître du peloton après le désengagement de son parraineur, une firme d'eaux minérales. Il fragilise aussi le cyclisme allemand dans un pays guetté par le désamour pour ce sport.