SAINT-AUGUSTIN-DE-DESMAURES - Le cycliste David Veilleux affirme du bout des lèvres qu'il serait «très content» de terminer parmi les 10 premiers, vendredi ou dimanche, à l'occasion d'une des courses des Grands Prix de Québec et de Montréal.

Mais son illustre coéquipier au sein de l'équipe française Europcar, Thomas Voeckler, vainqueur de l'étape de Québec en 2010, et l'homme d'affaires Louis Garneau estiment que le jeune Québécois peut viser plus haut, à la lumière des succès qu'il a obtenus en août, en Bretagne et en Italie.

Voeckler, titulaire du maillot à pois du Tour de France cette année à titre de meilleur grimpeur, s'est même dit prêt à aider Veilleux, si l'occasion se présente, d'autant qu'il est chez lui.

Soulignant que Veilleux, âgé de 24 ans, et lui représentent les pièces maîtresses d'Europcar, Voeckler a mentionné qu'il n'est pas du genre à «brider ses coéquipiers, s'ils ont une chance de faire un résultat».

Voeckler, 33 ans, a ajouté que la récente victoire en solo de Veilleux en Italie, dans l'épreuve des Trois Vallées Varésines, n'est pas passée inaperçue et que les 21 autres formations sur les rangs vont assurément l'avoir davantage à l'oeil sur ses terres.

«S'il n'avait pas gagné cette course en Italie, on ne s'inquièterait pas de lui. Mais ça ne se passera pas comme ça. Il a les jambes pour suivre les meilleurs» a argué Voeckler.

L'ancien cycliste Louis Garneau, un des équipementiers d'Europcar depuis quelques années, est allé plus loin en affirmant que Veilleux est hyper motivé de marquer l'histoire du cyclisme au Québec.

«Veilleux est en grande forme, a-t-il déclaré. Je ne veux pas lui imposer une trop forte pression, mais juste entre nous je miserais davantage sur Veilleux que sur Voeckler, en raison de sa forme. Voeckler a gagné ici il y a deux ans, mais Veilleux veut écrire une page d'histoire. J'espère que la chance sera de son côté.»

Veilleux, qui a fini 22e tant à Québec qu'à Montréal en 2011, a dit ne pas ressentir davantage de stress ou de pression par rapport à l'an dernier.

«Je n'ai pas véritablement d'objectifs précis, tant à Québec qu'à Montréal, a-t-il élaboré. Si je suis capable d'accrocher un 'top-10', je serai très content. Je vais voir comment les courses vont se dérouler. Si Thomas est dans une bonne journée, nous pouvons espérer un podium. Quant à moi, je vais donner mon 110 pour cent et on verra.»

Tour de France

Après être passé à un cheveu de participer à la Grande boucle cette année, le cycliste natif de Cap-Rouge a mentionné que d'être la tête d'affiche de l'événement est en quelque sorte une récompense pour lui qui a l'habitude de pédaler dans l'anonymat en Europe.

«J'ai été surpris de l'engouement que ma participation possible au Tour de France a suscitée, a-t-il admis. Je ne pensais pas que les gens suivaient ça tant que ça. C'est plaisant à voir et ça ajoute de la motivation pour les fins de courses cette semaine.»

Garneau, qui a réservé mercredi matin un accueil de vedettes rock aux membres d'Europcar à son entreprise de Saint-Augustin, a dit rêver de voir Veilleux prendre part au Tour de France.

«C'est le rêve de tous, a-t-il lancé. Son entraîneur Jean-René Bernaudeau m'a dit qu'il est techniquement sélectionné. Il serait le premier québécois de l'histoire, ce n'est pas rien. Le tapis rouge est déroulé pour lui, à la suite des courses qu'il a gagnées. Il a démontré à son entraîneur et à tout le monde qu'il a sa place au Tour de France.»

Voeckler voue en tout cas énormément de respect à l'endroit de Veilleux, qui complète des études en ingénierie à l'Université Laval.

«Son abnégation au service du collectif est sa principale qualité, a-t-il avancé. Dans le sport professionnel, c'est quand même assez rare. C'est un métier qu'on fait, nous sommes là aussi pour voir à nos propres intérêts. David a réussi à intégrer pleinement l'idée de travailler pour le collectif sans pour autant sacrifier ses chances de réussite. Dernièrement, il a récolté les fruits de ses efforts. C'est un gros travailleur, très motivé, avec un bon plan de carrière.»

Veilleux s'est dit confiant de poursuivre sa progression des dernières années afin d'être mieux outillé à faire face à la musique des éreintantes compétitions s'échelonnant sur plusieurs jours.

Lance Armstrong

Dans un autre ordre d'idées, Veilleux n'a été guère entiché de devoir commenter la situation du septuple champion déchu du Tour de France, Lance Armstrong.

«Ça fait des années qu'on en parle, a-t-il répondu. Je ne sais pas s'il a triché. C'est une affaire compliquée, pleine de rebondissements. Je trouve que c'est un peu 'tannant'. On devrait tourner la page et parler de d'autres choses. On a les Grands Prix cyclistes ici cette semaine, et j'aimerais qu'on encourage les coureurs canadiens.

«Moi je n'ai pas le sentiment qu'il y a un problème de dopage dans notre sport. Mes performances, en étant propres, me prouvent qu'avec le travail je peux atteindre le niveau de l'élite mondial. Je sais que je ne serai jamais le meilleur au monde, mais c'est faisable d'atteindre un niveau d'excellence.»