ALTO DE L'ANGLIRU, Espagne — L'Espagnol Alberto Contador, bientôt retraité, va tirer sa révérence en s'imposant samedi au sommet du mythique Angliru (Asturies), où le Britannique Chris Froome s'est assuré de remporter dimanche son premier Tour d'Espagne et de réussir un doublé Tour de France-Vuelta inédit depuis 1978.

Déjà vainqueur en 2008 dans ce col emblématique, Contador (34 ans, Trek) a remporté en solitaire la 20e étape à la veille de raccrocher définitivement son vélo dimanche soir.

Arrivé une quinzaine de secondes plus tard, le maillot rouge Froome (Sky) a pris la troisième place de l'étape derrière son équipier Wout Poels et doit, sauf accident, remporter l'épreuve espagnole lors de l'ultime étape réservée aux sprinteurs dimanche à Madrid. L'Italien Vincenzo Nibali (Bahreïn) et le Russe Ilnur Zakarin (Katusha) devraient en principe compléter le podium final, juste devant Contador, 4e.

Difficile de rêver scénario plus symbolique pour l'Espagnol! Le champion madrilène, vainqueur des trois Grands Tours malgré les retraits du Tour de France en 2010 et du Giro en 2011 pour dopage, a clos en beauté sa riche carrière, devant un public tout acquis à sa cause.

Parti avec son équipier Jarlinson Pantano dans une descente juste avant l'ascension finale, Contador a repris tous les échappés et gravi les pourcentages supérieurs à 20 % de l'Angliru dans son style si reconnaissable, en danseuse sur les pédales.

Le triple lauréat de la Vuelta (2008, 2012, 2014) a même bénéficié de l'aide de coureurs d'autres équipes, unis pour saluer le chant du cygne de ce géant de la route, au tempérament offensif rare dans un cyclisme toujours plus corseté.

Consécration pour Froome

L'Espagnol Enric Mas (Quickstep), ancien pensionnaire des équipes de jeunes de la Fondation Contador, a ainsi offert pendant quelques centaines de mètres son sillage à son mentor, comme une marque de reconnaissance.

En franchissant la ligne, le « Pistolero » Contador a incité le public à donner de la voix avant de reproduire, pour la dernière fois, le geste de célébration qui lui a valu son surnom: index tendu et pouce levé, comme pour tirer son ultime cartouche en tant que coureur cycliste professionnel.

Au même moment, un peu plus bas, Froome a définitivement confirmé sa mainmise sur cette Vuelta en lâchant un peu plus tôt au plus fort de la pente son dauphin Vincenzo Nibali (Bahreïn), diminué par une chute dans l'ultime descente.

Sauf accident, le Britannique, maillot rouge depuis la 3e étape, devrait donc remporter dimanche sa première Vuelta après avoir échoué trois fois à la deuxième place (2011, 2014, 2016).

Avec ce triomphe, le quadruple vainqueur du Tour de France va entrer dans la légende du cyclisme en devenant le troisième coureur à gagner la même saison le Tour et la Vuelta après les Français Jacques Anquetil (1963) et Bernard Hinault (1978). « Froomey » est le premier à y parvenir dans cet ordre-là, sachant que la Vuelta se disputait au printemps jusqu'en 1995.

C'est une belle consécration pour le longiligne leader de l'équipe Sky, qui a toujours nourri une tendresse particulière pour l'épreuve espagnole où il s'était révélé en 2011. Et c'est une manière pour lui d'épaissir un peu son palmarès en rejetant l'idée qu'il n'est qu'un coureur programmé pour briller en juillet.

Revêtu de rouge, Froome va pouvoir savourer dimanche les 117,6 km de la 21e et dernière étape, traditionnelle parade dédiée aux sprinteurs dans les rues de Madrid. Et Contador, Madrilène pur jus, pourra communier avec son public, une dernière fois.

Une étape difficile, selon Hugo Houle

Hugo Houle était bien heureux de rallier l’arrivée de la 20e étape du Tour d’Espagne. Le Québécois a fini 128e de cette course de 117,5 kilomètres, entre Corvera de Asturias et Alto de L’Angliru, considérée comme une des plus éprouvantes de cette compétition du World Tour masculin.

« Contador a gagné la dernière course de sa carrière si on veut, il prend sa retraite après ça. Ça finit bien pour lui. C’était vraiment impressionnant l’ambiance qu’il y avait dans la dernière montée avec les Espagnols qui étaient présents. C’était aussi encourageant pour nous pour ce col qui avait des passages très difficiles », a commenté Houle.

L’athlète de Sainte-Perpétue a quant à lui accusé un retard de 25 minutes 6 secondes sur l’homme du jour lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée en solitaire. Le Français Romain Bardet a réalisé le meilleur résultat de son équipe avec une neuvième place.

« C’était une des étapes les plus difficiles avec la montée à la fin qui a 26 % d’inclinaison. Nous avons eu beaucoup de pluie aussi, ce qui faisait que c’était assez dangereux dans les descentes. Je suis bien content d’avoir passé au travers ! a ajouté le cycliste de 26 ans. L’échappée s’est formée tôt en début de course. Nous avions Bardet dedans, mais il s’est fait rattraper dans la montée finale à environ deux ou trois kilomètres de l’arrivée. »

Pour ce qui est du Gatinois d’adoption Michael Woods (Cannondale-Drapac), il pointe en 10e place en solo avec un retard de 1 minute 36 secondes.

Au classement général, Woods détient toujours le septième échelon provisoire à 8 minutes 16 secondes du meneur Froome. Ce dernier a une avance de 2 minutes 15 secondes sur l’Italien Vincenzo Nibali (Bahrain Merida), deuxième. Houle (+4 heures 2 minutes 26 secondes) est descendu au 117e rang.

La 21e et dernière étape du Tour d’Espagne sera présentée dimanche. Les cyclistes partiront d’Arroyomolinos et se rendront à Madrid, pour un total de 117,6 kilomètres.

« La forme est toujours présente, mais comme tout le monde, c’est sur que je commence à être fatigué. Le Tour a été difficile. C’est bien que ça se termine demain, je vais pouvoir me reposer un peu et refaire le plein d’énergie. Dimanche, c’est plus une formalité. Ça devrait être une arrivée au sprint à Madrid. Nous pouvons presque dire mission accomplie ! » a conclu Hugo Houle.