ROCHE-LA-MOLIÈRE, France – Deux ans après son grave accident du Dauphiné, Chris Froome peine encore et toujours dans sa tentative courageuse et désespérée pour recoller au peloton des meilleurs.

Le contre-la-montre du Dauphiné, pourtant limité à 16,4 kilomètres, a cruellement accusé le gouffre qui le sépare des premiers de la classe. Le quadruple vainqueur du Tour de France a été doublé impitoyablement par l'Allemand Nils Politt parti une minute derrière lui et a rallié l'arrivée à Roche-la-Molière attardé pour prendre finalement la... 93e place de l'étape.

Deux fois médaillé de bronze aux Jeux olympiques (2012, 2016) dans l'exercice du contre-la-montre, le Britannique a mesuré une nouvelle fois l'écart qui lui reste à combler. Mais, à 36 ans, le temps est compté pour celui qui a quitté à la fin de l'année dernière l'équipe Ineos pour signer un contrat en or massif, pour un salaire annuel estimé à 4 ou 5 millions d'euros, en faveur de l'équipe Israël SN.

« J'ai dû surmonter beaucoup d'obstacles depuis mes débuts cyclistes au Kenya. Il me plaît de penser qu'aucun de ces obstacles ne m'a brisé dans mon élan. J'ai continué à rester fidèle à moi-même, accrocheur, par amour réel et profond pour mon sport », assurait-il voici quelques semaines dans un entretien-bilan publié par Vélo Mag, comme une réponse indirecte à ceux qui s'étonnent de le voir galérer au fil des courses, loin de son niveau antérieur.

Un faux anonymat

Les blessures sans nombre de sa chute des environs de Roanne, à faible distance du contre-la-montre du Dauphiné 2021, ont entraîné une interminable convalescence pour récupérer le plein usage de la hanche et de la jambe droite (fracture ouverte du fémur).

« Cela a été mon plus grave accident mais il résume toute l'histoire de ma carrière, qui est tout sauf un long fleuve tranquille », expliquait-il. « Et en même temps, j'adore absolument tout dans ce sport. C'est brutal. C'est dur à tous points de vue mais c'est ce qui me fait me lever tous les matins. »

« Je peux arrêter ma carrière à l'instant et apprécier la belle vie avec ma famille. Mais je ne suis pas revenu d'aussi loin juste pour me dire que j'ai réussi à recourir après l'accident », ajoutait-il.

S'il a renoncé implicitement à son ambition de gagner une cinquième fois cet été le Tour de France, d'égaler le record des victoires d'un quatuor de champions (Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain), il poursuit sa quête et veut voir les progrès d'un mois à l'autre.

« Petit à petit, je reviens », affirmait-il au début d'une épreuve qu'il court en tant qu'équipier pour le Belge Ben Hermans. Dans un faux anonymat tant il est vrai qu'un quadruple vainqueur du Tour de France ne peut pas redevenir un coureur lambda tel qu'il était au départ de son premier Tour. C'était en 2008, à Brest, ville-départ de la prochaine édition le 26 juin.