Touché au coeur pour la deuxième fois en 24 heures, le cyclisme belge éprouve une terrible semaine après la mort lundi soir à Ajaccio de Daan Myngheer, victime d'un infarctus à l'âge de 22 ans.

« Un très triste week-end pour le monde du cyclisme », a résumé le Suisse Fabian Cancellara, l'un des nombreux coureurs à associer dans son hommage Daan Myngheer et Antoine Demoitié, décédé dimanche soir à Lille après avoir été percuté par une moto pendant la classique Gand-Wevelgem.

Les deux coureurs avaient le même préparateur physique, Kristof De Kegel, qui a réagi avec accablement.

« Les dieux du vélo sont trop durs! Je perds deux grands talents mais surtout deux personnes très chaleureuses. »

Depuis son arrêt cardiaque survenu samedi matin sur les routes de la première étape du Critérium international à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), Myngheer était dans un état très critique, quasi désespéré. Sa famille, arrivée en urgence dimanche matin, est restée auprès de lui avant l'issue fatale. Les organes vitaux avaient été touchés.

« C'est avec une grande émotion que nous vous faisons part du décès de Daan. Il a perdu sa dernière course après avoir lutté comme un grand champion. Il est décédé ce lundi à 19 h 08, en présence de ses parents, de sa soeur et de sa compagne, à l'hôpital d'Ajaccio », a indiqué son équipe, la formation Roubaix Métropole Lille (3e division).

À cause d'un infarctus

Dans sa tragique trajectoire parallèle avec Antoine Demoitié, dont le geste a permis de sauver trois vies selon les médias belges, Daan Myngheer a fait lui aussi don de ses organes selon les précisions de son équipe.

Mais le cas du jeune coureur belge, qui était passé professionnel au début de l'année 2015 (chez Verandas Willems), diffère totalement de celui de son compatriote, victime d'un accident en course.

Selon les témoignages recueillis sur place, Myngheer s'est senti suffisamment mal pour descendre de vélo après plus d'une heure de course.

« Daan n'arrivait pas à bien respirer. Il s'est mis sur le côté et transpirait beaucoup. Les médecins de course ont de suite vu que c'était grave. Nous devons remercier les organisateurs pour la rapidité de l'intervention. Daan était conscient quand il est monté dans l'ambulance », a expliqué le gérant de l'équipe nordiste, Daniel Verbrackel.

C'est là, dans un véhicule équipé, que le jeune coureur a fait un infarctus. Des soins d'urgence lui ont été prodigués pendant une quarantaine de minutes pour stabiliser son état et le transporter à la Polyclinique de Porto-Vecchio avant qu'il soit évacué par hélicoptère à Ajaccio.

Des précédents

Champion de Belgique juniors 2011, le Flamand n'avait encore enlevé aucun succès dans le peloton professionnel. Un premier malaise fait en 2014 l'avait amené à passer d'autres examens qui n'avaient révélé aucune anomalie.

« À son arrivée chez nous, il a été soigneusement examiné d'un point de vue médical. Il n'y avait rien d'anormal, rien à craindre. L'an passé, il n'a eu aucun souci (de santé) », a déclaré Ivan De Schampelaer, le gérant de la formation Verandas Willems, à la TV flamande Sporza.

Le règlement prévoit que les coureurs cyclistes professionnels doivent passer des examens cardiaques avant d'obtenir leur licence. Des anomalies peuvent être dépistées à partir de ces tests.

En début de saison, le Belge Johan Vansummeren, vainqueur de Paris-Roubaix en 2011, a été mis à l'arrêt de toute compétition par son équipe AG2R La Mondiale « dans le but de protéger sa santé et de réaliser de nouveaux examens ». Vansummeren, âgé de 35 ans, court dans le peloton professionnel depuis 2004.

S'ils se produisent très rarement dans le peloton professionnel, le plus surveillé médicalement, quelques cas de décès dus à des problèmes cardiaques existent.

Le Belge Frederiek Nolf est mort en février 2009 dans sa chambre d'hôtel du Tour du Qatar. Il était âgé de 21 ans. Cet accident faisait écho au décès du jeune coureur français Fabrice Salanson victime à 23 ans d'un arrêt cardiaque pendant son sommeil en 2003 alors qu'il était engagé sur le Tour d'Allemagne.