Johan Bruyneel, ancien directeur sportif de Lance Armstrong, suspendu à vie
Cyclisme jeudi, 25 oct. 2018. 07:38 vendredi, 13 déc. 2024. 15:59PARIS – Le Belge Johan Bruyneel, ex-directeur sportif de la star déchue du cyclisme Lance Armstrong, a écopé mercredi d'une suspension à vie de toute activité sportive par le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour son rôle dans le système de dopage mis en place autour de l'ancien meneur des équipes US Postal et Discovery Channel.
Bruyneel, complice d'Armstrong lorsque l'Américain a remporté ses sept victoires consécutives dans le Tour de France (1999-2005) qui lui ont été retirées après sa chute pour dopage, avait écopé en 2012 d'une suspension de dix ans par l'Association américaine d'arbitrage qui prononce les sanctions dans les affaires de dopage.
L'Agence mondiale antidopage avait fait appel de cette sanction et réclamait une suspension à vie.
Dans son jugement, le TAS indique que « il ne voyait aucune raison pour laquelle cette sanction (à vie) ne soit pas prononcée dans cette affaire en raison de l'implication active de M. Bruyneel dans le dopage systématique dans le cyclisme sur plusieurs années ».
Le TAS a également accru les sanctions visant deux complices espagnols de Bruyneel et d'Armstrong, un médecin Pedro Celaya Lemaza, et un soigneur, Pepe Marti, respectivement suspendus à vie et pour quinze ans.
Dans une lettre ouverte publiée sur son compte Twitter, Bruyneel a « reconnu et complètement accepté les nombreuses erreurs faites dans le passé ».
Open Letter From Johan Bruyneel pic.twitter.com/BvJDARqCYP
— Johan Bruyneel (@JohanBruyneel) 24 octobre 2018
« Il y a beaucoup de choses que j'aimerais avoir fait différemment et il y a certains actes que je regrette profondément. La période que j'ai vécue comme coureur puis comme directeur sportif était très différente de ce qui se passe maintenant », a-t-il expliqué.
« Aider mon sport »
« Nous étions tous des enfants de notre époque face aux pièges et tentations qui faisaient partie de la culture de ce temps-là, nous ne prenions pas toujours les bonnes décisions », s'est défendu Bruyneel, âgé de 54 ans.
Celui qui a remporté durant sa carrière de coureur, sous la conduite du sulfureux Manolo Saiz deux étapes dans le Tour de France et a porté pendant une journée le célèbre maillot jaune, a toutefois tenu à régler ses comptes avec l'USADA, l'agence américaine antidopage qui l'a fait tomber avec Armstrong en 2012.
« En dépit de la décision du TAS, je maintiens avec vigueur ma position selon laquelle l'USADA n'a aucune autorité légale sur moi (...) et de fait n'a aucun pouvoir pour lancer une procédure contre moi et par conséquent ne peut pas me suspendre », a-t-il estimé.
Et Bruyneel de conclure de façon incompréhensible au regard de sa suspension : « Mon but et mon désir restent toujours de contribuer et d'aider mon sport à grandir et de le rendre meilleur dans les années à venir ».
L'AMA a salué par la voix de son directeur général Olivier Niggli la décision du TAS : « Les sanctions prononcées par l'AAA n'étaient pas assez fortes et nous réclamions plus au nom du sport propre et pour protéger le cyclisme ».
Le patron de l'USADA Travis Tygart, à l'origine de la chute du système Armstrong, a rappelé qu'il avait fallu « faire des efforts difficiles pour que la vérité éclate totalement ».
« Notre rôle est de rechercher la justice même quand la route est longue et exposée aux vents, car c'est exactement ce que les sportifs propres attendent de nous et méritent », a-t-il noté, tout en regrettant que Bruyneel et ses complices « avaient tiré toutes les ficelles possibles pour éviter la vérité ».
« C'est encore un exemple puissant qui montre qu'il est important de respecter les règles et que le dopage n'est jamais justifié et toujours inexcusable », a conclu Tygart.