Le Tour de France s'élance de Florence sous un soleil de plomb
FLORENCE, Italie – La 111e édition du Tour de France s'est élancée samedi à midi sous des températures caniculaires à Florence, berceau de la Renaissance, avec Tadej Pogacar comme grand favori pour réaliser un doublé Giro-Tour inédit depuis 1998.
Sous un soleil de plomb, le peloton a pris le départ fictif à 12 h pour effectuer d'abord un long défilé de quarante minutes dans la magnifique cité toscane, traversée du Ponte Vecchio comprise, avant de prendre le départ réel et se diriger vers Rimini, arrivée de la première étape.
Cette première journée, très difficile avec sept ascensions répertoriées, pourrait déjà créer des surprises et des défaillances, surtout qu'on annonce jusqu'à 35 degrés à l'ombre.
Premier départ d'Italie, arrivée inédite à Nice le 21 juillet en raison des Jeux olympiques à Paris après près de 3500 km d'exploits et de souffrances : l'édition 2024 de la Grande Boucle est historique à plusieurs égards.
Placé au coeur d'un agenda sportif chargé avec l'Euro de foot et la perspective des JO, le Tour intervient aussi dans un contexte politique très particulier avec des élections qui pourraient transformer durablement le visage de la France.
« On s'adaptera », a déclaré vendredi son patron, Christian Prudhomme, interrogé sur la crainte face à d'éventuels débordements à l'issue du second tour des législatives le 7 juillet, alors que l'extrême droite était largement en tête dans les derniers sondages.
Le peloton sera de retour en France mardi, après trois étapes et demie en Italie qui pourraient déjà causer de sacrés dégâts.
Malgré un récent COVID, autre source de préoccupation, Tadej Pogacar pourrait frapper d'entrée un gros coup afin de profiter de l'état de forme incertain de Vingegaard.
Vingegaard dans l'inconnu
Le double vainqueur sortant revient seulement à la compétition après trois mois à panser ses plaies suite à une lourde chute au Tour du Pays Basque.
Vainqueur en 2020 et 2021, Pogacar rêve de reprendre sa couronne et devenir le huitième coureur à gagner le Giro et le Tour la même année. Le dernier à avoir réussi cet exploit, en 1998, est Marco Pantani, mort il y a vingt ans pile d'une overdose à Rimini, arrivée de la première étape.
« Je suis prêt », a souligné le chef de bande d'UAE qui est à la tête d'une équipe qu'il qualifie lui-même d'« effrayante », tellement elle regorge de coureurs pouvant être meneurs dans n'importe quelle autre formation.
Si « Pogi » rayonne, ses rivaux tâtonnent.
Les trois autres « fantastiques », Vingegaard, Primoz Roglic et Remco Evenepoel, ont tous été emportés dans la même chute collective début avril au Tour du Pays basque.
Le plus durement touché à été Vingegaard qui ne sait lui-même pas à quoi s'attendre après douze jours d'hospitalisation en avril pour des fractures et un pneumothorax, et près de trois mois sans courir, « les plus difficiles de ma carrière ».
Le Galibier dès mardi
Roglic, le moins touché, semble le plus prêt et vient de gagner le Dauphiné.
Quant à Evenepoel, victime de fractures à l'omoplate et à la clavicule, il formule des objectifs inhabituellement prudents : « une victoire d'étape et le meilleur classement général possible ».
Outre les quatre cadors, le plateau est très riche avec aussi les présences de Mathieu van der Poel, Wout Van Aert et deux autres anciens vainqueurs, Geraint Thomas et Egan Bernal, dont on suivra la progression avec curiosité, deux ans après le dramatique accident qui a failli lui coûter la vie.
À casting exceptionnel, décor exceptionnel. Pour un premier départ d'Italie, le Tour aurait difficilement pu trouver un cadre plus enchanteur que la ville des Medicis, Boticelli, Machiavel et Donatello.
Pour son retour en France, le peloton devra gravir le Galibier dès le quatrième jour, avant un premier contre-la-montre vendredi et la redoutée étape des chemins blancs de Troyes dimanche 7 juillet.
La Grande Boucle passera ensuite par les monts du Cantal, où Romain Bardet, pour son dernier Tour, voudra viser la gagne. Puis les Pyrénées avec le vénérable Tourmalet. Avant un final dans les Alpes du Sud, où on montera très haut (cime de la Bonnette à 2802 m) et un ultime chrono à Nice le dimanche 21 juillet, trente-cinq ans après le légendaire duel Fignon-Lemond sur les Champs-Elysées.