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Nickolas Zukowsky sur la grande scène pour une première fois

Nickolas Zukowsky Nickolas Zukowsky - Getty
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Mise à jour

Nickolas Zukowsky ne sera pas encore au sommet de sa forme lorsqu'il s'élancera à son premier Tour des Flandres, dimanche, sauf que cela ne teintera pas son bonheur de se retrouver dans le peloton de la 107e édition de ce qui est le deuxième monument de la saison en cyclisme sur route.

Après trois saisons dans l'équipe américaine Human Powered Health, l'athlète a migré au sein de la toute nouvelle équipe suisse Q36.5 Pro Cycling Team. Le natif de Sainte-Lucie-des-Laurentides demeure donc dans une formation de niveau Pro Team, mais faire partie d'une équipe européenne ouvre davantage de portes aux épreuves de ce continent qu'à l'époque où il portait les couleurs de celle basée aux États-Unis.

Quand on l'entend parler des Classiques, on note que le ton de sa voix devient plus joyeux, même si, au moment de l'entrevue, vendredi dernier, il venait de passer cinq heures sur le vélo à la Classique E3 Saxo dans la pluie et le froid belge.

Une façon pour lui de prendre la température de l'eau pour une première fois, au sens propre, comme au figuré, sur les pavés et bergs belges.

« J'ai la chance de faire toutes ces grosses courses-là. C'est complètement fou et en comparaison avec d'autres coureurs, ça ne fait pas si longtemps que je fais du vélo (de route). Je n'ai pas écouté le Tour de France quand j'étais jeune, mais depuis que j'ai commencé le sport, je regarde le Tour des Flandres et Paris-Roubaix et je rêve un peu de les faire. Et là, ça s'en vient ! »

Le début de saison de Zukowsky a été mis sur pause en raison d'un virus contracté après son passage au Tour de l'Arabie saoudite. Conséquemment, c'est à l'arrêt qu'il a passé le mois de février, alors qu'il aurait dû accumuler les heures en selle par dizaines. Les résultats des prises de sang indiquaient que son corps combattait un virus, mais les médecins n'ont pas été en mesure de l'identifier.

« Ça m'a vraiment mis sur le carreau pendant deux semaines. J'étais complètement à terre et revenir de ça, c'est un méchant processus. Je suis choyé, mon équipe est très professionnelle et elle m'encadre super bien. »

Car il était là le piège pour le coureur de 24 ans : précipiter son retour en course afin de faire ses preuves aux yeux de ses nouveaux employeurs, mais avec le risque de retomber malade s'il en donne trop et trop vite. Dans un sport où la saison s'étale de janvier à octobre, une certaine prudence est de mise.

Cela n'a toutefois pas empêché l'athlète de faire partie de l'échappée-fleuve de la course À travers la Flandre, mercredi. Il a fini par se faire décrocher du groupe après avoir tenu le coup pendant une centaine de kilomètres.

« Ma philosophie est que ce n'est pas parce que je ne me sens pas à mon meilleur que je ne peux pas donner mon meilleur de la journée. […] Ce n'est jamais le fun d'être le clou. Tu veux plus être le marteau dans des situations comme ça. Et ces temps-ci, je suis plus le clou chaque jour. »

La meilleure alliée

La personne probablement la mieux placée pour comprendre ce que c'est que d'être un clou, c'est sa copine Simone Boilard, cycliste professionnelle qui a elle aussi connu son lot d'ennuis de santé au fil des ans.

La coureuse de la formation française St-Michel – Mavic-Auber93 avait décroché le bronze à la course sur route des Championnats du monde juniors de 2018 pour ensuite voir sa carrière sportive être mise en veilleuse à la suite d'une succession de problèmes de santé. Son retour dans le peloton professionnel l'an dernier s'est bien déroulé et, même si elle aurait pu être promue au niveau World Team, elle a fait le choix de rester dans son équipe de niveau continental afin de ne pas brûler les étapes.

Zukowsky est admiratif lorsqu'on lui demande de parler de ce que sa conjointe a surmonté.

« On est tellement chanceux de s'avoir l'un et l'autre ! Nous sommes loin de la famille et des amis que nous avons au Québec. Ce n'est pas toujours facile, mais en étant ensemble, ce l'est tellement plus, constate-t-il. Elle, elle l'a définitivement eu plus dur dans sa jeune carrière et je l'ai aidée du mieux que j'ai pu. Ces temps-ci, c'était moins facile (pour moi) et elle était là pour m'aider. Je me compte extrêmement chanceux ! »

L'élève modèle

Âgé d'une dizaine d'années, Zukowsky a d'abord fait ses classes cyclistes dans les sentiers de vélo de montagne. Son ancien entraîneur au Club des 2 Vals, Serge Desrosiers, l'a supervisé au tournant des années 2010 dans les Laurentides.

« Nick, c'était un élève modèle. Il mettait beaucoup d'emphase sur le processus et sur sa progression personnelle, beaucoup plus que sur les résultats », rappelle celui qui a été à la tête de l'équipe du Québec de vélo de montagne jusqu'à l'été dernier et qui n'est pas surpris de voir que son ancien protégé sera au départ du Tour des Flandres dimanche.

« Les athlètes qui ont une bonne attitude sont capables de mieux gérer les choses et les faire pour les bonnes raisons. [...] Nickolas a toujours eu les pieds sur terre. Tout le temps. Il était à l'écoute et analytique. Être athlète, c'est un tout : il faut du talent, une tête, de l'attitude, de la persévérance et de la résilience. Et Nick, il a toujours été résilient et patient. »

Pour demeurer dans la thématique scolaire, les courses des deux prochaines semaines s'annoncent davantage comme des cours plutôt que des examens pour Nickolas Zukowsky. Il devra apprendre à bien se positionner dans le peloton avant les secteurs clés, encaisser les efforts violents dans les montées où l'adhérence n'est pas optimale et rouler à haute vitesse de façon détendue sur les pavés.

Le cycliste en est bien conscient.

« C'est tellement une expérience importante pour les années à venir. »